Depuis que le Maroc a rejoint en 2017 l’initiative chinoise des Nouvelles routes de la soie, les relations entre les deux pays n’ont pas cessé de se renforcer, notamment dans les domaines des infrastructures, du commerce et des énergies renouvelables. L’attrait chinois pour le Maroc est donc indéniable, offrant à Pékin un pont vers l’Europe tout en réinventant ses partenariats stratégiques en Afrique.
Les Nouvelles routes de la soie ont permis une augmentation massive des investissements chinois au Maroc. Les projets chinois touchent aux infrastructures, aux ports, aux zones industrielles et aux transports. Cette montée en puissance se reflète également dans le commerce : la Chine est désormais le troisième partenaire commercial du Maroc, avec des échanges qui augmentent chaque année, notamment dans le textile et l’électronique.
Pour le Maroc, les opportunités d’exportation vers la Chine sont également intéressantes, avec des produits comme les phosphates et l’agriculture. Les ambitions chinoises ne s’arrêtent pas là : le secteur des énergies renouvelables attire également Pékin. La Chine s’investit dans des projets solaires et éoliens, contribuant à des projets majeurs comme la centrale solaire Noor, une vision qui partage les deux pays dans leur volonté d’un avenir énergétique plus vert.
Défis à relever
Les échanges entre le Maroc et la Chine sont en forte hausse, mais le déséquilibre commercial inquiète. Le Maroc importe beaucoup plus qu’il n’exporte vers la Chine, ce qui pourrait créer une dépendance économique sur le long terme.
De plus, les produits chinois, souvent moins chers que les produits locaux, mettent les fabricants marocains sous pression. Les petites entreprises marocaines peinent à faire face à cette concurrence, ce qui pourrait entraîner des pertes d’emplois et fragiliser l’économie locale.
Porte vers l’Union européenne
Le Maroc occupe une position géographique stratégique, tout proche de l’Espagne et de la France. Avec le détroit de Gibraltar qui s’ouvre directement sur les ports européens, le pays devient un hub logistique idéal pour exporter vers l’Union européenne.
Cela est particulièrement attractif pour les entreprises chinoises qui peuvent, depuis le Maroc, réduire les délais et les coûts d’exportation vers l’Europe. De plus, le Maroc bénéficie d’accords de libre-échange, y compris avec l’UE, permettant aux produits fabriqués sur son sol d’entrer sur le marché européen avec des taxes réduites.
Ce cadre favorable incite les entreprises chinoises à y installer des sites de production, notamment dans des secteurs comme l’automobile et l’aéronautique. Par exemple, la marque chinoise BYD explore l’idée de produire des véhicules électriques au Maroc, visant ainsi le marché européen en forte demande de solutions de mobilité verte.
Vu de France
La présence chinoise au Maroc crée une nouvelle dynamique de concurrence, notamment pour la France qui a historiquement été un partenaire privilégié du royaume. La France est un acteur majeur dans les infrastructures marocaines, avec des entreprises comme Alstom qui ont réalisé des projets emblématiques, comme la ligne de train à grande vitesse entre Tanger et Casablanca. Mais la Chine s’implante de plus en plus dans ce secteur via les Nouvelles routes de la soie, obligeant la France à partager son influence.
Dans l’énergie, Paris est également un partenaire de longue date, avec des entreprises comme EDF et Engie qui participent à des projets solaires et éoliens. Cependant, les entreprises chinoises se positionnent désormais comme des compétiteurs sérieux dans le secteur des énergies renouvelables, apportant des solutions à moindre coût qui séduisent le Maroc. Les investissements chinois, alliés à une expertise technique importante, permettent à Pékin de devenir un partenaire compétitif dans la transition énergétique marocaine.
Le Maroc, en diversifiant ses partenariats, a permis l’émergence de cette concurrence entre la Chine et la France. Tandis que la France continue de s’appuyer sur des liens historiques solides, la Chine propose une alternative économique et technologique alléchante, créant une relation tripartite complexe où le Maroc est en position de tirer profit des deux côtés.