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Légende image, Le président Felix Tshisekedi lors des 9e Jeux de la Francophonie à Kinshasa, le 1er août 2023.Article informationAuthor, Chérif Ousman MBARDOUNKARole, Journaliste -BBC Afrique
28 novembre 2023
Son accession à la magistrature suprême en 2019 avait suscité beaucoup d’espoirs puisque c’était le premier transfert pacifique du pouvoir de la RDC post-indépendance.
Un autre motif de cette espérance des populations congolaises, le 5e président est le fils de “l’opposant historique” et illustre fondateur de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), Étienne Tshisekedi wa Mulumba. Et selon le politologue, Gaucher Kizito enseignant à l’Université Catholique du Graben, “le fils a bénéficié et bénéficie encore de la popularité du père”.
Comme une réponse aux attentes de ces concitoyens, Félix Tshisekedi avait alors égrainé un chapelet de promesses allant de la résorption du chômage à la lutte contre l’insécurité récurrente dans l’Est du pays en passant par la lutte contre la corruption.
Cinq ans plus tard, nous vous suggérons de revisiter les grands chantiers du président Tshisekedi, en lice pour un second mandant.
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Lutte contre les groupes armés
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Légende image, Le lieutenant général Otávio Rodrigues, commandant de la force de la MONUSCO s’entretient avec un colonel de l’armée congolaise lors d’un exercice d’entraînement sur le terrain à Sake, le 6 novembre 2023.
Le 24 janvier 2019, Félix Tshisekedi prête serment comme le 5e président de la RDC.
Dans son discours de circonstance, il promet de rétablir l’autorité de l’État, de lutter contre l’impunité et de tout faire pour pacifier le territoire national.
Cinq ans plus tard, le président Tshisekedi prononce un autre discours , cette fois, sur l’état de la nation. Il est revenu sur son bilan en évoquant entre autres la question de l’insécurité qui ravage l’Est du pays.
Pour tenter de contraindre les groupes armés actifs dans l’Est du pays à déposer les armes, le président Félix Tshisekedi avait décrété l’état de siège dans les provinces orientales de l’Ituri et du Nord-Kivu en 2021. Depuis, les militaires ont remplacé les civils au pouvoir dans les zones concernées, question d’avoir plus de pouvoir pour mieux traquer les miliciens.
Face aux parlementaires le 14 novembre, le président-candidat a estimé que l’état de siège a permis aux autorités de démasquer des présumés complices des groupes armés et d’asphyxier les sources de financement des rebelles.
« Ce régime d’exception a permis l’amélioration de la situation sécuritaire dans certaines zones des deux provinces concernées, notamment la réduction de la fraude minière et douanière transfrontalière qui alimente les conflits, la réduction des tensions intercommunautaires ainsi que la stabilité de l’administration à travers le rétablissement de l’autorité de l’État » a-t-il déclaré.
Pourtant, les partis d’opposition tout comme des organisations de la société civile ont vivement critiqué l’efficacité de la mesure. Le Baromètre sécuritaire du Kivu (KST, Kivu Security Tracker) est une plateforme de veille des violences dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu. La plateforme a affirmé avoir cartographié des cas de violences exercées aussi bien par les forces de sécurité étatiques que par les groupes armés dans les provinces sous état de siège.
Et le jour même du discours du président Tshisekedi devant les parlementaires, l’AFP annonçait la reprise du village de Kishishe, par les rebelles du M23 où ils étaient déjà accusés d’avoir commis fin novembre 2022 un massacre ayant fait quelque 170 morts selon l’ONU.
Ces rebelles, soutenus par le Rwanda selon de nombreuses sources mais que Kigali rejette, s’étaient retirés du village début avril, au moment où ils quittaient d’autres localités de la province du Nord-Kivu dont ils s’étaient emparés au cours de l’année précédente.
Après six mois de calme relatif, les affrontements ont repris début octobre dans le Nord-Kivu entre la rébellion du M23 et l’armée congolaise (FARDC) alliée à des groupes armés se présentant comme des “patriotes” Wazalendo. Ce regain de violence a provoqué le déplacement de quelque 200.000 personnes selon les estimations de l’ONU.
Un peu plus au Nord, en territoire de Beni, l’armée Congolaise et des troupes ougandaises continuent à traquer les rebelles ADF. La coalition entre les militaires des deux pays a réussi à repousser les rebelles loin des agglomérations et à faire libérer des centaines d’otages. Bien que les attaques des forces démocratiques alliées, ADF, n’ont pas complètement été éradiquées, leur capacité de nuisance a été sensiblement réduite.
