Au théâtre du Congo, où les actes se répètent sans que le rideau ne tombe jamais, la 59ème Coupe du Congo ou mieux Coupe du Président a offert son ultime scène : une finale qui se dérobe comme une subvention publique, repoussée à la lisière d’un temps indéfini, au gré d’un agenda présidentiel trop chargé pour s’accommoder du calendrier sportif. Finaliste, Simba de Kolwezi, se trouve contraint de prolonger son exil à Kinshasa, en pleine incertitude.
Quand l’agenda présidentiel siffle la fin… avant le début
On croyait naïvement que, pour une fois, tout allait se dérouler comme dans un conte pour supporter : un stade plein, des joueurs suants sous le soleil, un coup de sifflet, et un vainqueur qui brandit la coupe. Mais c’était sans compter sur ce vieux démon national qu’on appelle l’organisation et sur la majestueuse priorité accordée à l’agenda du parrain de la compétition, qui a su, en un geste souverain, éclipser la finale d’un simple trait de plume.
Ici, le ballon ne roule pas sur la pelouse, il rebondit dans les couloirs des ministères, entre deux tampons et trois signatures, quand il ne finit pas crevé dans une salle d’attente.
Simba exilé
La nation s’était pourtant préparée : maillots repassés, chants huilés, tambours déjà pleins de sueur. Et voilà que le report, ce dieu facétieux, descend à minuit pour murmurer : « Pas aujourd’hui. Pas de finale ce 13 juillet 2025. »
Quelle majesté dans ce geste ! Quelle poésie dans ce contre‑pied qui prouve, une fois de plus, que le Congo ne se gouverne ni à coups de calendriers ni à coups de sifflet, mais avec l’art suprême du contre-temps. Loué soit ce grand maître de cérémonie qui sait surgir dans la nuit pour rappeler aux mortels leur condition de subordonnés à l’imprévu.
Le report, grand vainqueur de la Coupe
Ce prolongement forcé ressemble à ces ombres qui s’étirent au coucher du soleil : longues, lourdes, inévitables. Elles pèsent sur Simba comme sur la nation entière, révélant le visage d’une organisation qui navigue sans boussole dans un océan de chaos. On en rirait si ce n’était pas si pathétique. Mais ici, l’urgence est une illusion, l’improvisation un art de gouverner, et le report de la finale un nouveau chapitre de la grande comédie tragique d’un pays qui se cherche encore… et ne se trouve jamais.
La pelouse des ministères, ce terrain où l’on perd toujours
Chapeau bas pour la synchronisation ! On applaudit le sens de l’organisation qui consiste à décider, à la dernière minute, parce que l’emploi du temps présidentiel ne permet pas d’autre issue, que le grand rendez-vous national doit encore attendre. Préparé, en effet, à repousser les rêves et à prolonger l’exil forcé du club Simba de Kolwezi, qui, faute d’autre choix, devra se débrouiller à Kinshasa, à ses frais, pour attendre la finale.
Solidarité ministérielle : prolonger l’exil et envoyer l’addition
Ah, la belle solidarité congolaise ! Les autorités s’accordent, sans jamais parler aux premiers concernés, pour offrir au club un séjour imprévu, prolongé, non pris en charge, un cadeau dont on se serait bien passé. Pas un mot sur l’hébergement, la nourriture, les déplacements. Omission ? Oubli ? Ou juste le mépris traditionnel d’une organisation qui joue avec les hommes comme avec des pions sur un échiquier bancal ? Ici, la dignité fond plus vite que les glaçons dans un whisky ministériel.
Organisation : ce mot étranger à la langue congolaise
Il ne reste plus qu’à saluer cette pièce grotesque, dont le seul mérite est de révéler sans fard l’amateurisme glacial qui gangrène notre football et tout le reste. Finalement, on se demande si ce report n’est pas une performance artistique : réussir à transformer un événement attendu en source de frustration, de dépenses et de désillusion en une seule nuit. C’est du grand art !
Le Congo, champion incontesté du contre‑temps
Cette finale reportée est un condensé de ce que nous savons depuis toujours : au Congo, l’urgence est un art du retard, la bonne organisation un mythe, et le football, un théâtre d’ombres où la réalité se dérobe toujours au dernier moment. Le sport congolais, ce grand malade, s’effondre sous le poids d’une organisation qui confond la préparation avec la procrastination.
Quand la dignité fond plus vite que la glace dans un verre de whisky officiel
Mais ici, la seule chose qui ne se reporte jamais, c’est la capacité du peuple à espérer. Rendez‑vous donc le 20 juillet si Dieu, ou plutôt la bureaucratie, le veut bien pour la finale.
En attendant, applaudissons cette performance d’anthologie : réussir à faire disparaître une finale le jour même où elle devait se jouer, sans même un mot d’excuse, juste pour libérer l’agenda de Son Excellence. Chapeau aux artistes !
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