Ces dernières années, l’Europe a dû faire face à un défi persistant et croissant : l’augmentation du nombre de migrants africains cherchant l’asile. Malgré de nombreuses stratégies et accords, le continent n’a pas encore trouvé de solution efficace pour freiner cette vague croissante d’immigration. Cette réalité souligne une vérité fondamentale : l’Europe doit repenser son approche de l’immigration africaine et s’attaquer aux causes profondes qui alimentent ces flux migratoires.
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Le nombre de demandeurs d’asile africains en Europe a augmenté régulièrement au cours de la dernière décennie. Selon les statistiques récentes de l’Union européenne, des dizaines de milliers de migrants continuent d’arriver chaque année, dont beaucoup fuient les difficultés économiques, l’instabilité politique et la dégradation de l’environnement. Si certains cherchent refuge face aux conflits, la grande majorité est à la recherche de meilleures opportunités d’emploi et de meilleures conditions de vie, inaccessibles dans leur pays d’origine.
Pourquoi l’immigration va continuer à croître
La réalité démographique de l’Afrique suggère que l’immigration ne ralentira pas de sitôt. La population du continent devrait presque doubler d’ici 2050, passant de 1,4 milliard à environ 2,5 milliards d’habitants. Avec une telle croissance rapide, de nombreux pays africains peinent à répondre à la demande croissante d’emplois, de services et d’infrastructures. D’ici 2050, 1 milliard de personnes sur le continent seront en âge de travailler, ce qui signifie que 25 % de la main-d’œuvre mondiale sera africaine.
Le manque d’opportunités économiques est un facteur clé de l’immigration. Le secteur agricole sous-développé de l’Afrique est un exemple frappant. Bien que le continent possède 60 % des terres arables non utilisées du monde, il ne parvient pas à se nourrir lui-même. Les importations alimentaires nettes coûtent à l’Afrique entre 35 et 42 milliards de dollars par an en moyenne et devraient atteindre 110 milliards de dollars d’ici 2025. De plus, la productivité agricole reste faible : par exemple, le rendement moyen du maïs en L’Afrique est de seulement 1,8 à 2 tonnes par hectare, contre une moyenne mondiale de 5,11 tonnes par hectare.
Le déficit industriel de l’Afrique
Au cœur de cette crise migratoire se trouve un problème économique fondamental en Afrique : le manque d’industrialisation. Bien que le continent soit riche en ressources naturelles, de nombreux pays africains n’ont pas réussi à développer des industries capables de transformer ces matières premières en produits à haute valeur ajoutée. Au lieu de cela, les ressources sont souvent exportées vers des nations plus richesses, où elles sont transformées et revenus à des prix élevés.
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Bien que l’Afrique possède plus du quart des terres arables mondiales, le continent ne génère que 10 % de la production agricole mondiale. En outre, les économies africaines sont à environ 80 % rurales, mais il n’y a pas une seule école d’agriculture digne de ce nom, privée du secteur d’innovations et de travailleurs qualifiés.
Un exemple marquant de ce sous-développement se trouve dans l’agriculture. Bien que l’Afrique possède plus du quart des terres arables mondiales, le continent ne génère que 10 % de la production agricole mondiale. En outre, les économies africaines sont à environ 80 % rurales, mais il n’y a pas une seule école d’agriculture digne de ce nom, privée du secteur d’innovations et de travailleurs qualifiés.
L’industrie du cacao illustre encore plus cette disparité. Abba Bello, directeur général de la Banque Nigériane d’Import-Export, a récemment souligné lors du Forum international du cacao et du chocolat que l’industrie mondiale du cacao – y compris les fèves, le beurre et le chocolat – vaut environ 200 milliards de dollars par an. Malgré le fait que la région productrice de cacao d’Afrique de l’Ouest (Côte d’Ivoire, Ghana, Cameroun et Nigéria) représente environ 70 à 75 % de la production mondiale, elle ne génère que 10 milliards de dollars de revenus. Cette disparité révèle la participation limitée de l’Afrique aux étapes à valeur ajoutée de la production, là où se concentrent les véritables profits.
Un appel à l’investissement européen en Afrique
L’Europe doit reconnaître que pour résoudre le problème de l’immigration africaine, il faut une approche proactive à long terme. Investir dans les capacités industrielles de l’Afrique, en particulier dans la transformation des matières premières, est un pas crucial. En construisant des industries en Afrique, les nations européennes peuvent aider à créer des emplois, à stimuler les économies locales et à réduire les moteurs économiques de l’immigration.
Prenons l’exemple du secteur minier : l’Afrique abrite de vastes gisements de minéraux tels que le cobalt, le lithium et le cuivre, tous essentiels à la production de batteries pour véhicules électriques. Pourtant, la majorité de ces matériaux sont extraits et exportés sans processus de transformation locale significatif. Si les entreprises européennes investissaient dans des installations de transformation en Afrique, cela pourrait générer des milliers d’emplois qualifiés, augmenter les recettes fiscales des gouvernements africains et favoriser un environnement économique plus autonome.
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Le développement de la base industrielle de l’Afrique pourrait également avoir des avantages substantiels pour l’Europe. En aidant les nations africaines à construire une capacité de production, l’Europe créerait de nouveaux marchés pour ses biens et services, sécuriserait son approvisionnement en matières premières critiques et renforcerait ses liens diplomatiques avec ses voisins du sud.
La voie à suivre
Répondre à la question de l’immigration africaine nécessite plus que des politiques de contrôle aux frontières et d’asile. Il est impératif que l’Europe reconnaisse les problèmes économiques structurels qui poussent tant d’Africains à quitter leur pays à la recherche d’une meilleure vie. En favorisant le développement industriel et la transformation des matières premières en Afrique, l’Europe pourra non seulement atténuer les pressions migratoires, mais aussi jeter les bases d’un avenir plus stable et prospère pour les deux continents.
Les destins de l’Europe et de l’Afrique sont inextricablement liés. Il est temps que l’Europe prenne des mesures décisives et investisse dans l’avenir de l’Afrique, pour que l’immigration devienne une opportunité de partenariat, et non un défi à redouter.