Il est ainsi devenu le premier pays en Afrique à inclure le vaccin antipaludique dans son calendrier de vaccination systématique. Quels sont les défis auxquels le Cameroun a dû faire face depuis le début de la vaccination et quels sont les résultats sur le terrain ? Des détails avec vous.
Aux prémices de l’intégration du vaccin antipaludique dans son programme élargi de vaccination, le Cameroun a dû faire face à d’innombrables défis, notamment l’absence de doses suffisantes de vaccin.
Le docteur Andrea Njoh est le secrétaire permanent adjoint du Programme élargi de vaccination au Cameroun et il explique que le manque de vaccins les a obligés à établir des priorités.
“Le stock de vaccins était trop limité pour vacciner 250.000 enfants par an. On a donc choisi 42 districts au Cameroun, où le paludisme était le plus répandu. Les habitants des autres districts se plaignaient et exigeaient pourquoi ils n’avaient pas été sélectionnés alors que leurs enfants étaient atteints de paludisme.”, at-il dit.
Jusqu’à présent, le Cameroun a également eu du mal à se doter d’équipes de vaccinateurs bien rodées. C’est ce qu’explique le docteur camerounais Aubin Nino Baleba, spécialiste de la santé internationale et du développement. Il parle également du déficit logistique.
“En termes de ressources humaines, il y a des mobilisateurs et des vaccinateurs qui sont formés. Ils sont de jeunes volontaires et ce qu’ils reçoivent, comparés aux efforts qu’ils fournissent, n’est souvent pas suffisant. Il y a aussi leurs moyens de déplacement, ce qui n’est pas aussi facile”.
Les fausses informations sur le vaccin
Le paludisme est l’une des principales causes de mortalité chez les enfants de moins de cinq ans en RDCImage : Brian ONGORO/AFP
Chaque fois qu’un vaccin est introduit, de fausses informations circulent, sapant la campagne de vaccination, et le Cameroun n’a pas fait exception à la règle.
Marthe Ndiang est une journaliste spécialisée dans la vérification des faits, elle est également rédactrice en chef de Datacheck au Cameroun. Elle parle de la réticence de nombreux parents en raison de la désinformation.
“Souvent, les messages qui sont balancés sont du genre : les blancs ont introduit ce vaccin en Afrique pour réduire la population africaine et veulent rendre nos enfants stériles. La conséquence de cette désinformation est que les parents ne veulent pas vacciner leurs enfants”, a dit Ndiang.
Malgré tout, le Cameroun est parvenu à conduire sa campagne de vaccination. Le docteur Andrea Njoh se réjouit du nombre d’enfants vaccinés à ce jour.
“Depuis le début de la vaccination, en janvier, nous avons déjà vacciné environ 150.000 enfants, avec au moins une dose de vaccin. A ce stade, nous avons commencé à administrer la troisième dose. Pour la première dose, nous enregistrons 70% des les enfants qui devraient être vaccinés, et pour la troisième, nous sommes à plus de 50%.”, a affirmé Njoh.
La République démocratique du Congo, qui prévoit d’entamer sa campagne de vaccination contre le paludisme demain jeudi, pourrait également atteindre les résultats escomptés. Pour ce faire, la sensibilisation et la mobilisation des ressources humaines et financières sont primordiales.