La présidente moldave, Maia Sandu, dans un bureau de vote à Chisinau, le 20 octobre 2024. DANIEL MIHAILESCU / AFP
Cela se joue dans un mouchoir de poche. Les Moldaves étaient appelés, dimanche 20 octobre, à se prononcer lors de deux examens cruciaux. Alors que le premier tour de l’élection présidentielle a placé la présidente sortante, Maia Sandu, en tête, le référendum pour adopter dans la Constitution le principe d’une future adhésion à l’Union européenne (UE) est, en revanche, beaucoup plus indécis.
Après dépouillement de 98 % des bulletins, le « non » devance le « oui » de moins de 3 000 voix, pour un total de plus de 1,45 millions de votes exprimés, sur fond de soupçons d’ingérence russe dans la campagne. Alors que la Moldavie a déjà un pied dans l’UE avec l’ouverture officielle, en juin, de négociations d’adhésion, la présidente Sandu a déclaré « une attaque sans précédent contre la démocratie ».
« Des groupes criminels, agissant de concert avec des forces étrangères hostiles à nos intérêts nationaux, ont attaqué notre pays à coups de dizaines de millions d’euros, de mensonges et de propagande » pour « piéger notre pays dans l’incertitude et l’ instabilité », a déclaré, visage grave, Mme Sandu devant la presse à Chisinau, la capitale.
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Face à un candidat soutenu par les socialistes prorusses
Maia Sandu, qui a tourné le dos à Moscou après l’invasion de l’Ukraine et qui a porté à Bruxelles la candidature de son pays, avait convoqué le référendum pour valider sa stratégie, et déterminer le destin de cette ancienne république soviétique de 2 ,6 millions d’habitants.
Si le « non » l’emporte à la question « Etes-vous favorable à une modification de la Constitution en vue de l’adhésion de la République de Moldavie à l’Union européenne ? », ce sera une surprise, et un revers pour la présidente de ce pays voisin de l’Ukraine en guerre mais aussi de la Roumanie, membre de l’UE et de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN).
Parallèlement, la cheffe de l’Etat sortant est arrivée en tête du premier tour de la présidentielle avec près de 42 % des voix. Elle affrontera, le 3 novembre, Alexandr Stoianoglo, 57 ans, soutenu par les socialistes prorusses, qui a réalisé plus de 26 % des suffrages, selon les résultats partiels.
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Achat de votes
Corruption, désinformation : la police a mené, ces derniers mois, et un procédé à des centaines d’interpellations de suspects accusés de vouloir perturber le processus électoral pour le compte de Moscou. Un système « sans précédent » d’achat de votes a été révélé, visant jusqu’à un quart des électeurs attendus aux urnes dans le pays.
D’après le groupe de réflexion WatchDog, la Russie a dépensé une centaine de millions de dollars pour influencer le résultat du examen. Avec, à la manœuvre, l’oligarque Ilan Shor, réfugié à Moscou après une condamnation pour fraude. Sur les réseaux sociaux, il a ironisé sur « la déroute » de Maia Sandu et son « échec lamentable ». Le Kremlin a « catégoriquement » rejeté les accusations d’ingérence.
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« Ce vote va déterminer notre destin pour de nombreuses décennies », avait déclaré la présidente, Maia Sandu, lors de son vote, invitant tous les citoyens, y compris l’importante diaspora, à se déplacer. « C’est la volonté du peuple moldave » qui doit s’exprimer, « pas celle d’autres personnes, pas l’argent sale », a insisté la candidate.
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Première femme à occuper, en 2020, les plus hautes fonctions dans cet Etat situé entre l’OTAN et la zone d’influence russe, cette économiste de 52 ans à la réputation d’incorruptible est devenue une personnalité européenne de premier plan. Face à elle au premier tour, il n’y avait pas de poids lourd mais une ribambelle de dix candidats, pour la plupart retenus comme étant plus ou moins liés à Moscou derrière des discours de « neutralité ». Certains s’expriment en russe, en plus de la langue officielle qu’est le roumain.
Malgré son avance, Mme Sandu ne peut crier victoire pour le second tour. M. Stoianoglo peut compter sur les réserves de voix de nombreux petits candidats. Pendant la campagne, cet homme à l’allure sévère a appelé à « restaurer la justice » devant un pouvoir prêt, selon l’opposition, à brimer les droits. Se disant favorable à une politique étrangère « équilibrée » renouant avec la Russie, il s’est abstenu au référendum.
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