En visite à Kisangani ce mercredi 23 octobre, le président Félix Tshisekedi a exprimé son souhait de réviser la Constitution de 2006, soulevant des inquiétudes quant à une éventuelle ambition de briguer un troisième mandat.
À Beni, de nombreux habitants se montrent indifférents face à cette perspective de réforme constitutionnelle. Ils considèrent que, dans un contexte marqué par des menaces de guerre imminentes, une révision de la Constitution ne changerait rien à leur quotidien ni aux dangers qui les entourent.
Annonce diversement appréciée
Les habitants de Beni estiment que les priorités sont ailleurs et que les dirigeants de Kinshasa manquent de volonté pour mettre fin aux conflits.
“Lors de la campagne électorale, il (Félix Tshisekedi) avait promis de réhabiliter la route Beni-Kisangani. À l’époque, il me fallait deux jours pour effectuer ce trajet dans le cadre de mon commerce. Aujourd’hui, cela peut prendre jusqu’à un mois. Pendant ce temps, des gens meurent chaque jour ici, à Beni. Est-ce qu’une révision de la Constitution finira par la guerre ?”, s’interroge un habitant.
Une autre personne ajoute : “Je pourrais envisager de soutenir un changement si cela visait à apporter des solutions concrètes aux problèmes de la population.”
Mais d’autres expriment des craintes. “S’il modifie la Constitution, ce sera pour tenter de s’accrocher au pouvoir pour un troisième mandat. Nous avons voté massivement pour lui, mais il a trahi notre confiance”, déplore un habitant.
Depuis fin 2021, les armées congolaise et ougandaise mènent des opérations conjointes contre les ADF dans le Nord-Kivu et la province d’Ituri voisine, sans réussir pour le moment à empêcher les attaques meurtrières contre les civils.Image : Al-hadji Kudra Maliro /AP Photo/photo alliance
La priorité est ailleurs
Jackson Bwahasa, membre de la société civile de Butembo, une autre ville de l’est de la RDC, rappelle que l’UDPS, le parti du président actuel, s’opposait à une révision similaire sous le président Joseph Kabila. Pour lui, la RDC fait face à des défis urgents, et la priorité n’est pas de changer la Constitution.
“Pendant son premier mandat, il affirmait être limité par le régime de Kabila ; maintenant, c’est la Constitution qui poserait problème. La Constitution pourrait être modifiée mille fois, mais tant que les mêmes personnes resteront aux mêmes postes, rien ne changera. Le peuple a simplement besoin d’un minimum de volonté politique. Nous savons tous que le président Tshisekedi est dans son dernier mandat. Il s’était lui-même opposé à une telle modification lorsqu’il était dans l’opposition actuelle. sont de ramener la paix, de mettre fin aux grèves des enseignants et des médecins. Le changement de la Constitution ne figure pas parmi elles.
Le président Tshisekedi a annoncé, ce mercredi à Kisangani, la mise en place en 2025 d’une commission nationale pour l’élaboration d’une nouvelle Constitution.
Il souhaite un texte « adapté aux réalités » de la RDC, estimant que la Constitution actuelle est dépassée et marquée par l’influence de pays étrangers comme le Rwanda. Pourtant, dans la province du Nord-Kivu, où le Rwanda soutient les rebelles du M23, cet argument peine à convaincre.