« Mali : le premier cercle très fermé d’Assimi Goïta » : c’est le titre d’une enquête de Jeune Afrique sur les hautes sphères du pouvoir militaire au Mali… « Il y a quelques jours encore, il était le colonel Assimi Goïta. Il est désormais général (d’armée), le plus haut grade de l’armée malienne, pointe le site panafricain. Avant de se siffler sur le fauteuil présidentiel, à l’issue du “putsch dans le putsch” de mai 2021, le tombeur d’Ibrahim Boubacar Keïta était vice-président de la transition. Si ses soutiens en ont fait le porte-étendard du « Mali Kura » (le Mali nouveau en bambara) et de la souveraineté retrouvée, l’ancien commandant des Forces spéciales cultive la discrétion, relève encore Jeune Afrique. Quand les uns le désignent comme un homme « secret », les autres y voient une gestion du pouvoir « bunkerisée et paranoïaque ». Beaucoup ont spéculé sur les rivalités qui l’opposent au quarteron d’officiers avec qui il a mené le coup d’État du 18 août 2020, mais le chef de la junte semble maintenir l’équilibre avec ses frères d’armes, qui se sont partagés les postes stratégiques ».
Éminences grises…
Et Jeune Afrique donc de détailler l’entourage d’Assimi Goïta, notamment ses éminences grises… À commencer par le général de division Yamoussa Camara. « Considéré par certains comme un “nostalgique” de l’époque de Moussa Traoré et partisan d’un “régime fort”, Yamoussa Camara est décrit comme un mentor pour le général Goïta. Il fait désormais partie du comité de rédaction de la charte pour la paix et la réconciliation. (…) Au quotidien, Assimi Goïta peut compter sur son chef d’état-major particulier, le général de brigade Mamadou Lamine, dit “Laurent Mariko”. (…) Comme de nombreux présidents du Mali avant lui, Assimi Goïta a fait appel à Ousmane Issoufi Maïga, figure incontournable du pouvoir malien depuis ces dernières années. Surnommé « Pinochet », l’ancien Premier ministre d’Amadou Toumani Touré (2004-2007) a été choisi pour mettre en œuvre la politique de cohésion nationale ».
Et puis dans l’entourage très militaire et très masculin d’Assimi Goïta, il ya une femme, note encore Jeune Afrique : « Fatou Binta Traoré, sa conseillère spéciale pour les questions diplomatiques depuis 2020, lorsqu’il était encore vice-président » .
Abdoulaye Maïga : le porte-flingue…
Enfin parmi les ministres, il ya le Général Abdoulaye Maïga, personnage central pointe Jeune Afrique… « Qu’il s’agisse de mener la charge à la tribune des Nations unies contre les pays jugés hostiles au Mali, ou de remplacer Choguel Kokalla Maïga au poste de Premier ministre lors de son hospitalisation en août 2022, Assimi Goïta sait pouvoir compter sur Abdoulaye Maïga. Ministre d’État, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation et porte-parole du gouvernement, le général de division, promu à ce grade la semaine dernière, est devenu le porte-flingue de la transition malienne ».
Les flèches de la presse burkinabè…
Ces promotions des artisans de la junte sont saluées par la presse malienne qui y voit, à l’instar de Malijet « une reconnaissance du peuple pour un parcours exceptionnel ».
La presse burkinabé, elle, est plutôt circonspecte, c’est le moins qu’on puisse dire…
Pout WakatSéra, « au Mali, les colonels se font plaisir ».
L’Observateur Paalga enchaîne : « voilà donc que le locataire du Palais de Koulouba et ses camarades ne trouvent pas mieux à faire que de se bombarder généraux. On a beau chercher, on se demande en quoi ces nominations vont booster la lutte contre le terrorisme et la reconquête du territoire. (…) Quatre ans après l’arrivée des militaires au pouvoir, force est de reconnaître que les spécialistes de la guerre qui étaient venus pour sauver le Mali sont toujours à la peine nonobstant toute la propagande ambiante qui entoure cette guerre ».
Si la presse burkinabè décoche souvent ses flèches en direction de ses voisins, elle se garde bien de viser ses propres dirigeants… en particulier le capitaine Ibrahim Traoré, le président de la transition. Comme le souligne le quotidien Aujourd’hui à Ouaga, « la profession de journaliste, ballotée entre la sacralité des faits et les lois en temps de guerre, est encline à une autocensure qui ne dit pas son nom, l’attitude normale restant celle de la prudence et de la responsabilité ».