Alors que les églises avaient programmé messes, cultes d’action de grâce et veillées de prière pour le réveillon du Nouvel An, tout a été annulé à la dernière minute. La raison : la confirmation, dimanche 31 décembre à 14 heures, par la Commission électorale nationale indépendante, de la publication des résultats provisoires de l’élection présidentielle.
« Nous avons pris des précautions par rapport aux réactions des uns et des autres après la publication des résultats, d’où l’annulation de la messe d’action de grâce prévue à 17 h 30, qui devait être suivie d’une soirée de louange et d’action de grâce », explique le père Christian Ndoki, vicaire de la paroisse du Sacré-Cœur à Kinshasa.
De nombreux fidèles congolais habitués à célébrer la veille du Nouvel An dans leurs églises ont été contraints de rester chez eux pour suivre les résultats de la présidentielle, proclamés après des jours d’incertitude, et une tentative de marche de l’opposition pour l’ annulation des élections, dispersée par la police, le 27 décembre.
L’opposition rejette la réélection de Félix Tshisekedi
C’est donc dans le calme que les Congolais ont accueilli la nouvelle de la victoire de Félix Tshisekedi, donné vainqueur par les résultats provisoires de la Céni, la Commission électorale nationale indépendante, avec 73,34 %, devant Moïse Katumbi (18,08 %) et Martin Fayulu, 5,33 %. Depuis plusieurs jours déjà, sur les médias et réseaux sociaux, défilaient les résultats partiels compilés par la Ceni, selon laquelle le président Tshisekedi s’était progressivement imposé comme favori.
Si pour le député Bernard Kayumba, membre de l’Union sacrée de Félix Tshisekedi, « tout s’est passé dans la transparence », des candidats de l’opposition demandent l’annulation de ces élections au regard des irrégularités enregistrées pendant le processus électoral .
« Nous savons tous que Félix Tshisekedi ne peut en aucun cas gagner en RDC une élection organisée régulièrement », a déclaré au contraire Martin Fayulu, candidat à la présidence, dans un message à la nation le 1 janvier. L’opposant « rejette en bloc les simulacres des élections et les résultats farfelus de la Céni », et appelle le peuple à « manifester contre ce nouveau coup d’État exécuté par la Céni au profit de Tshisekedi Tshilombo ».
Des irrégularités susceptibles d’affecter l’intégrité des résultats
Dans son rapport préliminaire du 29 décembre, la Mission d’observation électorale des Églises catholiques et protestantes (MOE Cenco-Ecc), grâce au dispositif de comptage parallèle des voix qu’elle a mis en place, avait constaté « qu’un candidat s ‘est largement démarqué des autres avec plus de la moitié de suffrages à lui seul ». Cependant, elle a documenté de nombreux cas d’irrégularités susceptibles d’affecter l’intégrité des résultats de différents examens, à certains endroits.
La MOE Cenco-ECC avait invité la Ceni, la Cour constitutionnelle ainsi que d’autres cours et tribunaux habilités à tirer, en toute responsabilité, toutes les conséquences, avant de proclamer respectivement les résultats provisoires et définitifs de différents examens : « La prise en Le compte des irrégularités documentées par les instances ci-hautes citées constitue un gage pour l’acceptation des résultats par le public et pour garantir au mieux la paix, la cohésion et la stabilité en République démocratique du Congo. »
Lors de la messe de Noël, le cardinal Fridolin Ambongo, archevêque de Kinshasa, avait regretté des élections devenues « un gigantesque désordre organisé » : « Ce qui aurait dû être une grande célébration des valeurs démocratiques s’est vite transformée pour beaucoup en frustrations. »