En Afrique du Sud, le renflouement des entreprises publiques sud-africaines à court d’argent a coûté aux contribuables 456,5 milliards de rands (environ 25,9 milliards de dollars) au cours des dix dernières années. C’est ce qu’a annoncé le Trésor public sud-africain ce mardi 15 octobre. L’entreprise nationale en charge du réseau ferré et portuaire, Transnet, ne fait pas exception. Renflouées à hauteur de 49 milliards de rands par l’État, les industries minières dépendantes du réseau ferré sont également appelées à aider au redressement de l’entreprise publique.
De notre correspondant à Johannesburg,
Au cœur de scandales de corruption depuis plusieurs années, l’entreprise publique, plombée par une dette colossale et des dysfonctionnements, fait face à une déliquescence de ses infrastructures et n’est plus en mesure de pourvoir aux besoins logistiques des industries minières. Pour le secteur minier, les contraintes logistiques sont devenues un cauchemar ces dernières années. Les défaillances du réseau ferré contrôlé par l’entreprise publique Transnet – manque de maintenance, de locomotives et donc de trains – concernent tous les producteurs.
« Tous nos produits d’exportation – le minerai de fer, le chrome, le charbon – dépendent du réseau ferroviaire. Ses limites se répercutent donc directement sur les revenus de ces entreprises et sur l’économie. Certains calculs évaluent la perte de revenus à 50 milliards de rands par an (plus de 2,5 milliards d’euros) », a rencontré en avant Bernard Swanepoel, organisateur de l’Indaba, la conférence minière de Johannesburg.
« Nous devons aller sur le marché et amener le secteur privé à travailler avec nous »
La situation est allée en s’aggravant depuis six ans. Endettée à près de 7 milliards d’euros, la moitié ayant été avalée par la corruption et la mauvaise gouvernance, Transnet peine à sortir la tête de l’eau. Un grand plan de redressement a été lancé à la fin de l’année dernière, avec, pour la première fois, une ouverture vers des partenariats public-privé. « Transnet n’a pas d’argent. Et le gouvernement n’a pas d’argent. Donc, il faut bien qu’il vienne de quelque part », résume Michelle Phillips, PDG de Transnet. « C’est pourquoi nous devons aller sur le marché et amener le secteur privé à travailler avec nous, de manière plus formelle et plus structurée. Il y a beaucoup de choses à réparer, nous faisons face à des années de sous-investissement, donc ça va prendre du temps », analyse Michelle Phillips.
Plusieurs dirigeants font désormais partie de comités mis en place par le gouvernement pour trouver des solutions. L’entreprise Kumba Iron Ore, premier producteur de minerais de fer du continent, a dû revoir à la baisse ses objectifs de production jusqu’à 2027, à cause du manque de capacité de Transnet. « Comment restons-nous compétitifs ? C’est par les volumes de production. C’est ce qui fait ou fait votre entreprise. Et c’est la raison pour laquelle nous avons décidé de travailler en partenariat, dans une perspective de collaboration », souligne la directrice générale de Kumba Iron Ore, Mpumi Zikalala. Pour elle, l’essentiel aujourd’hui est d’accélérer le processus de transformation. « Parce que ce qui fait bouger les choses, ce ne sont pas les discussions, mais la vitesse. C’est l’exécution », insiste-t-elle.
Le 1ᵉʳ octobre, Transnet a annoncé sa division en deux entités, l’une dédiée aux infrastructures et l’autre à l’aspect opérationnel. Des réformes dont l’efficacité restera à évaluer au cours des prochaines années.
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