Dieumerci, Mukoko. Ou plutôt Lord Mukoko, titre que les Sud-Africains eux-mêmes semblent lui avoir attribué, un peu comme on finit par respecter celui qu’on n’a pas réussi à faire tomber.
En octobre 2025, quand Lupopo tombe sur Orlando Pirates au deuxième tour préliminaire de la Ligue des champions, personne n’imaginait que l’histoire retiendrait autre chose que des buts, des schémas tactiques ou un suspense classique. Pourtant, un joueur a détourné toute la lumière. Pas en marquant, mais en imposant sa présence comme un personnage qu’on ne peut pas ignorer.
Mukoko Amale n’a pas seulement disputé ces deux matchs, il les a habités. Ses provocations dosées, sa manière de lever les foules, chaque duel transformé en moment théâtral. On aurait dit qu’il jouait un rôle qu’il connaissait par cœur, pendant que Pirates tentait de suivre le script. Rapidement, le public a compris que la star, ce n’était ni un avant-centre ni un meneur de jeu. C’était lui. Même la presse sud-africaine a fini par écrire son nom avec un mélange d’irritation et d’admiration, comme face à un phénomène qu’on regarde à travers les doigts, mais qu’on regarde quand même.
La CAF l’a suspendu deux matchs, un geste surtout administratif. Il a manqué la rencontre de la première journée de la phase de groupes du samedi 22 novembre 2025 contre Mamelodi Sundowns (perdu par Lupopo sur la note de 3 buts à 1) mais pas son voyage en Afrique du Sud. Là-bas, il s’est transformé en attraction. Des supporters ont traversé des quartiers entiers pour le voir, prendre une photo, arracher un autographe. Comme si une légende passait brièvement en ville.
On lui a offert des cadeaux. Et surtout ce qu’il aime le plus : une ferveur ouverte, bruyante, presque déraisonnable. L’accueil qu’il a reçu n’était pas celui d’un simple joueur étranger. C’était celui d’une icône. Le plus ironique dans tout ça, c’est qu’Orlando Pirates a été éliminé par Lupopo, mais une partie du public sud-africain a tout de même salué Mukoko. Comme si, au-delà de la défaite, il fallait reconnaître la force du spectacle. Parce qu’on peut contester un résultat, mais pas un joueur qui impose sa personnalité au point de s’ancrer dans la mémoire collective.
Lupopo a sorti Orlando. Et l’Afrique du Sud a applaudi Mukoko, le symbole même de son élimination. Les « victimes » ont fini par admirer leur bourreau. C’est probablement ça, la signature des joueurs qui dépassent le cadre du terrain : ils marquent même quand ils ne touchent pas un ballon.
Marco Emery Momo





