Au moins 2 000 cheminots de la Société nationale du chemin de fer du Congo, SNCC, doivent partir à la retraite. Ils sont éligibles pour certains depuis 7 ans, mais restent actifs dans la société. Ils perçoivent donc leur salaire, faute de ressources financières pour payer leur décompte final. Toutefois, au début du mois de mars, la SNCC a réussi à mettre à la retraite 250 travailleurs grâce à un appui du gouvernement congolais. La situation des agents de la SNCC n’est pas unique ; dans presque toutes les entreprises publiques du pays, des travailleurs partent à la retraite sans jamais toucher leurs allocations.
La Société nationale du chemin de fer du Congo compte 12 000 travailleurs, dont la moitié à plus de 60 ans. Certains de ces cheminots devaient prendre leur retraite depuis 2014, mais le processus de leur départ a pris du retard, faute de moyens financiers propres à la société. Le gouvernement de la RDC a ainsi débloqué 4,5 millions de dollars pour financer le départ à la retraite d’un premier groupe de 255 agents, précise Victor Umba, président de la délégation syndicale à la SNCC. « Tout ce que vous avez vu aujourd’hui, c’est le résultat de beaucoup de négociations que nous avons menées auprès de l’employeur et auprès du gouvernement, propriétaire de l’entreprise. Dans le groupe des retraités de 2014, on a perdu pas moins de 30 agents qui sont morts, qui ont été attendus jusqu’à aujourd’hui. »
Au total, 2 000 cheminots doivent non seulement partir de la retraite, mais aussi toucher leurs allocations auprès de la Caisse de Sécurité sociale. Et pour cela, la SNCC a besoin d’un financement important. « Il nous faut disposer de plus ou moins de 77 millions de dollars, affirme Joachim Kakase, directeur des ressources humaines à la SNCC. En attendant, c’est une charge pour l’entreprise. En fait, ça handicape même l’avancement de l’entreprise. Il nous faudra avoir cet argent pour leur départ et ensuite recruter des jeunes gens afin de rajeunir la société. »
Le dernier processus de mise à la retraite à la SNCC remonte à 2013. Il a été financé par la Banque mondiale à hauteur de 20 millions de dollars. 2 200 retraités sont partis, mais jusqu’à présent, ils n’ont jamais perçu leurs allocations de retraite. Selon Maître Hubert Tshiswaka, directeur de l’Institut de recherche en droits humains, en plus de ces cheminots retraités en 2013, près de 7 000 autres retraités des autres entreprises publiques ne bénéficient pas de leurs droits.
« Nous en appelons au gouvernement, pour qu’il regarde aussi le cas des agents SODIMICO. Ils avaient déjà payé leurs cotisations ouvrières que l’entreprise SODIMICO n’a jamais versées à la caisse de sécurité sociale, précise Maître Hubert Tshiswaka. Il y a aussi des agents de la GECAMINES qui réclament toujours la régularisation de leurs retraites. Et ce qui se passe à la SNCC aujourd’hui devrait être appliqué à travers la République, pour que les personnes de troisième âge jouissent de leurs droits. »
La Caisse nationale de Sécurité sociale indique, quant à elle, que les allocations de retraite ne sont payées que si l’entreprise lui reverse les cotisations des travailleurs. Un reversement qui fait très peu d’entreprises publiques.