Sur le plan diplomatique, les différents processus de paix appuyés par les pays de la sous-région peinent encore à produire les résultats escomptés.
La gratuité de l’école primaire et de l’accouchement
Sur le plan socio-économique, Félix Tshisekedi peut se targuer d’avoir instauré dès septembre 2019 la gratuité de l’école primaire. C’était en effet l’un des aspects majeurs de son projet social.
Selon lui, le nombre d’élèves inscrits a augmenté de plus de 5 millions grâce à la gratuité de l’enseignement primaire.
« Pour améliorer la qualité de l’enseignement et la mise en effectivité de la gratuité de l’enseignement primaire, 1 230 écoles ont été construites dans le cadre du Programme de développement Local de 145 territoires » a-t-il précisé.
Félix Tshisekedi se félicite aussi du lancement du programme d’appui à la gratuité de l’enseignement dénommé: « Pas une école sans banc.»
La présidence indique que pour soutenir la gratuité de l’enseignement, le gouvernement a augmenté le budget alloué à l’éducation de 9,1 % de 2021 à 2022 et, pour l’année 2022 à 2023, de 23,9 %.
« Toujours pour ce quinquennat, le salaire moyen d’un enseignant est passé de 159 662,67 FC à 408 689,67 FC », a-t-il renchéri.
Cependant, certains acteurs du domaine éducatif émettent des réserves à propos de ce programme évoquant le surpeuplement des classes dans certains endroits et la difficulté pour les écoles à continuer à motiver les enseignants dans d’autres.
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En 2020, une enquête diligentée par l’Inspection générale des finances, organisme anticorruption placé sous l’autorité directe de la présidence, a dénoncé des fraudes dans le secteur de l’éducation. Elle a conduit à des arrestations et à des poursuites de hauts responsables.
« Nous avons démontré qu’il y avait des écoles fictives, qu’il y avait du personnel fictif, et je crois que ce travail est allé jusqu’au bout, les autorités du secteur éducatif ont été interpelées par la justice et certains d’entre eux ont été condamnés à 20 ans de prison. Ils sont encore en prison», explique Jules Alingete, responsable de l’Inspection Générale des Finances dans une interview accordée à la BBC.
Pour le politologue Gaucher Kizito, la gratuité de l’enseignement primaire est néanmoins un atout que le chef de l’Etat pourrait brandir pour la reconquête du fauteuil présidentiel. À cela s’ajoutent les centaines de jeunes bénéficiaires de la bourse Excellentia organisée par la fondation de la première dame Denise Nyakeru Tshisekedi. Grâce à cette bourse, une centaine de jeunes étudient dans les écoles du pays pendant plusieurs dizaines d’autres ont été envoyés poursuivre leurs études à l’étranger.
En septembre 2023, le président Felix Tshisekedi a lancé la gratuité de l’accouchement dans les hôpitaux publics. Dans un pays où plusieurs femmes sont souvent retenues dans les hôpitaux avec leurs enfants suite à des difficultés financières, cette mesure est arrivée comme un ouf de soulagement.
Chaque année, le Fonds des Nations Unies pour la population, UNFPA, débloque plus de 7 millions de dollars pour appuyer le gouvernement en produits de planification familiale ainsi que les médicaments pouvant sauver la vie de la femme et du nouveau-né.
Tout en saluant la mesure lancé par le gouvernement, l’agence onusienne fait remarquer qu’il y a encore besoin de renforcer le système sanitaire du pays avec des réseaux des soins obstétricaux et néonataux d’urgence tout comme le déploiement du personnel qualifié et compétent.
« Il est nécessaire de mobiliser les ressources financières, matérielles et humaines conséquentes pour accompagner cette gratuité. C’est pour cette raison que UNFPA plaide pour le renforcement des ressources en faveur de la santé maternelle, néonatale, infantile et adolescente à travers la RDC » explique une communication de l’agence onusienne.
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Légende image, Bayard Kumwimba Dyuba, 84 ans, enseigne dans sa classe de CM2 à l’école primaire d’application Kiwele II à Lubumbashi le 14 février 2022.
Sur le volet économique, alors que les congolais se plaignent de la dépréciation du franc congolais qui impactent gravement leur quotidien, le président Tshisekedi s’est récemment félicité de l’embellie retrouvée de l’économie nationale.
