La transition vers une économie verte pourrait être une opportunité historique pour l’Afrique. Selon une analyse récente du rapport « Forecasting Green Jobs in Africa » publiée par FSD Africa et Shortlist, le continent pourrait générer entre 1,5 et 3,3 millions d’emplois verts directs d’ici 2030. Ces emplois, répartis dans plusieurs secteurs clés, répondraient aux besoins croissants de la jeunesse africaine et contribueraient à la lutte contre le changement climatique.
Potentiel par Secteur et Sous-secteur
Le rapport identifie le secteur de l’énergie comme un levier majeur pour l’emploi, avec une prévision de 2 millions de nouveaux postes, représentant 70 % des emplois verts potentiels. L’énergie solaire, en particulier, est la plus prometteuse, avec 1,7 million d’emplois potentiels liés à la fabrication, l’installation et la maintenance des panneaux solaires. Par ailleurs, le transport et la distribution d’électricité pourraient générer environ 197 000 emplois supplémentaires. D’autres sources d’énergie renouvelable, comme l’hydroélectricité et l’éolien, sont également considérées comme vecteurs de croissance, surtout dans des régions comme l’Afrique de l’Est et du Sud.
L’agriculture et la conservation de la nature représentent le deuxième grand secteur d’emploi vert, avec environ 700 000 postes potentiels. Les technologies agricoles climato-intelligentes, telles que l’irrigation goutte-à-goutte et l’agroforesterie, pourraient offrir jusqu’à 377 000 emplois. Parallèlement, des activités comme l’aquaculture et la production de volailles, principalement en Afrique de l’Ouest et centrale, pourraient générer près de 189 000 emplois en réponse à la demande croissante de protéines. La conservation des écosystèmes, par le biais de projets de restauration des mangroves et de gestion des parcs naturels, est également un domaine prometteur, avec une estimation de 117 000 postes.
Analyse par Pays : Les Champions de l’Économie Verte en Afrique
Certains pays du continent sont particulièrement bien placés pour devenir des leaders dans la création d’emplois verts. En Afrique du Sud, le secteur solaire pourrait générer entre 85 000 et 275 000 emplois d’ici 2030. Au Nigeria, les technologies agricoles et l’aquaculture pourraient offrir de 60 000 à 240 000 postes. Le Kenya, lui, pourrait voir croître les emplois dans le secteur solaire et les infrastructures de mobilité électrique, avec des projections allant de 40 000 à 240 000 postes.
En Éthiopie, l’hydroélectricité est le secteur clé, avec des prévisions d’environ 33 000 emplois. Grâce à son potentiel hydraulique, l’Éthiopie pourrait devenir un acteur régional de premier plan en matière d’énergie renouvelable. Enfin, en République Démocratique du Congo (RDC), le secteur de l’hydroélectricité, notamment via le projet du barrage d’Inga, pourrait créer jusqu’à 45 000 emplois, soutenant ainsi le développement industriel et énergétique du pays.
Défis de Qualification et Besoins en Formation
Pour que ces prévisions d’emploi deviennent réalité, la question de la qualification de la main-d’œuvre est cruciale. Le rapport souligne que près de 60 % des emplois verts nécessiteront une certaine expertise technique, incluant des compétences dans la maintenance des installations solaires ou l’ingénierie des énergies renouvelables. Près de 10 % de ces postes exigeraient un diplôme universitaire, tandis que 30 % nécessiteraient une certification technique spécifique. Environ 40 % des emplois verts prévus seraient non qualifiés, offrant des opportunités d’accès au marché du travail pour les jeunes Africains, notamment dans les secteurs de l’assainissement et du recyclage.
Enjeux Politiques et Besoins Financiers
La transition vers une économie verte nécessite des investissements substantiels, évalués à près de 100 milliards de dollars par an. Ces fonds devraient financer le développement des infrastructures nécessaires à la production et à la distribution d’énergie renouvelable. En parallèle, des réformes réglementaires favorables et des incitations fiscales pourraient encourager les investissements privés et réduire les risques financiers associés aux nouveaux projets.
Enfin, une coopération étroite entre les gouvernements, les entreprises privées et les institutions de formation sera nécessaire pour aligner les compétences locales avec les besoins du marché. Le rapport préconise ainsi des partenariats publics-privés pour renforcer les capacités locales en matière d’innovation et de gestion durable des ressources.