Publié le 9 août 2024 Conférence : 3 minutes.
Le 22 juillet, un camion traverse le poste-frontière de Taveta-Holili, situé entre le Kenya et la Tanzanie. Son chauffeur, repéré par des agents kényans de la sécurité portuaire, est atteint depuis bientôt deux semaines d’une éruption cutanée. Envoyé à l’hôpital du sous-comté de Taveta, à quelques kilomètres de là, il subit des analyses pour poser un diagnostic : varicelle ou variole du singe ? La seconde hypothèse est finalement confirmée et le patient, depuis, est guéri.
Était-il le premier porteur kényan de la Clade 1b de la variole du singe, aussi appelé Mpox, une nouvelle souche du virus qui sévit depuis quelques mois dans plusieurs régions du continent africain ? Éruption cutanée, fièvre, maux de gorge, de tête, douleurs physiques et notamment dans le dos, baisse d’énergie, ganglions lymphatiques gonflés… Dans un document posté début août, le gouvernement kenyan appelle la population à surveiller l’arrivée des symptômes. Et si le pays n’est pas celui qui est le plus touché, le ministère de la Santé se met immédiatement en place des numéros d’urgence.
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« Urgence de santé publique »
D’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui a convoqué un comité d’urgence le 7 août face à l’ampleur de l’épidémie, cette recrudescence des cas pourrait bien être catégorisée comme une « urgence de santé publique ». de portée internationale » – la dernière remontée à l’épidémie de variole du singe de 2022. La réunion du comité décidant du statut de l’épidémie et des recommandations à prendre. Quinze pays africains sont concernés à la date du 8 août, d’après un communiqué de l’OMS, avec au total 2 030 cas confirmés et 13 morts depuis le début de l’année. « La priorité est d’interrompre rapidement la transmission du virus », a indiqué la directrice régionale de l’institution internationale, la Dr Matshidiso Moeti.
Jean Kaseya, le directeur de l’agence de santé de l’Union africaine (UA), Africa CDC, le Centre de contrôle et de prévention des maladies du continent, a annoncé dès le lendemain, le 8 août, qu’il allait « probablement » déclarer « une urgence de santé publique ». La semaine dernière, 887 cas et 5 décès ont été répertoriés.
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C’est en RDC que sont concentrés 90 % des cas. L’est du pays, en proie depuis fin 2021 à un conflit armé qui ne cesse de s’intensifier, est l’épicentre de l’épidémie. Les autorités internationales de santé sont particulièrement alertées par l’apparition d’une nouvelle souche du Mpox. Alors qu’il n’existait auparavant que deux ramifications du virus, la Clade 1 et la Clade 2, la deuxième étant la plus virulente, les cas étudiés montrent la contamination des malades, depuis septembre 2023, par une variante encore plus dangereuse : la Clade 1b.
Cette nouvelle souche a été notamment détectée en RDC, au Kenya, au Rwanda et en Ouganda – les cas détectés au Burundi sont en cours d’analyse. Cette zoonose – maladie initialement présente chez des animaux, mais transmise à l’homme – est principalement présente, depuis sa détection, en Afrique centrale, dans le bassin du Congo, et en Afrique de l’Ouest.
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Matériaux contaminés, animaux infectés…
La variole du singe se transmet principalement par contact entre la peau et les muqueuses, lors d’une contamination entre humains, et notamment lors des relations sexuelles. Mais on peut également attraper le virus via des matériaux contaminés, par contact avec des animaux infectés – des rongeurs, même si l’origine n’a jamais été formellement identifiée –, ou même par les fluides respiratoires d’un malade. La plupart des personnes contaminées se rétablissent dans l’espace de deux à quatre semaines, mais doivent être isolées pour éviter d’infecter d’autres personnes. Mais, dans le cas d’un système immunitaire faible, la variole du singe peut être mortelle. Un vaccin existe, efficace dans 85 % des cas.
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En RDC, la plupart des cas sont liés à des transmissions par voie sexuelle, ou par les déplacements importants de foules liés aux conflits actuels. En Afrique de l’Ouest, l’épidémie continue de se propager, comme en Côte d’Ivoire, où l’exécutif a pris des mesures sanitaires drastiques. Le ministère des Eaux et Forêts a ainsi décidé d’interdire, le 6 août, la détention d’animaux sauvages vivants, « notamment les singes, les chimpanzés, les rats et les écureuils, comme animaux de compagnie », ainsi que la consommation de viande de brousse.
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Le ministre Laurent Tchagba en appelle « au civisme et à la collaboration des populations ». Les détenteurs de ces animaux doivent donc les déposer dans des services spécialisés, sous peine d’être sanctionnés de cinq à vingt ans de prison et d’amendes pouvant aller de 5 à 100 millions de F CFA.
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