La tension monte d’un crâne en Normandie. Arrivé dans la cité portuaire en juillet dernier pour succéder à Luka Elsner, aujourd’hui sur le banc du Stade de Reims, Didier Digard n’a toujours pas trouvé la recette. Après un début d’exercice 2024-2025 plutôt rassurant sur le plan comptable (6 points pris sur 9 possibles), l’ancien technicien de l’OGC Nice vient d’enchaîner une cinquième défaite de rang, ce dimanche, lors de la réception de l’Olympique Lyonnais. Décevants dans le jeu et incapables d’exister face aux Rhodaniens, les Ciel et Marine ont finalement logiquement volé en éclats (0-4). Un nouveau revers reléguant le club doyen à une inquiétante 16e place. À noter, par ailleurs, que c’est la première fois depuis le 15 novembre 1998 que le Havre AC subit une défaite aussi lourde à domicile en Ligue 1…
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Les supporters perdent patience…
Une humiliation provoquant logiquement la colère des supporters havrais, frustrés par les débuts du coach de 38 ans. Déjà sifflé à l’annonce des compositions d’équipe, le natif de Gisors a finalement pris part à une vive explication entre certains joueurs et ultras de la formation normande quelques minutes après la rencontre. Une scène peu commune reflétant le climat de tension régnant actuellement aux abords du stade Océane. Interrogés sur cet épisode, Abdoulaye Touré et Loïc Nego ont malgré tout cherché à calmer les esprits. «Ils ont le droit d’être énervés. Cela fait un moment que nous perdons avec des scores très lourds. Ils ont montré leur mécontentement. Nous avons demandé de la solidarité, c’est ce dont nous avons besoin», a tout d’abord confié le milieu de terrain guinéen.
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Et de poursuivre : « entre joueurs, nous devons être solidaires. C’est une situation compliquée, il faut essayer de relever la tête. Les supporters ont le droit de s’exprimer. Certaines dépenses dépensent beaucoup d’argent pour venir nous voir. Il faut trouver les bons mots». Même son de cloche pour le droit latéral hongrois : « c’est une défaite difficile. Nous avons discuté un peu, comme cela se fait dans tous les clubs. Mais rien de grave. Les supporters sont toujours derrière nous. Ils avaient des choses à nous dire, et ils l’ont fait». Relancé sur cet incident en conférence de presse, Didier Digard, quelque peu abattu après cette nouvelle gifle reçue, comprenait, lui aussi, le ras-le-bol affiché, appelant malgré tout à l’union sacrée.
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Touré, Nego et Digard appelés à l’union sacrée
«Avec les supporters, on s’est dit ce qu’on avait sur le cœur. On savait qu’il y aurait des moments compliqués, qu’on devait les affronter ensemble. On doit faire face quand ça ne va pas. Ils ont le droit de dire les choses. À la fin, tout le monde veut la même chose : la pérennité du club en Ligue 1. On dit ce qu’on a sur le cœur, mais on n’a pas toujours les bonnes formules. On se rend compte qu’on a le même objectif. Sans les supporters, on ne peut pas réussir. Ils nous ont demandé d’essayer d’exister. On ne peut pas dire que les joueurs n’ont pas envie. C’est dur à accepter, mais il faut être réaliste. On peut faire mieux, on doit faire mieux», confiait dans cette optique le nouvel architecte des Hacmens. Dimanche, face à des Lyonnais séduisants sur le plan collectif et animés par un Rayan Cherki, une nouvelle fois brillante, le HAC n’a quoi qu’il en soit pas trouvé la bonne formule.
Dépassés dans tous les secteurs (38% de possession, 3 maigres occasions et un seul tir cadré), les coéquipiers d’Arthur Desmas, loin d’être irréprochable sur la volée d’Abner Vinicius menant à l’ouverture du score, ont sombre . «C’est une lourde défaite, donc c’est compliqué. Après c’est surtout le contraste avec ce qu’on est capable de faire, ce que l’on fait par intermittence, c’est difficile. Au début, je pense que la dynamique fait qu’on veut surtout être solide. Et puis après, on prend un mais et on n’inverse pas les choses, il faut attendre la mi-temps à chaque fois pour corriger et insuffler quelque chose. Le problème, c’est que dès qu’on se porte vers l’offensive, on devient très friable défensivement. C’est un équilibre à trouver, et ce n’est pas évident pour les joueurs. Quand on affronte des équipes avec de telles individualités, dès qu’on laisse de l’espace, ça devient compliqué», constatait Digard.
