En Centrafrique, l’usage du vélo est omniprésent chez les femmes de Bangassou à l’est dans la préfecture du Mbomou. Dans cette ville d’environ 30 000 habitants, la plupart des personnes du sexe féminin âgé entre 12 et 45 ans sont des utilisatrices de la petite reine. De l’aube au coucher du soleil, on ne s’étonne pas de les voir sur ces moteurs à deux roues portant de lourdes charges, allant aux champs ou aux marchés hebdomadaires. Les grandes artères de la ville et les pistes rurales offrent tous les jours des spectacles impressionnants de femmes qui se déplacent pour assumer leurs activités socioéconomiques. L’usage féminin du vélo est devenu une tradition locale, bien plus que dans le reste du pays.
« Apprends à ta fille comment pédaler avant de marcher », voilà un chant et une chorégraphie qui font la particularité de Bangassou. Très tôt ce matin, après avoir enfilé une culotte en pagne, un look lui permettant de mieux pédaler, Pélagie roule sur cette piste en latérite qui repose Bangassou au village de Niakari.
Grâce à son vélo, cette mère de huit enfants peut transporter plusieurs kilogrammes de marchandises. « Ce vélo me permet de ne pas trop sentir la distance de mon champ qui se trouve à 20 kilomètres. Au départ, je faisais les allers-retours à pied et je portais les produits champêtres sur la tête. C’est pour me faciliter la tâche que mon mari m’a offert ce vélo. Depuis dix ans, je transporte tous mes produits agricoles sur ce vélo », se réjouit-elle.
La bicyclette pratique sur les routes accidentées
À Bangassou, depuis le début des années 60, le vélo s’impose dans toutes les activités socioéconomiques des femmes. Angela est une griotte. Ces 20 dernières, elle va de village en village avec son vélo pour véhiculer des messages : « C’est surtout le moyen le mieux adapté pour atteindre les zones reculées, dépourvues de routes. En deux ou trois jours, je peux faire le tour de plusieurs villages pour annoncer les prochaines campagnes de vaccination, la rentrée scolaire, les élections malgré l’insécurité ».
À lire aussiQuels transports urbains pour des villes africaines de plus en plus étendues ?
La pratique du vélo est devenue une tradition pour les femmes de Bangassou. Parmi les utilisatrices, il y a également des vendeuses ambulantes et des élèves. Gaston est l’un des sages de Bangassou. « Le vélo permet aux femmes d’être aujourd’hui au cœur des activités socioéconomiques, explique-t-il. Chaque mari fait de son mieux pour offrir un vélo à son épouse. On préfère le vélo parce que ça coûte moins cher par rapport à un véhicule ou une motocyclette. »
Une pratique non sans risques
Cette valeur se transmet de génération en génération. Mais aujourd’hui, la pratique du vélo n’est pas sans conséquence chez certaines femmes. Ronelle en a fait les frais : « Parcourir des kilomètres à vélo augmente les douleurs musculaires. Une fois, je me suis fracturé la jambe gauche après un accident. C’est aussi pénible de faire du vélo… »
Si le vélo occupe une place importante dans la vie des femmes, il n’y a pas une usine de montage ou de fabrication de vélo à Bangassou. Ces deux roues sont importées de l’autre côté de la rive en République démocratique du Congo.
À lire aussiCyclisme : la Béninoise Hermione Ahouissou, du roller aux Mondiaux de cyclisme en trois ans