La RDC fournit 70% du cobalt mondial utilisé pour les batteries des téléphones portables et des voitures électriques. En 1 an, les cours du cobalt ont chuté de 65%, passant d’environ 40 à 14 dollars la livre. La querelle entre cette société minière chinoise et son partenaire congolais, la Gécamines, qui vient juste de se débloquer, laisse craindre une nouvelle chute des cours.
Des dizaines de milliers de tonnes de cathodes de cuivre et de poudre de cobalt s’entassent dans l’immense mine de Tenke Fungurume, dans le sud-est de la RDC. Il s’agit d’un des gisements les plus importants au monde qui produit à lui seul 15% de la production mondiale de cobalt.
Il y a un an, la société chinoise Cmoc, propriétaire à 80 % de la mine, s’est vu interdit d’exportation, accusée d’avoir sous-évalué les réserves de minerais afin de réduire la redevance qu’elle doit payer. Depuis, les minéraux, extraits, sont stockés dans des milliers de sacs entreposés à l’air libre dans de vastes terrains vagues.
Après 9 mois de blocage, un accord a été trouvé, les exportations vont pouvoir reprendre. Mais à quel rythme ? Car la quantité de cobalt stockée est estimée à elle seule à 13 000 tonnes, soit 7% de la production mondiale de l’année dernière.
Le prix du cobalt ne sera pas affecté, assure la société Cmoc
À Kinshasa, on craint qu’une libération soudaine de ces stocks ne provoque un effondrement du marché… alors que les prix sont déjà bas. Le vice-président de Cmoc se veut rassurant : le prix du cobalt ne sera pas affecté, assure Zhou Jun. La plus grande partie sera vendue peu à peu, dans le cadre de contrats d’approvisionnement à long terme.
Liquider les stocks pourrait prendre jusqu’à 10 mois, estime un analyste, qui juge peu probable que le prix du cobalt baisse davantage, mais, ajoute-t-il, ces stocks pourraient prolonger la période de prix bas. Pour l’expert en minéraux Léonide Mupepele, la RDC, en situation de quasi-monopole, doit apprendre à mieux gérer ses exportations, afin d’exercer un contrôle sur les prix. Le gouvernement pourrait ainsi racheter une partie de la production, la stocker avant de la relâcher sur le marché, explique-t-il. La loi minière le lui permet.
Quant à l’accord entre la Cmoc et la Gécamines, son contenu n’a pas été rendu public. Mais certains spéculent que Kinshasa – ayant besoin de fonds pour l’élection présidentielle en fin d’année – a dû mettre fin à la querelle.