En tournée dans le nord-est du pays, le président Félix Tshisekedi a relancé mercredi (23h10) le débat relatif au changement de la Constitution. Félix Tshisekedi a promis de mettre en place, dès l’année prochaine, une commission qui sera chargée d’élaborer une “Constitution adaptée aux réalités” du pays. Surtout, le président congolais a abordé la question de la limitation des mandats. La Constitution congolaise comporte en effet des articles dits « verrouillés », dont l’un stipule que le président est élu pour « un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois ». Or, le président congolais exerce actuellement son deuxième mandat. Pour modifier cette disposition, “il revient au peuple du décideur et non au président de la République”, a souligné Félix Tshisekedi.
Réaction de Bob Kabamba, politologue et professeur à l’université de Liège, en Belgique.
L’interview de Bob Kabamba
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Bob Kabamba : L’objectif du président Tshisekedi est ailleurs. Puisque nous sommes dans la vague, quand on regarde un petit peu ce qui se passe sur le continent africain. À chaque fois qu’un président de la République arrive presque à la fin de son deuxième mandat, revient la question du troisième mandat. Et comme le texte constitutionnel interdit la possibilité pour lui de briguer un troisième mandat, la meilleure façon de faire, c’est de pouvoir changer de Constitution.
Les raisons qu’il invoque sont des raisons qui ne tiennent pas compte de tout la route et qui, semblent-t-il, répondent uniquement à ce désir de se représenter pour un troisième mandat. Et comme cette possibilité est interdite par la Constitution, donc, il faut la changer pour que Tshisekedi reste au pouvoir.
DW : Pourtant, Bob Kabamba, l’actuelle Constitution promulguée en 2006, a été révisée en 2011 par les parlementaires congolais, sans qu’elle n’ait permis au président Joseph Kabila de briguer un troisième mandat.
Joseph Kabila et Félix Tshisekedi à Kinshasa lors de la passation des pouvoirs Image : Jérôme Delay/dpa/picture alliance
Bob Kabamba : La Constitution elle-même, donne les règles et ce qui peut être révisée et ce qui ne peut pas être révisée. C’est ce que vise le président Tshisekedi, c’est ce qui ne peut pas être révisé, notamment la question de la durée du nombre de mandat, la question liée au mandat, à la durée du mandat, notamment la question liée aux provinces notamment aussi à toute une série d’autres questions qui sont inévitables, comme la question de la forme représentative de l’État, comme les principes des droits de l’homme, des droits humains qui sont consolidés dans cette Constitution ne pas être modifiés .
Toutes ces dispositions qu’il veut changer sont inchangeables. Et donc l’objectif est de changer la Constitutions pour sauter cet écueil qui empêche pour l’instant ce qu’il dit d’envisager un troisième mandat.
DW : Mercredi à Kisangani, le président Félix Tshisekedi n’a pas clairement fait allusion à son intention de vouloir changer la Constitution pour s’éterniser à la tête du pays. Il a plutôt dit que la RDC devrait se doter d’une Constitution adaptée aux réalités du pays.
Bob Kabamba : C’est ça. Quand on dit adaptation aux réalités congolaises, ça veut dire changer la Constitution et changer la Constitution. Donc nous allons dans ce qu’on appelle un coup d’Etat institutionnel où on va arriver à dire que la Constitution actuelle n’est plus d’application. Et si cette constitution actuelle n’est plus d’application, ça veut dire que toutes les institutions, toutes les structures que cette Constitution a organisées deviennent caduques.