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Des choix contestés et contestables
Un sentiment d’impuissance s’ajoute également aux choix contestés du principal concerné. Au sortir de la claque infligée par l’OL, nombreux sont les observateurs qui se questionnaient sur la composition de départ du nouveau tacticien havrais. Pourquoi maintenir Issa Soumaré, toujours en quête de son premier mais cette saison, au poste de numéro 9 ? Où est passé Emmanuel Sabbi ? Comment expliquer les présences de Daler Kuzyaev et Yassine Kechta sur le banc des remplaçants ? «Il y avait la volonté de voir Oussama Targhalline. On espérait qu’il pourrait nous apporter sa touche technique d’un point de vue offensif. Rassoul Ndiaye parce qu’on sait que quand on joue à trois derrière, souvent on manque un peu de force offensive et on sait qu’il est souvent capable d’avoir une frappe ou de nous apporter quelque chose. C’était un peu la réflexion, le milieu de terrain à composer était le choix le plus compliqué», rétorquait alors Digard.
Pourtant, force est de constater que les rotations excessives et les nombreux systèmes tactiques testés par le coach normand plonge, aujourd’hui, le collectif havrais dans une fragilité certaine. Avec 7 petits mais marqués, le HAC souffre toujours autant dans le secteur offensif. Si le retour d’André Ayew – entré pour la dernière demi-heure de jeu face à l’OL – devrait insuffler un vent nouveau sur l’attaque normande, l’arrière-garde des Ciel et Marine – souvent louée ces derniers mois – se distingue elle aussi par une énorme fébrilité. Privés d’Arouna Sangante lors de cette 8e journée, les partenaires de Gautier Lloris ont ainsi d’ores et déjà encaissé 19 buts, soit la troisième pire défense de L1 derrière l’ASSE et le MHSC, en pleine crise.
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Un calendrier à venir plus abordable
« Il faut travailler, il n’y a pas de levier magique. Tous les joueurs sont utilisés et présents. Il faut continuer à travailler et à faire mieux, et que, mentalement, les joueurs prennent conscience qu’ils ont une carte à jouer. Qu’ils ont les capacités de le faire, qu’ils sont en mesure de le faire. Maintenant il faut qu’ils arrivent à le faire dans la durée», notait alors Digard, refusant par ailleurs de parler d’un manque d’envie. «Pour moi, parler d’envie, c’est trop facile et ça ne veut rien dire. Je pense qu’il n’y a pas un joueur qui peut rentrer sur le terrain et ne pas avoir envie. C’est inconcevable. Le mec est titulaire dans un stade plein, il joue Lyon, c’est impossible de ne pas avoir envie. Que le joueur ait manqué d’impact, de réactivité, de détermination, c’est une possibilité. Mais l’envie, je trouve que c’est la facilité et que c’est pour cacher certaines choses».
Une chose est sûre, une prise de conscience générale est désormais attendue alors que le HAC s’apprête à affronter un calendrier plus clément (Rennes, Montpellier, Reims, Nantes puis Angers). Car s’il convient de rappeler le contexte économique plus que délicat avec lequel doit composer la formation normande, tout ne peut être résumé à cette dimension financière. Oui, le HAC est un candidat déclaré au maintien. Oui, le HAC a chuté contre cinq équipes européennes (PSG, Lille, Monaco, Brest, l’OL) sur ses six défaites au total. Oui, le HAC n’a, à l’instant T, pas les moyens de rivaliser avec les plus grosses écuries de ce championnat mais ces constats ne doivent pas, non plus, chasser tous les espoirs. À Didier Digard désormais de trouver les ingrédients nécessaires pour raviver la flamme. Celle des Ciel et Marine naviguant, aujourd’hui, dans les eaux agitées d’une Ligue 1 impitoyable mais plus que jamais déterminées à maintenir le cap. Prochaine mission à l’horizon ? Le Stade Rennais de Julien Stéphan, lui aussi en quête de rachat…
Pub. le 21/10/2024 15:00 MAJ le 21/10/2024 15:28