L’Afrique du Sud tremble… mais pas pour les raisons que vous croyez. Dans un élan d’auto-préservation presque touchant, Pretoria a décidé de sortir les griffes face à une menace existentielle : l’adhésion du Maroc aux BRICS.
Eh oui, le Royaume, cet intrépide concurrent économique, serait sur le point de voler la vedette à l’Afrique du Sud sur le continent. Il faut dire que Rabat, avec ses petites alliances par-ci par-là – comme avec la Chine, rien que ça – commence à gêner sérieusement Cyril Ramaphosa. Du coup, Pretoria tente de barricader l’entrée du club des BRICS avec autant d’ardeur qu’un videur zélé refusant l’accès à une soirée huppée. Et, tout cela, bien sûr, sous couvert d’une noble mission : protéger l’influence sud-africaine en Afrique. On applaudit l’effort… ou peut-être pas.
La stratégie de Pretoria : maintenir le contrôle sur l’Afrique
Le rideau se lève une fois de plus sur les tensions géopolitiques entre l’Afrique du Sud et le Maroc. Lors du sommet des BRICS qui se déroulent actuellement à Kazan, en Russie, l’Afrique du Sud, fidèle soutien du polisario, à mis cartes sur table en s’opposant fermement à une éventuelle adhésion du Royaume chérifien à l’alliance.
Cyril Ramaphosa et ses alliés de Pretoria ont fait de cette opposition une priorité, n’hésitant pas à affirmer publiquement qu’ils bloquaient toute tentative d’intégrer le Maroc au sein du groupe économique. Et pourquoi ? La crainte de voir Rabat gagner du terrain en Afrique et, plus encore, réduire l’influence de l’Afrique du Sud sur le continent.
Dans ses déclarations à Bloomberg, Pretoria a été on ne peut plus clair : il s’agit ici de protéger les intérêts sud-africains en Afrique. Cette posture reflète une inquiétude palpable quant à la montée en puissance du Maroc, devenu un acteur incontournable du continent. Que ce soit dans les secteurs des infrastructures, des télécommunications ou des énergies renouvelables, Rabat ne cesse de renforcer ses partenariats économiques avec plusieurs pays africains, dont le Nigeria, un grand partenaire désormais dans le viseur de l’Afrique du Sud.
Derrière ces déclarations, on perçoit une guerre d’influence entre deux visions : celle d’une Afrique du Sud cherchant à s’ériger en leader incontesté du continent, et celle d’un Maroc qui ne cesse de gravir les échelons de l’intégration africaine, y compris dans les forums internationaux. Les BRICS, qui regroupent déjà des puissances économiques émergentes telles que la Chine, l’Inde et le Brésil, sont devenus un terrain de confrontation ouvert où Pretoria joue sa carte de leader régional.
L’Afrique du Sud dicte ses règles, la Chine soutient le Maroc
La position sud-africaine tranche avec celle de Pékin. En septembre, la Chine avait invité le Maroc à participer au Forum 2024 des BRICS sur le partenariat pour la nouvelle révolution industrielle, confirmant ainsi l’intérêt de l’empire du Milieu pour intégrer le Royaume dans ses projets de coopération internationale. Cette participation, certes symbolique, a renforcé la stature du Maroc comme acteur économique clé, en dépit des réticences sud-africaines.
Rabat était alors représenté par le ministre de l’Industrie et du Commerce, Riad Mezzour, soulignant une fois de plus les liens économiques solides entre le Maroc et la Chine. Mais, cette dynamique ne fait que rendre Pretoria plus nette, qui voit dans chaque avancée marocaine une menace directe à son hégémonie sur le continent.
Ce nouvel épisode s’inscrit dans un contexte de rivalités anciennes. Il ya tout juste dix mois, l’Afrique du Sud essuyait un revers cuisant lorsque son candidat à la présidence du Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU était battu par le représentant marocain. Cet échec a laissé un goût américain à Pretoria, qui semble déterminé à prendre sa revanche sur la scène internationale, peu importe le moyen ou l’occasion.
Dans ce jeu de pouvoir, l’Afrique du Sud tente de galvaniser ses alliés au sein des BRICS pour faire bloc contre le Maroc. Pourtant, ce positionnement pourrait se retourner contre elle. La montée en puissance du Royaume sur le continent est indéniable, et ses alliances avec des géants comme la Chine, mais également l’Inde, risquent d’inciter les BRICS à revoir leurs cartes.
Une opposition qui montre ses limites
Si l’Afrique du Sud pense jouer les gardiens du temple en Afrique, elle sous-estime peut-être la résilience du Maroc. L’expansion économique et diplomatique du Royaume ne peut être ignorée. Et, si les BRICS visent à se renforcer, ils pourraient voir en Rabat un allié plus qu’un rival. Quant à Pretoria, cette posture intransigeante pourrait l’isoler au sein même de l’alliance qu’elle cherche à protéger.
Ainsi, alors que les deux géants africains continuent de s’affronter sur la scène internationale, l’avenir des BRICS pourrait bien dépendre de la capacité des membres à concilier leurs intérêts respectifs, sans céder à des jeux d’influence dépassés.