Il y a quelques mois à peine, l’avenir du Daring Club Motema Pembe semblait sombrer dans les abysses de l’incertitude : un destin happé par une spirale infernale d’irrégularités, un club en quête d’une identité longtemps perdue et d’une stabilité naguère égarée. Pourtant, dans cette phase très disputée des Play-offs de la Linafoot 2024-2025, les Immaculés donnent des signes vitaux clairs, tels un patient agonisant revenu miraculeusement à la vie. Le DCMP semble renaître de ses cendres. Mieux encore, le club vert et blanc retrouve fièrement des allures de colosse, de celui qu’on ne regarde plus de haut, mais droit dans les yeux.
DCMP : Un projet sans promesses tapageuses, mais aux résultats bruyamment silencieux
Pas de promesses enflammées, pas de conférences grandiloquentes : le DCMP n’a pas hurlé au miracle, il a juste bossé. Discrètement. À contre-courant d’un football où l’on vend souvent du rêve pour mieux livrer de la désillusion. Ici, pas de révolution de velours, mais une reconstruction à la truelle. L’équipe a troqué son mental de sucre humide contre une volonté granitique.
« La forme actuelle du DCMP vient d’une méforme qui a été longue. Les acteurs ont pris le temps de réfléchir et de trouver des solutions. Le temps de disette a permis aux dirigeants de s’asseoir pour agir. Le premier problème était lié à l’effectif. Dans ce groupe, il y avait un souci au niveau de la défense. Le DCMP est l’une des rares équipes du championnat à avoir changé trois à quatre gardiens », note le journaliste Dieudonné Batotela avec le flegme d’un médecin légiste découvrant que le cadavre bouge encore.
Barthélemy Ngatsono, l’architecte du renouveau du DCMP
Cette renaissance n’a rien d’un hasard. Elle est le fruit d’un savant mélange entre rigueur tactique, volonté collective et émergence de figures fortes, à l’image de Bingi Bello, actuel meilleur buteur du club avec 10 buts. Le DCMP version 2025 s’est réorganisé, structuré, et surtout, a retrouvé une âme grâce au technicien congolais Barthélemy Ngatsomo. L’architecte a fait son travail, et les ouvriers sont également à l’œuvre. Les nouvelles recrues ont fait un bien immense à cette équipe du DCMP.
Bela Luc Mukandila, journaliste sportif à Malaïka Télévision, le dit sans détour. « Barthélemy Ngatsomo, entraîneur principal, est selon moi l’architecte. Il a révolutionné les choses en peu de temps grâce à ses méthodes, son plan de jeu, son discours qui a galvanisé le mental du groupe. Le deuxième élément, c’est le renforcement de l’effectif, avec un mercato ciblé réalisé en grande partie par le coach sortant, Guillaume Ilunga, qui a notamment recruté la principale star du club, Diakana Manzouk. Les arrivées de Jackson Lunanga et Glody Mambembe ont aussi contribué à l’ascension des Immaculés. »
Timothée David Luemba, rédacteur à Iris Football confirme : « L’élément clé du renouveau du DCMP, c’est le coach Barthélemy. Ensuite, ce sont les joueurs. Si vous regardez l’équipe actuelle du DCMP, seuls Arsène Gomez et Mira Kalonji ont joué depuis le début de la saison. Tous les autres sont arrivés après. »
Bingi Bello, l’âme retrouvée des Immaculés
Cette métamorphose s’incarne dans des individualités fortes. Bingi Bello, l’homme providentiel avec 10 buts en championnat, s’impose comme fer de lance de l’attaque. Mais il n’est pas seul : Marzouk, Lubanzadio ou encore Mira Kalonji jouent un rôle essentiel dans le renouveau collectif. Ensemble, ils redonnent au DCMP du style et de l’ambition : jouer et gagner avec fierté.
« Le DCMP a aujourd’hui un effectif de qualité. Lorsqu’ils dominent, ils sont capables de poser le ballon au sol. Le but qu’ils marquent contre Lupopo vient d’un temps de domination prolongé. Ils attaquent, Lupopo récupère le ballon, mais DCMP repart avec un très bon numéro 8 comme Mambembe, un meneur inspiré, un buteur efficace et un gardien solide. Toute la colonne vertébrale est prête à faire mal. », analyse Batotela.
Tata Raphaël, Des Martyrs : des forteresses reconquises
Les stades Tata Raphaël et des Martyrs, théâtres des grandes épopées du club, renouent avec leur passé glorieux. Les deux antres vibrent à nouveau, portés par un public fidèle, témoin d’un DCMP nouveau, conquérant et appliqué. L’ambiance redevient électrique, chaque match est une bataille. Ce retour en grâce se traduit aussi sur le plan comptable. Avec 22 points en 11 journées, le DCMP figure parmi les sérieux prétendants au titre national. Une situation inimaginable il y a encore une saison, lorsque l’objectif se limitait à éviter la relégation.
DCMP : De l’espoir à la reconquête
Le football congolais ne pardonne pas l’inconstance. Le Daring Club Motema Pembe devra donc éviter toute euphorie prématurée. Seule une gestion rigoureuse et une continuité dans les performances pourront transformer ce renouveau en reconquête durable. « La plupart de ces joueurs n’ont pas de contrats longue durée. Zito, Lunanga, Muyadi sont engagés pour seulement quatre mois », note Timothée David Luemba. Le plus difficile reste à venir : confirmer dans la durée.
« Le club peut s’inscrire dans la durée en prolongeant d’abord les contrats de ses renforts actuels, qui caressent le rêve de redorer un blason qu’on ne peut ternir. Il est aussi temps de changer le standing du club, notamment après l’acquisition du terrain Cardinal Malula », souligne Bela Luc Mukandila.
Le chemin vers les sommets est encore long. « Je ne m’attendais pas à ce que le DCMP se réveille. Je pensais que les joueurs allaient s’essouffler, même avec des renforts à mi-saison, la cohésion aurait été difficile. On est d’accord que même au début de la saison, ils n’étaient pas très forts. Heureusement pour eux, les nouvelles arrivées ont apporté un mental de qualité. Et le DCMP a une histoire, et parfois, l’histoire se répète », conclut Batotela.
Le colosse s’est réveillé, et tout le championnat le sent passer. Les Immaculés, ces saints souvent pécheurs, ont décidé de ne pas jouer aux figurants tragiques.
Par Marco Emery Momo
