Depuis 13 mois, l’extrême est de la République Démocratique du Congo, est le théâtre de combats meurtriers. Un nouveau massacre de civils en eu lieu fin novembre dans deux localités du Rutshuru au Nord Kivu, à trois heures de route du Rwanda. Au moins 131 civils ont été exécutés arbitrairement par balle ou à l’arme blanche, selon une première enquête de l’ONU qui accuse le M23. Ce mouvement rebelle soutenu par le Rwanda a repris les armes fin 2021 et conquis de larges portions du territoire au nord, dont Goma, la capitale provinciale du Nord Kivu. La population congolaise dit craindre pour la sécurité des populations au Kivu. Alors que 12 000 personnes sont déployées par l’ONU dans la région dans le cadre de la mission Monusco, une question hante les esprits : pourquoi la Monusco n’est-elle pas intervenue à Kishishe, le village dans lequel se déroulent les événements ? A quoi servent les casques bleus en RDC ?
M23 et Monusco
Le village de Kishishe n’est pas accessible aux ONG et à la Monusco car le M23 contrôle la zone située entre la frontière avec le Rwanda et la ville de Goma, dont Kishishe fait partie. Cet espace immense qui représente environ ¼ de la surface de la France est non seulement occupée par le M23, mais aussi par 120 autres groupes armés.
« La Monusco est dans une situation d’impuissance face au M23 et face à tous les groupes armés au nord et au sud du Kivu. », résume Thierry Vircoulon.
La Monusco est la plus importante mission de maintien de la paix lancée par l’ONU. Elle mobilise 12 000 personnes et coûte un milliard de dollars par an.
Son objectif est de protéger les civils, mais est inefficace comme le prouve le massacre de Kishishe. « La présence de la mission crée un vide, vide dans lequel s’est engouffré le M23 car la Monusco est passive, inactive. » affirme l’expert.
L’armée congolaise aux effectifs importants se révèle tout aussi inefficace face au M23 que les casques bleus. Elle est mal organisée mais surtout gangrenée par la corruption devenue une « tradition dans l’armée congolaise ». Paradoxalement, certains officiers vendent leurs armes et munitions aux groupes armés qu’ils combattent et participent au trafic de minerais.
De l’inutilité des casques bleus
L’immobilisme des casques bleus en RDC trahit leur « capacité à stabiliser un conflit, mais leur impuissance à assurer la paix » ajoute Thierry Vircoulon. En 2012, lorsque le M23 a conquis Goma, l’humiliation est si grande que des puissances régionales comme l’Afrique du Sud, le Malawi ou la Tanzanie se joignent à l’ONU pour reprendre la ville. Une fois le M23 chassé, cette force doit éradiquer les autres groupes armés de la région, mais rien n’est fait et la volonté politique s’éteint. 10 ans après, le conflit persiste toujours. La France tente de jouer les médiateurs, sans succès.
Malgré le coût de la mission, les membres du conseil de sécurité de l’Onu ne veulent ni retirer la Monusco, pour ne pas risquer de réitérer l’erreur de 1994, lorsque le retrait des forces onusiennes au Rwanda a permis le génocide des Hutus , « ni prendre le risque que la Monusco agisse. ». « La Bureaucratie onusienne à intériorisé son inefficacité ». Statu quo ?
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