La société nationale des mines, Gécamines, a transmis une offre de rachat pour posséder un important projet de cuivre-cobalt convoité par des groupes chinois. Selon Bloomberg, cette opération intervient en pleine montée en puissance de la compagnie congolaise, qui renforce depuis quelques mois sa position dans les métaux stratégiques
Parmi les principaux producteurs mondiaux de cuivre et de cobalt dans les années 80, la Gécamines veut retrouver sa place de géant mondial.
La nouvelle offre de rachat de la Gécamines porte sur les actifs de la société Chemaf Resources qui pilote en RDC le projet Mutoshi et y planifie depuis 2018 un complexe capable de livrer 16 000 tonnes de cobalt et 50 000 tonnes de cuivre par an. Face aux difficultés financières pour achever le projet, Chemaf a annoncé en juin dernier un accord pour céder l’entreprise et toutes ses filiales, y compris Mutoshi, au Chinois Norin Mining. Opposée à cette transaction, la Gécamines a exercé son droit de préemption en juillet, soutenu ensuite par le gouvernement.
Il faut dire que le permis d’exploitation minière du projet Mutoshi appartient en réalité à la compagnie congolaise, qui en a cédé le contrôle à Chemaf en 2015, pour un bail d’une durée de 25 ans. La Gécamines dispose à cet effet d’un « droit discrétionnaire d’approbation préalable » dont n’aurait pas tenu compte Chemaf avant de conclure la cession du projet. Après avoir obtenu l’annulation du deal avec Norin Mining, la Gécamines cherche donc désormais à reprendre la main sur le projet et sur les dizaines de licences de cuivre et de cobalt en attente d’être mises en valeur dans le portefeuille de Chemaf.
Pour l’instant, les détails de l’offre transmise à Chemaf sont inconnus et la réussite du projet reste incertaine. Il faut néanmoins indiquer qu’elle intervient dans un contexte où Kinshasa affiche sa volonté de diversifier ses partenariats dans les minéraux stratégiques, dominés par des entreprises chinoises ou à capitaux chinois.
Dans une interview en octobre 2024, le ministre congolais des Mines Kizito Pakabomba a indiqué que la RDC courtise actuellement de nouveaux investisseurs, y compris les Emirats arabes unis. La RDC veut « attirer de meilleurs investisseurs, plus d’investisseurs et des investisseurs diversifiés », rapporte Bloomberg. La plupart des mines de cuivre et de cobalt du pays sont en effet contrôlés par des sociétés chinoises ou liées à des intérêts chinois.
La Gécamines a commencé par renégocier certains accords qui la lient aux entreprises chinoises.
Les efforts du gouvernement congolais interviennent à un moment stratégique, car le pays tient plus que jamais l’attention des investisseurs et des Etats pour son potentiel en cuivre, cobalt, lithium, autant de métaux essentiels à la transition énergétique. Pour autant, il doit éviter les écueils du passé. Ces erreurs qui comprennent des problèmes de gestion, des accords jugés défavorables à la RDC, la corruption ou encore des différends judiciaires avec les investisseurs étrangers ont contribué à marginaliser la Gécamines au fil des années.
Par AJ.S, Comité Éditorial
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