Vital Kamerhe, président de l’UNC
La prorogation systématique de l’état de siège a fait l’objet de discussions, ce mercredi, à la Chambre basse du Parlement congolais où le vice-ministre de la Justice a présenté un projet de loi portant d’une nouvelle prorogation de cette mesure exceptionnelle . Vital Kamerhe, président de l’Assemblée nationale, a exprimé la position de ses collègues, opposés à une reconduction automatique de cette mesure sans évaluation préalable.
Désormais, la prorogation systématique de l’état de siège pourrait rencontrer de sérieuses résistances au sein de l’Assemblée nationale congolaise.
La prolongation de l’état de siège en question
Si depuis longtemps, de nombreuses voix de politiques, de personnalités de la société civile et de figures religieuses se sont élevées pour dénoncer cette mesure du gouvernement de Félix Tshisekedi, mettant en cause son inefficacité, cette fois le débat prend une nouvelle tournure au Parlement. Déjà la 83e prorogation de la mesure à l’Assemblée n’avait pas été aisée. Les débats houeux ont été marqués par l’opposition farouche des élus ressortissants de l’est de la RDC (Sud et Nord Kivu et Ituri) à cette prorogation. Vital Kamerhe lui- ressortissant du Sud-Kivu a finalement convaincu ses collègues de procéder au vote. Toutefois, cela ne fut possible qu’à une condition : évaluation de la mise en œuvre globale de la mesure en vue de formuler des recommandations à adresser au chef de l’État.
Malgré l’absence d’une évaluation, le gouvernement sollicite à nouvelle une prorogation, pour la 84e fois. C’est le vice-ministre de la Justice, Samuel Mbemba, qui a eu la charge de présenter le projet de loi aux élus nationaux.
Vital Kamerhe porte la voix de ses collègues
Ce mercredi, le président de la Chambre basse du Parlement, Vital Kamerhe, n’a pas hésité à exprimer ses critiques au vice-ministre de la Justice au sujet de la question des prorogations continue de l’état d’urgence. « Ici, à l’Assemblée nationale effectivement, nous en avons marre d’aller de prorogation en prorogation. 84e prorogation, nous disons cela parce que vous-mêmes au Conseil des ministres il y a 10 ou 12 jours, vous avez dit que vous avez pu adopter des mesures d’assouplissement de l’état de siège. Mais pendant 10 jours qu’est-ce que vous attendez pour communiquer cela à la Chambre basse pour qu’on se calme quand même nos populations que quelque chose est en train de se faire ? », s’interroge Vital Kamerhe. Avant d’ajouter, comme pour dédouaner Félix Tshisekedi : « Parfois les gens s’en prennent au président de la République alors que la gestion au quotidien du pays c’est le gouvernement ».
Pour Vital Kamerhe, le prochain conseil des ministres devrait se pencher sur la question de l’état d’urgence, notamment sur son évaluation. « Vous avez conseil des ministres vendredi, abordez cette question de l’état de siège, s’il vous plaît puisque vous risquez de nous mettre en difficulté par rapport à la prochaine prorogation. Vous ne connaissez pas les acrobaties que nous faisons ici pour parler avec les députés nationaux du Nord, du Sud-Kivu et de l’Ituri », a expliqué le président de l’Assemblée nationale. Et d’ajouter : « Les députés demandent effectivement qu’il y ait une évaluation en présence des gouverneurs militaires, du vice-premier ministre, ministre de la Défense, du vice-premier ministre, ministre de l’Intérieur, du ministre d’ État, ministre de la Justice », a insisté Vital Kamerhe.
Mise en œuvre depuis mai 2021, la mesure de l’état de siège n’aura pas du tout rempli les missions à elle assignées. Raison pour laquelle elle est décriée par une bonne partie de la population congolaise en dehors des membres du gouvernement, les seuls à continuer de la juger pertinente demandant chaque fois sa prolongation.