L’ancien président de la Commission électorale nationale indépendante de la RDC, Corneille Nangaa, à Kinshasa, en décembre 2018. LUIS TATO / AFP
Jugés par contumace, les plus connus des accusés n’étaient pas présents à l’ouverture de l’audience mercredi 24 juillet, à Kinshasa, mais cela n’a pas empêché le ministre congolais de la justice, Constant Mutamba, venu spécialement sur place. , de qualifier ce procès d’« historique ».
Au total, vingt-cinq personnes sont poursuivies pour « des activités terroristes, crimes de guerre et haute trahison perpétrés dans la partie est de la République démocratique du Congo (RDC) », dont Corneille Nangaa, le chef politique de l’Alliance du fleuve Congo (AFC), nouvelle coalition formée avec le Mouvement du 23 mars (M23), en guerre contre le gouvernement dans l’est de la RDC.
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Aux côtés de l’ancien président de la Commission électorale, les chefs militaires et politiques du M23, Sultani Makenga et Bertrand Bisimwa, ainsi que ses porte-parole Willy Ngoma et Lawrence Kanyuka sont jugés par contumace. En tenue bleu nuit et jaune, seuls cinq accusés sont apparus devant les magistrats, selon les images diffusées par la télévision nationale.
Deux ans et demi après le début de la reprise des combats par le M23 et alors que l’armée régulière perd du terrain face aux rebelles soutenus par le Rwanda, la retransmission en direct de l’ouverture de ce procès hors normes signe son importance symbolique aux yeux du gouvernement congolais.
Dans le Nord-Kivu en treillis militaire
Pour Kinshasa, la justice est une nouvelle arme face au mouvement politico-militaire qui a promis de renverser Félix Tshisekedi, alors que rien ne lui a permis de reprendre le dessus pour l’instant, ni le déployer en nombre de soldats, ni celui de forces régionales (de la communauté est-africaine puis, désormais, de la SADC), ni les menaces verbales, ni les pressions diplomatiques.
L’annonce, en décembre 2023, depuis un hôtel de Nairobi au Kenya, de la création de l’AFC par Corneille Nangaa fut un nouveau coup dur. Jusque-là connu pour avoir été le patron de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), cet homme de 54 ans s’était rapproché de Félix Tshisekedi dont il passait être un conseiller officieux, depuis qu’il avait proclamé sa victoire à l’ élection présidentielle de 2018.
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Un résultat controversé et dont M. Nangaa a depuis assuré qu’il était le fruit d’un accord secret avec l’ancien président, Joseph Kabila – son rôle lui a valeur d’être sanctionné par le Trésor américain, pour corruption et entrave au processus électoral.
Les relations entre Félix Tshisekedi et Corneille Nangaa se sont peu à peu dégradées, avant de se rompre à cause de la mise en cause du second dans une malversation autour d’un accord minier. Disant « craindre pour sa sécurité », il a fui la RDC en avril 2023, avant de réapparaître en exil en décembre au Kenya, puis en treillis militaire et barbe de trois jours, en mars 2024, à Kiwanja, dans le Nord-Kivu, pour son premier meeting en tant que coordinateur de l’AFC. Il était entouré de trois figures de l’opposition, d’anciens responsables du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), le parti de l’ex-président Joseph Kabila.
Avancées significatives du M23
Le procès de Corneille Nangaa et des dirigeants du M23 commence alors que la rébellion a réalisé des avancées significatives ces dernières semaines, en s’emparant notamment de la ville stratégique de Kanyabayonga, située à une centaine de kilomètres de Goma, capitale provinciale du Nord- Kivu, le 29 juin. Depuis début juillet, un « calme précaire » règne, selon un des porte-parole de l’armée congolaise. Les Etats-Unis sont parvenus à imposer un « rêve humanitaire » jusqu’au 3 août, qui a permis jusqu’ici de diminuer l’intensité des combats.
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Parallèlement, en coulisses, des tentatives de négociations seraient menées. L’Ouganda a affirmé le 22 juillet accueillir des pourparlers de paix entre le gouvernement de la RDC et l’ALC, ce qu’a confirmé le mouvement rebelle, mais qui a été démenti par Kinshasa. « Aucune personne n’a été mandatée par le gouvernement pour une quelconque forme de discussion avec les terroristes du RDF (forces de défense rwandaises) M23 à Kampala », a déclaré sur le réseau social X le porte-parole du gouvernement et ministre de la communication de RDC, Patrick Muyaya.
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Les présidents congolais Félix Tshisekedi et rwandais Paul Kagame, désormais ennemis jurés, sont quant à eux attendus à Paris jeudi 25 juillet à l’occasion de l’ouverture des Jeux olympiques. Alors que leur dernière rencontre, à Addis-Abeba, en marge d’un sommet des dirigeants de l’Union africaine en février s’était terminée en « échange d’insultes », Emmanuel Macron pourrait-il tenter un rapprochement entre les deux hommes. ? En septembre 2023, le président français avait réussi, à la surprise générale, à réunir les deux hommes à New York, en marge de l’assemblée générale des Nations unies, sans toutefois que cette entrevue mène à des résultats sur le terrain.
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