La capitale mozambicaine, Maputo, est en proie à des violences post-électorales, avec des manifestations réprimées par les forces de sécurité et un péage international.
Ces affrontements marquent le point culminant d’une crise post-électorale qui agite le pays depuis l’annonce des résultats du scrutin présidentiel et parlementaire d’octobre. Alors que le candidat de l’opposition, Venancio Mondlane, appelle à une « marche de la liberté » pour dénoncer les fraudes électorales, la répression gouvernementale fait déjà plusieurs victimes.
Les manifestations étouffées par la répression
Dès l’aube du 7 novembre 2024, le quartier de Maxaquene, à proximité de l’aéroport de Maputo, est plongé dans la fumée des gaz lacrymogènes. Une centaine de jeunes ont tenté de se regrouper pour rejoindre la manifestation pacifique annoncée par l’opposant Venancio Mondlane, mais se heurtent rapidement à une réponse musclée des autorités.
Les forces de l’ordre, soutenues par l’unité d’intervention rapide et l’armée, quadrillent la ville pour prévenir tout rassemblement. Les rues habituellement animées de Maputo sont désertées ; les commerçants ont fermé leurs portes, et les banques ont suspendu leurs activités, alors que la tension s’accroît.
Les scènes de répression se multiplient, et selon Human Rights Watch, au moins 18 personnes ont déjà perdu la vie depuis le début des protestations. Ce bilan pourrait s’alourdir, au vu de la situation explosive dans les quartiers populaires de la capitale.
Coupure d’internet : une atteinte aux libertés individuelles ?
En parallèle des mesures sécuritaires, le gouvernement mozambicain a décidé de restreindre drastiquement l’accès à internet. Depuis plusieurs jours, les réseaux sociaux sont quasiment inaccessibles, limitant la diffusion de vidéos et de messages d’information. Selon l’Institut national des communications du Mozambique, cette coupure vise à empêcher la propagation de contenus incitant à la violence.
Cependant, les ONG de défense des droits humains, telles qu’Amnesty International et Human Rights Watch, dénoncent une atteinte grave à la liberté d’expression et d’information. Pour les Mozambicains, déjà confrontés à une répression policière sévère, cette mesure isole davantage la population, rendant difficile la communication et l’accès à l’information.
Venancio Mondlane, l’opposant traqué, mais déterminé
Venancio Mondlane, figure emblématique de l’opposition, refuse de se laisser intimider. Bien qu’il soit contraint de se cacher pour échapper aux arrestations, il continue d’encourager ses partisans à manifester. Dans un message publié la veille de la grande marche, il déclare que « tous les groupes de manifestants, dans les quartiers, devraient être avec moi au centre-ville ». Arrivé en deuxième position lors de l’élection avec 20 % des voix selon les résultats officiels, Mondlane dénonce un processus électoral « gravement entaché d’irrégularités » et revendique la victoire.
L’Association du Barreau du Mozambique soutient l’opposant, affirmant que « toutes les conditions sont réunies pour un bain de sang ». Près de 2 700 manifestants auraient été arrêtés, souvent de manière illégale, d’après Carlos Martins, président de l’association. L’inquiétude grandiose, et l’annulation du contrôle devient une option réclamée par de nombreuses voix au sein de la société civile.
Une crise enregistrée de près par la communauté internationale
Face à l’escalade des violences, plusieurs pays, dont le Royaume-Uni, le Canada et les États-Unis, appellent les parties à manifester au calme et au respect de l’État de droit. L’ONU s’est également exprimée par l’intermédiaire de Volker Türk, Haut-Commissaire aux droits de l’Homme, exhortant les autorités mozambicaines à gérer les manifestations de manière pacifique et en conformité avec les normes internationales en matière de droits humains.
En Afrique australe, la situation inquiète particulièrement l’Afrique du Sud, qui a fermé un de ses postes-frontières avec le Mozambique par crainte des débordements. La crise politique qui frappe Maputo semble inexorablement conduire à un climat de défiance généralisée, et chaque jour qui passe renforce l’impression d’un pays en voie de rupture.