Les assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale viennent de s’achever avec la publication de plusieurs rapports sur les perspectives économiques de l’Afrique. De façon globale, pour le FMI, la croissance mondiale devrait rester stable mais décevante. Dans les pays émergents et les pays en développement, les perturbations de la production et du transport des produits de base, les conflits, les troubles sociaux et des phénomènes météorologiques extrêmes ont entraîné des révisions à la baisse des perspectives.
D’après les prévisions de la 30e édition du rapport économique semestriel de la Banque mondiale sur l’Afrique subsaharienne, l’activité régionale devrait se maintenir à 3,6 pour cent en 2024 en baisse par rapport aux prévisions d’avril, sans changement par rapport à 2023, et avec une légère augmentation à 4,2 pour cent prévue en 2025. L’inflation devrait s’atténuer, pour passer de 7,1 % en 2023 à 4,8 % cette année, sous l’effet de politiques monétaires et budgétaires plus strictes, de la stabilisation des devises et d’une diminution des perturbations d’approvisionnement. Le FMI dans ses dernières Perspectives de la Banque mondiale a indiqué que « Les pays à forte intensité de matières premières, comme le Nigeria connaissent une croissance environ deux fois moins rapide que leurs homologues diversifiées dans le reste de la région comme le Sénégal ou la Tanzanie . Les exportateurs de pétrole étant ceux qui connaissent le plus de difficultés, ils doivent trouver de nouvelles sources de croissance, obtenir davantage d’investissements du secteur privé et donc travailler sur des réformes qui faciliteront cela. Parmi les autres défis auxquels sont confrontés ces producteurs de pétrole africains figurent la transition mondiale vers les carburants verts en raison du changement climatique. Alors que le nombre de ces pays affiche des taux de croissance parmi les plus élevés au monde, la croissance du PIB par habitant des pays d’Afrique subsaharienne reste atone, à 0,5 % seulement en 2024, contre une moyenne de 2,4 % sur la période 2000-2014. Les conflits, le changement climatique et l’explosion des coûts du service de la dette sont autant de freins au progrès. En 2024, la dette absorbera 34 % des recettes publiques dans la région, au détriment des investissements productifs. « Les gouvernements de la région progressent dans leurs efforts de stabilisation des finances et de réduction des déficits budgétaires, mais le lourd fardeau de la dette limite leurs investissements dans des secteurs cruciaux comme l’éducation, la santé et les infrastructures, qui sont essentiels pour une croissance inclusive à long terme. Il est également essentiel de soutenir l’entrepreneuriat et les nouvelles startups, de permettre aux petites entreprises de se développer ainsi qu’attirer des entreprises établies », souligne Andrew Dabalen, économiste en chef de la Banque mondiale pour l’Afrique. Le rapport indique que près de la moitié des 20 économies à la croissance la plus rapide au monde cette année se trouvent en Afrique subsaharienne, mais il souligne que des taux de croissance plus élevés sont nécessaires pour réduire la pauvreté et les inégalités généralisées. « Il faudra investir plus dans l’éducation, et renforcer l’efficacité des dépenses et la collaboration avec les partenaires locaux pour parvenir à l’éducation universelle d’ici 2030. » Le rapport se penche enfin sur des questions cruciales pour la région : le besoin urgent de création d’emplois, le fossé économique qui se creuse entre les pays riches en ressources et ceux qui ne le sont pas, et l’impact positif de la poursuite d’une plus grande égalité entre les hommes et les femmes. Le FMI suggère des réformes de diversification économique pour améliorer le climat des affaires de la région, ainsi qu’une augmentation des investissements dans les infrastructures.
De son côté le rapport sur la situation économique de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA), lui aussi publié en marge des Assemblées annuelles de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international, prévoit une croissance modeste du PIB régional pour 2024. , qui devrait s’établir à 2,2 % (contre un taux de 1,8 % en 2023), dans un contexte d’incertitude croissante. Une légère hausse principalement due aux pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG). Cette édition semestrielle du rapport consacre un chapitre aux répercussions économiques des conflits sur l’économie en mettant en évidence que le PIB par habitant des pays de la région MENA touchés par un conflit aurait pu être en moyenne 45 % plus élevé sept ans après le début du conflit. « La paix et la stabilité sont des piliers essentiels au développement durable », a confirmé Ousmane Dione, vice-président de la Banque mondiale pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. La croissance des pays importateurs de pétrole devrait passer de 3,2 % en 2023 à 2,1 % en 2024, tandis que celle des pays exportateurs de pétrole hors CCG devrait reculer de 3,2 % à 2,7 %. Le rapport met également en lumière les principales opportunités permettant aux pays d’accélérer rapidement la croissance inclusive en intensifiant les réformes. Parmi ces priorités figurent la nécessité de rééquilibrer le rôle des secteurs public et privé, de mieux répartir les talents sur le marché du travail, de réduire les écarts entre les sexes et de promouvoir l’innovation. » Malgré une nette des niveaux d’éducation au cours des 50 dernières années, le taux d’activité des femmes au Moyen Orient et en Afrique du Nord reste le plus faible au monde, à seulement 19 %. Combler les écarts entre les sexes en matière d’emploi pourrait entraîner une augmentation significative de 51 % du revenu par habitant dans un pays moyen de la région MENA. Pour que les économies prospèrent, les femmes doivent être incluses », indique le rapport qui souligne que la région MENA peut également stimuler sa croissance en tirant parti des avancées mondiales en matière de savoir et de technologie.