Cette conférence explore l’histoire comme cause en revisitant la production de l’histoire académique à la lumière des histoires vernaculaires portées par un nombre grandiose d’acteurs sociaux sur l’ensemble du continent africain. Elle entend moins revenir sur l’historiographie du continent ou ses mémoires que sur la coexistence et la compétition des récits historiques portés par des acteurs qui ne sont pas des historiens professionnels mais dont la vision publique de l’histoire n’est pas sans effets sur fils écriture. Elle retrace les manières dont ces producteurs d’histoire défient, contestent ou dialoguent avec les récits historiques existants et leur rôle et place dans les controverses publiques autour de ces historicités en dispute.
Cette conférence cherche à explorer l’histoire comme cause mobilisatrice en Afrique. La prolifération des histoires vernaculaires, produites par un nombre toujours croissant d’acteurs sociaux à travers le continent, jette un nouvel éclairage sur la production de l’histoire académique. Plutôt que de réexplorer l’historiographie ou la production de mémoire sur le continent, la conférence examinera la coexistence et la concurrence entre les récits historiques générés par des producteurs d’histoire qui ne sont pas des historiens professionnels, mais dont la vision publique du passé change la donne. façon dont l’histoire est écrite. La conférence explorera la manière dont ces producteurs d’histoire défient, contestent ou entrent en dialogue avec les récits historiques établis, et examinera le rôle des historiens amateurs dans les controverses publiques autour de ces historicités contestées.
Programme
lundi 4 novembre 2024
10h30 Présentation
Laurent Fourchard (CERI, Sciences Po) et Gregory Mann (Columbia University)
11h00-12h30 Réinterprétations contemporaines de l’histoire ancienne
Adrien Delmas, Sciences Po – La Modernité comme Moyen-Age. La construction postcoloniale de l’histoire précoloniale
Daouda Gary-Tounkara, CNRS, IMAF – Maliba, le grand Mali de la tradition orale, revisité par le rappeur Van Baxy
12h30-14h00 Déjeuner
14h- 15h30 Réécriture coloniale des histoires familiales
Pietro Repishti, Università degli Studi di Pavia – De père en fils. Politiques, transformations et traductions dans la construction d’une « histoire de Porto-Novo »
Hugo Logez, Columbia University – « Le Livre de la famille de Oliveira ». L’écriture généalogique à Ouidah coloniale
15h30-16h00 Pause
16h00-18h30 Historicités et mémoires populaires de l’esclavage
Gabriel André, CERI, Sciences Po – Des entrepreneurs d’histoire(s). Raconter et performer le passé esclavagiste au Fouta-Djallon (Guinée)
Ibrahima Thioub, Université Cheikh Anta Diop de Dakar – Mémoires populaires et esclavage en Afrique : le silence de l’historiographie africaine
Mardi 5 novembre 2024
10h00 – 12h30 Les récits concurrents du roman national
Chloé Josse-Durand, Newcastle University – Récits pluriels et concours mémorielles autour de l’histoire des luttes anticoloniales au Kenya
Timothy Gibbs, Université de Nanterre – Faire de l’histoire dans une société blessée : Le Sinomlando Center for Memory Work et l’ascension de Jacob Zuma en Afrique du Sud
Elara Bertho, CNRS, LAM – Trop bien jouer les traîtres. Quelques réflexions sur les colères de Sékou Touré au sujet de pièces de théâtre historiques (Guinée, 1958-1984)
12h30-14h00 Déjeuner
14h-15h30 La biographie comme récit de la nation
Irene Bono, Università degli Studi di Torino – Conflits biographiques et récits de la nation au Maroc. Parler pour, donner la voix, parler avec
Mylkah Djacko, Université de Columbia – « Et moi ? Sur la construction de la mémoire de Marie-Thérèse Houphouët-Boigny en Côte d’Ivoire
15h30-16h00 Pause
16h00-17h30 Les luttes nationalistes contre l’histoire académique
Séverine Awenengo Dalberto, CNRS, IMAF – « Comment écrire l’histoire de la Casamance ? Elle se vit, d’abord ». Archives et expériences en dispute dans l’historiographie nationaliste
du MFDC (années 1980-1990)
Richard Banégas, CERI, Sciences Po et Armando Cutolo, Università degli Studi di Siena – Politique, prophétisme et parole dans l’historicité ivoirienne
17h30-18h00 Remarques concluantes
Responsable scientifique : Laurent Fourchard, Sciences Po – CERI et Greg Mann, Columbia University