«Laissez-moi vous rassurer que notre économie en 2023 se porte bien. Nous avons parcouru un chemin remarquable depuis deux mille vingt, surmontant les défis posés par la pandémie pour réaliser des taux de croissance économique qui nous inspirent confiance en l’avenir. Notre taux de croissance a grimpé de un virgule sept pour cent en deux mille vingt à six virgule deux pour cent, chiffre estimé pour cette année 2023», a clamé le chef de l’Etat.
Même s’il reconnait que des efforts restent à consentir dans les domaines de la justice et des libertés, le remplaçant de Joseph Kabila au Palais de la Nation appelle à voter pour lui le 20 décembre prochain.
«Nous avons donc le choix entre repartir à zéro ou consolider les acquis de cet élan progressif en avançant main dans la main, avec une vision claire et un but commun, vers un avenir où chaque Congolais aura la possibilité de prospérer. » Une nouvelle promesse ou alors un slogan qui lance sa campagne.
Qui sont les principaux alliés de Tshisekedi ?
Pour la présidentielle du 20 décembre, Félix Tshisekedi pourra compter sur le soutien de Jean-Pierre Bemba, l’actuel vice-Premier ministre en charge de la Défense et de Vital Kamerhe, vice-Premier ministre en charge de l’économie.
Jean-Pierre Bemba
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Légende image, Jean-Pierre Bemba lors d’une conférence de presse samedi 23 mars 2019 à Bruxelles.
Ex-chef de guerre, Jean-Pierre Bemba a d’ailleurs promis de «tout mettre en œuvre pour faire gagner» le président sortant.
Son parti, le Mouvement de libération du Congo (MLC) fait partie de l’Union sacrée de la nation, la coalition de partis politiques soutenant la candidature du président Félix Tshisekedi.
C’est pendant le congrès de sa formation politique tenu le samedi 30 septembre 2023 que Jean-Pierre Bemba a dévoilé son soutien à Félix Tshisekedi.
«Le MLC réaffirme son appartenance à l’Union sacrée de la nation, comme témoin privilégié de la volonté du chef de l’État Félix Tshisekedi de transformer profondément notre société pour mener notre pays vers le développement, d’assurer sa sécurité et d’imposer la paix à l’intérieur de nos frontières, c’est pourquoi j’ai décidé de ne pas présenter ma candidature pour soutenir notre frère Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo», a déclaré Jean-Pierre Bemba Gombo, président du MLC.
Vital Kamerhe
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Légende image, Vital Kamerhe s’adressant aux sympathisants de l’Union sacrée
Tout comme Jean-Pierre Bemba, Vital Kamerhe est également un allié majeur du président Tshisekedi.
En août dernier, l’Union pour la nation congolaise (UNC) de Vital Kamerhe a décidé de supporter la candidature de Félix Tshisekedi à la présidentielle de décembre 2023.
Pour les membres de l’UNC, il faut parachever toutes les actions du programme commun conçu avec l’UDPS. Pourtant en 2018, les deux partis avaient conclu à Nairobi, un accord selon lequel Félix Tshisekedi se présenterait en 2018 et Kamerhe, en 2023.
Devant la presse lors du congrès du 19 août, Vital Kamerhe a expliqué que c’est « un choix de cœur et de raison, car notre grande capacité de changer les choses est tributaire de notre foi en l’avenir. »
« Nous sommes conscients de l’immense tâche qui attend le président de la République. Mais nous savons que nous pouvons compter sur sa détermination de porter haut encore le flambeau de notre ambition nationale», a-t-il ajouté.
Toutefois, l’analyste Gaucher Kizito estime que l’enjeu premier de l’alliance entre Bemba, Kamerhe et Tshisekedi est le «partage des postes et de responsabilité, notamment au niveau de l’équipe gouvernementale» en cas de victoire. Cela dépendra, selon lui, « du poids que chaque parti politique représentera en termes de nombre de députés et de maires. »
Lors d’un congrès le 1er octobre, l’UDPS, le parti au pouvoir et les autres partis membres de « l’Union sacrée de la nation » avaient plébiscité le président sortant comme leur porte étendard.
Pourtant Félix Tshisekedi est inscrit comme candidat indépendant sur la liste publiée par la Céni.
Il va temporairement quitter le terrain de campagne pour aller représenter la RDC à la COP28. En son absence, les lieutenants de l’Union Sacrée continueront à battre campagne dans les différentes provinces de la RDC pour espérer arracher un deuxième mandat.