L’Observatoire de la dépense publique (ODEP) a salué l’initiative du gouvernement d’organisateur des États généraux de la justice, tout en émettant de sérieuses réserves sur le diagnostic posé sur l’état de la justice congolaise par le président de la République.
Dans un communiqué du 7 novembre, l’ODEP estime que le système judiciaire congolais n’est pas « malade », mais bien « instrumentalisé », et ce, principalement par le président Félix Tshisekedi lui-même.
« Le président Tshisekedi a tort de répéter que la justice congolaise est malade. La réalité est bien plus complexe. La justice est utilisée comme un outil politique pour servir les intérêts du pouvoir en place », souligne l’ODEP.
Pour illustrer ses propositions, l’ODEP cite plusieurs exemples, dont le classement sans suite de l’affaire Nicolas Kazadi, impliquant de hauts responsables de l’État dans un scandale de corruption.
« Ce classement est la preuve flagrante que la justice peut être orientée pour protéger les intérêts d’un cercle restreint de personnes », dénonce cette organisation de la société civile.
L’ODEP rappelle également les cas de Jean-Marc Kabund, Vital Kamerhe et d’autres opposants politiques poursuivis judiciairement, selon l’organisation, pour des raisons politiques. Selon l’ODEP, l’instrumentalisation de la justice constitue le principal obstacle à toute réforme profonde du système judiciaire.
« Quelles que soient les recommandations qui sortiront des États généraux de la justice, elles ne pourront pas être mises en œuvre tant que la justice restera au service du pouvoir », prévient l’organisation.
La République démocratique du Congo vit un moment crucial pour son système judiciaire. Les travaux des États généraux de la justice sont ouverts depuis ce mercredi 6 novembre à Kinshasa, marquant une nouvelle étape dans la quête d’une justice plus équitable et efficace.
Sous le thème “Pourquoi la justice congolaise est-elle qualifiée de malade ?”, ces assises rassemblent un parterre d’acteurs du monde judiciaire, de la société civile et du pouvoir politique. Le constat est sans conteste que la justice congolaise souffre de maux chroniques, tels que la corruption, l’impunité, le clientélisme et l’incurie.
Kuzamba Mbuangu