En République démocratique du Congo, une des priorités du nouveau gouvernement est de s’attaquer au problème du chômage des jeunes. Cette promesse n’est cependant pas nouvelle.
En 2021, un sondage réalisé par le Fonds des Nations unies pour l’enfance, l’Unicef, établissait ainsi que 78% des jeunes excités n’avaient pas de travail et que 25% n’avaient pas d’opportunités d’emploi dans leur filière d’étude.
A Kinshasa, l’emploi des jeunes demeure ainsi un défi majeur, car ceux-ci se retrouvent sans emploi malgré leurs qualifications.
Ainsi, cela fait un bon moment que Mardochée Sweli tente de trouver un emploi dans l’une des entreprises de la place. Son diplôme de licence en droit obtenu à l’Université pédagogique nationale de Kinshasa ne suffit pas.
L’absence d’expérience professionnelle fait partie des critères qui font que sa demande est rejetée.
“Vous savez, quelqu’un qui n’a jamais travaillé avant, qui désire trouver un emploi, on lui demande déjà en amont, de l’expérience. On vous demande un minimum de deux ans d’expérience ! Vous qui venez à peine de finir vos années d’université”, se désole Mardochée Sweli.
Le secteur informel comme seule option
A Kinshasa, le niveau d’employabilité des jeunes est très faible annuellement. Pourtant, la ville compte une quarantaine d’universités et instituts supérieurs reconnus, sans compter d’autres établissements d’enseignement supérieur qui ne sont pas reconnus.
Par manque d’opportunités d’emplois, certains jeunes s’orientent vers le secteur informel.
Le secteur informel reste souvent la seule porte se sortie pour la jeunesseImage : Samir Tounsi/AFP/Getty Images
C’est le cas de Lajoie David, un jeune licencié en réseaux et télécommunications à l’institut supérieur de statistiques de Kinshasa depuis l’année 2022. Aujourd’hui, c’est grâce aux revenus tirés de l’exploitation d’une cabine téléphonique qu’il assure sa survie.
“Je suis revendeur d’unités, et nous n’allons pas baisser les bras, explique-t-il à la DW. Bien qu’en cherchant du travail, on ne pourra pas rester à la maison. Et c’est que nous avons aussi pu remarquer : il n’y a pas assez d’emplois dans le pays”.
Le rôle des services publics
Pour l’analyste politique Christian Moleka, les services publics peuvent absorber une partie des jeunes chômeurs si de bonnes politiques sont mises en œuvre. Il souligne le rôle que pourrait jouer l’autorité provinciale.
D’après lui, “il a des compétences qui lui sont reconnues, notamment en termes d’administration, des services publics provinciaux, donc le gouverneur peut prendre des initiatives. Mais comme les préalables, il va buter sur le fait que la Constitution fait de cette question, une question transversale. Et donc ils seront appelés à collaborer avec le gouvernement central pour avoir des réponses plus complètes à la question”.
Devant les députés réunis en plénière, la Première ministre, Judith Suminwa Tuluka, a déroulé mardi 11 juin un programme qualifié d'”ambitieux” qu’elle a chiffré à 92,9 milliards de dollars sur cinq ansImage : BENOIT DOPPAGNE/Belga/IMAGO
Christian Moleka suggère quelques initiatives qui peuvent cependant être prises au niveau provincial pour aider la jeunesse à trouver une profession.
Il propose de « redynamiser les structures provinciales, notamment la DGRK, la Régie Fiscal de la ville, mettre en place des services publics, comme la fonction publique provinciale, qui permet d’encadrer les jeunes. Mais on peut également soutenir l’entreprenariat des jeunes On sait que l’agriculture est une compétence de la province et donc accompagner la jeunesse dans l’agro-industrie plutôt que laisser ces jeunes dans le phénomène Kuluna, et en dernier lieu, il faut encourager l’accès au crédit”.
Ecoutez le reportage à Kinshasa…
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Adaptateur les formations au marché de l’emploi
Mais le problème du chômage sera définitivement résolu, si l’État prend des dispositions pour adapter la formation universitaire aux besoins du marché de l’emploi, c’est-à-dire, corriger l’inadéquation entre la formation offerte et les domaines d’activité. ’employabilité, estime encore l’expert Christian Moleka.
Selon lui, “il y a la nécessité à la fois de remettre en question ou de réévaluer la qualité de la formation, de l’adaptateur aux besoins du marché mais également de créer des passerelles qui permettent au monde de l’emploi de parler avec l ‘université et à l’université de s’adapter au besoin du monde de l’emploi”.
Beaucoup de jeunes Kinois s’estiment dupés par les politiciens qui font des promesses d’emplois en périodes électorales. Des promesses qui ne sont jamais suivies d’effet une fois élues.