La COP29 arrive à la mi-temps… Les négociateurs ont encore une semaine pour tenter de parvenir à un accord, notamment sur l’apport financier des pays riches pour l’action climatique. Un rendez-vous, comme chaque année, très scruté. 3 575 journalistes sont enregistrés pour suivre la conférence de l’ONU pour le climat qui se tient à Bakou. Des journalistes environnementaux qui sont loin d’être épargnés par la menace qui pèse sur l’info. 70% des journalistes spécialisés interviewés par l’UNESCO déclarent avoir subi des attaques, des menaces ou des pressions. Les difficultés sont parfois plus grandes que cela. Témoignage de Denise Kyalwahi, journaliste de NaturelCD, basé à l’est de la République démocratique du Congo.
Denise Kyalwahi couvre des sujets variés comme les inondations, l’extraction de l’or ou encore l’exploitation des scories, un matériau volcanique. Des sujets parfois sensibles, alors elle n’est pas toujours la bienvenue sur place, comme cette fois-là lors d’un reportage sur l’exploitation illicite de bois. « Il y a quelques militaires qui n’ont pas voulu qu’on puisse entrer quand qu’on puisse accéder », se souvient la journaliste.
Pour son reportage sur l’exploitation des scories du Nyiragongo, Denise Kyalwahi a dû prendre l’itinéraire bis. « On a essayé de voir comment rencontrer le chef de ce site, pour nous expliquer la situation qu’ils sont en train de traverser », raconte-t-elle. Elle est d’autant plus discrètement dans des zones de conflit.
« On ne montre pas qu’on est journaliste »
« Quand il y a une zone automatiquement couverte par des milices, comme une zone de conflit, on ne montre pas qu’on est journaliste. Vous allez voir la personne avec qui vous souhaitez vous entretenir en cachette. Il vous explique la situation, puis quand vous lui demandez si vous pouvez sortir l’interview, la personne refuse », déplore Denise Kyalwahi.
La journaliste spécialisée dans les questions environnementales a également subi des intimidations : « Le mont Goma est en train de disparaître petit à petit. Je faisais un reportage sur ce sujet et un militaire nous a un aperçu de très loin quand on prenait une petite photo de l’endroit où la colline était cassée. Ils m’ont arrêté et ont dit que j’étais en train de voler les images pour les vendre. Ils ont pris l’appareil photo et sont partis avec en imposant de voir tout ce qui était à l’intérieur. Ils ont essayé de prendre mon téléphone. Quand ils ont vu qu’il n’y avait rien de spécial, ils m’ont dit d’effacer la photo du mont Goma. »
Anticiper les arrestations
Denise Kyalwahi a pu faire appel à un avocat et être libérée après le versement de 40 dollars. Elle compte aussi sur son réseau pour sa protection : « J’annonce d’abord au centre de presse que je veux aller à tel endroit, parce qu’une fois arrêtée, de l’autre côté, quand on va appeler la présidente de l ‘Union de la presse congolaise, elle va directement répondre : “Non, je connais cette journaliste, elle est partie là-bas.” ».
Autres difficultés… logistiques. Journaliste indépendante, Denise Kyalwahi a reçu des invitations pour se rendre à plusieurs COP. Elle n’a pu s’y rendre faute de billets d’avion.
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