Par Jean-Pierre Mulumba Milolo, analyste en relations internationales
Depuis son accession au pouvoir, la politique étrangère du président Donald Trump a profondément bouleversé les équilibres géopolitiques internationaux. En adoptant une posture unilatérale, marquée par le rejet de certaines alliances traditionnelles et une volonté affirmée d’imposer la puissance américaine, l’administration Trump a remis en question l’efficacité des institutions multilatérales, pourtant longtemps perçues comme les garantes de l’ordre mondial.
Des organisations comme l’OTAN se sont révélées hésitantes et limitées, notamment dans la gestion du conflit russo-ukrainien. L’Union africaine, de son côté, peine à jouer un rôle crédible de médiateur dans la crise persistante entre la République démocratique du Congo et le Rwanda. Les nombreuses tentatives diplomatiques n’ont jusqu’ici produit que peu de résultats, exposant les fragilités structurelles de l’organisation continentale.
La situation n’est guère différente en Asie du Sud, où le conflit latent entre l’Inde et le Pakistan reste un défi majeur pour la diplomatie internationale. L’ONU, supposée incarner l’autorité morale et juridique des Nations, s’est montrée incapable de faire appliquer ses résolutions dans des dossiers aussi sensibles que le bras de fer militaire entre Israël et l’Iran.
Ces constats traduisent une évidence inquiétante : les institutions multilatérales, jadis piliers de l’équilibre international, apparaissent aujourd’hui dépassées par la complexité et la vitesse d’évolution des crises mondiales. En ce sens, la politique étrangère américaine sous Trump, bien qu’agressive, pourrait aussi être interprétée comme une réponse pragmatique au dysfonctionnement de l’ordre établi.
Ce retour à une dynamique de puissance, avec les États-Unis en position de force dominante, suggère l’émergence progressive d’un système monopolaire, centré sur les intérêts stratégiques américains. Si cette trajectoire venait à se consolider, elle redéfinirait en profondeur les règles du jeu international, au risque de marginaliser les mécanismes de coopération globale.
Dans ce contexte polarisé, certains observateurs vont jusqu’à estimer que Donald Trump, par son approche directe et programmatique de la diplomatie, pourrait prétendre – à tort ou à raison – à des distinctions prestigieuses, tel le prix Nobel de la paix qu’il revendique avec insistance. Un débat qui, à défaut de faire consensus, mérite d’être posé.
Mulumba Milolo