L’Éthiopie, en pleine transformation économique, se prépare à injecter des milliards de dollars pour moderniser ses infrastructures logistiques, un secteur stratégique pour renforcer ses échanges commerciaux. Selon le ministère éthiopien des Transports, un plan de financement de près de 2 milliards de dollars a été dévoilé pour soutenir divers projets à travers le pays, avec un accent particulier sur l’amélioration des chaînes d’approvisionnement dépendantes de l’Éthiopie aux pays côtiers. voisins comme Djibouti, le Kenya et le Soudan. Ce plan ambitieux s’inscrit dans une vision à long terme pour faire de l’Éthiopie un carrefour clé logistique en Afrique de l’Est.
Le ministère des Transports a récemment présenté une feuille de route évaluant à 2,6 milliards $ les investissements nécessaires pour combler les lacunes du secteur logistique. Cette feuille de route comprend une série de projets d’infrastructures, allant de la modernisation du chemin de fer à la construction de nouvelles lignes ferroviaires transfrontalières. L’objectif est clair : réduire la dépendance excessive de l’Éthiopie vis-à-vis du port de Djibouti, par lequel transitent environ 80 % des importations du pays, et diversifier les points d’entrée logistiques.
Parmi les projets majeurs figure la modernisation du chemin de fer de 752 km dépendant d’Addis-Abeba, la capitale, au port de Djibouti. Ce projet est un enjeu essentiel pour fluidifier les échanges commerciaux avec le principal port d’approvisionnement du pays. En parallèle, de nouvelles lignes ferroviaires sont prévues pour ouvrir des corridors vers d’autres ports stratégiques de la région. Parmi celles-ci, la ligne Dire Dawa – Harar – Jigjiga – Togochale – Berbera devrait offrir un accès direct au port de Berbera en Somalie. D’autres lignes sont également envisagées, notamment Aysha – Berbera et Woldiya – Wereta – Metemma – Gadarif – Port Soudan, qui connecteront l’Éthiopie au port de la mer Rouge au Soudan.
Ces projets permettront non seulement de diversifier les points d’accès de l’Éthiopie à l’extérieur, mais aussi de développer les régions intérieures en facilitant la circulation des marchandises. Le plan prévoit de nouvelles connexions ferroviaires transfrontalières. Une étude de faisabilité est en cours pour une ligne dépendant de Sebeta et Jimma à Boma en République démocratique du Congo (RDC). Cette extension pourrait ouvrir la voie à des échanges commerciaux avec l’Afrique centrale, renforçant encore l’influence régionale de l’Éthiopie. La construction de terminaux dans les ports secs est également prévue afin de fluidifier les opérations d’import-export à l’intérieur du pays.
Loin de se limiter aux infrastructures physiques, le plan du ministère des Transports inclut également des réformes institutionnelles, opérationnelles et réglementaires pour restructurer le secteur logistique. Ces réformes sont conçues pour améliorer l’efficacité du secteur et attirer davantage les investissements, locaux et internationaux. En libéralisant certaines activités logistiques et en simplifiant les procédures, l’Éthiopie espère créer un environnement favorable au développement du secteur privé et à l’optimisation de la chaîne d’approvisionnement.
Pour l’Éthiopie, enclavée et dépendante de ses voisins côtiers pour l’acheminement de ses marchandises, ce plan représente une avancée stratégique. Actuellement, Djibouti demeure l’élément central de son commerce international. Mais cette dépendance, bien qu’efficace, est perçue comme un frein à long terme à la croissance économique du pays.
Diversifier les routes commerciales est donc une priorité pour réduire les risques liés à une trop grande concentration des échanges sur une seule plateforme logistique. Le port de Berbera en Somalie et celui de Port Soudan sont ainsi vus comme des alternatives viables pour alléger cette dépendance. L’amélioration de l’accès à ces ports permettra également de relier les marchés locaux à ceux des autres pays africains, renforçant ainsi la position de l’Éthiopie dans les échanges intra-africains.