En Afrique de l’Ouest, dans les grandes villes en développement, le déficit de logements est une problématique partagée. Un déficit chronique combiné à une croissance démographique importante. Les États et les entreprises cherchent à améliorer la situation.
« Parfois, certains te donnent des documents, mais tu te rends compte que la terre ne leur appartient pas », souligne Issouf Sako. Il est promoteur immobilier agréé à Abidjan tout comme Aziz Ouattara. L’envie de construire est bien là, mais ils témoignent des difficultés qui entourent la sécurisation du foncier. « Il peut y avoir vraiment, je ne dirais pas des magouilles, mais il peut y avoir plusieurs attributions sur la même parcelle, souligne Aziz Ouattara. Donc quand c’est comme ça, la banque ou les investisseurs ont peur d’investir beaucoup, car s’il ya un conflit, il sera très difficile de trancher. Ça freine beaucoup d’investissements. »
Un problème sur la sécurisation du foncier reconnu par exemple par la Banque de l’habitat du Sénégal (BHS). Un accord de cette banque avec l’État sénégalais permet d’obtenir gratuitement un titre foncier en règle. Mais pour accéder à la propriété lorsque l’on est un particulier, il faut également avoir un compte bancaire, et obtenir un prêt. Des démarches qui ne vont pas toujours de soi et que tentent de favoriser la BHS.
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Incitation à l’épargne et aux aménagements préalables
« L’incitation à l’épargne, c’est d’abord par les taux attractifs que nous proposons, la simplification des procédures d’ouverture de comptes. Parce que nous le voyons aujourd’hui avec le développement du Transfer money, les banques ont aussi ce rôle à jouer en poussant les populations à venir se bancariser », assure Abdoul Kasse, le directeur de la filiale française de la BHS. Qui dit épargner également de meilleurs taux pour les prêts bancaires. Ce qui donne un petit coup de pouce aux futurs acquéreurs.
Favoriser la construction de logements passe également par des impulsions politiques. « L’État doit faire les investissements préalables à l’investissement privé. Parce que tout ce qui est voirie, réseau urbain, ne rentre pas directement dans la maison, mais ça coûte au moins 30 à 35 % de l’investissement global », pointe Brahima Traoré, le directeur général de l’Agence nationale de l’ Habitat de Côte d’Ivoire (ANAH). « Si l’État ne prend pas en charge ces frais, à la fin de l’investissement, le logement ne peut pas être accessible aux canapés que l’on veut atteindre », souligne-t-il encore.
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L’Agence nationale de l’habitat a pour mission de construire des logements, mais surtout de « faire construire ». « On crée les conditions permettant au secteur privé de pouvoir construire. En ayant des financements avec les banques, en ayant du foncier viabilisé et en ayant en face, une offre d’acquéreurs. Quand on a fini ça, le secteur se régule tout seul », résume-t-il.
Objectif des autorités ivoiriennes : la construction de 150 000 logements d’ici à 2030. Les évaluations évaluent que les besoins sont cinq fois supérieurs.
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