L’Afrique est un terrain favorable pour la synodalité, a estimé Mgr Andrew Nkea, archevêque de Bamenda, au Cameroun. Celui qui a été reconduit parmi les 17 membres du Conseil ordinaire du synode des évêques affirme que grâce à l’engagement des laïcs et à l’expérience des CEB, qui sont «une garantie pour l’avenir», la synodalité est déjà une réalité en Afrique, et s’enrichira avec les apports du synode qui vient de se clôturer. Le prélat revient aussi sur la situation des inondations dans son pays.
Stanislas Kambashi, SJ – Cité du Vatican
Au terme du Synode sur la synodalité, clôturée avec la messe célébrée dimanche 26 octobre 2024 par le Pape François dans la basilique Saint Pierre, l’archevêque de Bamenda, au Cameroun, Mgr Andrew Nkea Fuanya, a exprimé un sentiment d’action de grâce et de gratitude. « Merci à Dieu, merci au Saint Père ». Après ce processus de trois ans et ce mois intense des travaux, le président de la Conférence épiscopale du Cameroun confie avoir vécu une expérience enrichissante, de fraternité et de catholicité, qui a permis un travail d’ensemble entre évêques, prêtres et religieuses, religieux. et laïcs du monde entier.
L’Afrique, un terrain favorable pour la synodalité
Pour Mgr Nkea, la synodalité «n’est pas quelque chose qui est tombée du ciel», car les églises africaines la pratiquent déjà à travers des structures existantes, dont les Communautés ecclésiales de base (CEB), les missions et les stations, les conseils paroissiaux et différents comités paroissiaux. Ce sont les laïcs qui les dirigent et ils travaillent en étroite collaboration avec les prêtres et évêques. Les CEB permettent une plus grande proximité entre les fidèles, créant ainsi une vie communautaire où «tout le monde connaît tout le monde». C’est un espace où l’on peut partager les joies et les douleurs marquant la vie des personnes. L’archevêque de Bamenda donne en exemple son diocèse, où cette organisation est en marche. Ainsi, « on peut dire que la terre africaine est fertile pour la synodalité car on pratiquait déjà la synodalité, sans l’appeler synodalité. Maintenant que le Saint Père l’a codifié, ça va continuer à bien fonctionner en Afrique», a-t-il souligné.
Ce mardi 22 octobre, lors de la conférence de presse quotidienne sur les travaux du Synode des évêques, le rôle des jeunes et des femmes était au cœur des débats, mais aussi, …
Les CEB et l’engagement des laïcs, « une garantie pour l’avenir » des églises en Afrique
Tandis que dans d’autres continents «les églises se vident», on constate qu’en Afrique les églises sont encore pleines. La question qui se pose alors est celle de savoir comment conserver cette foi fervente des fidèles. Pour Mgr Nkea, l’expérience des CEB est comme «une garantie pour l’avenir». Dans ces communautés, affirme-t-il, les chrétiens ne sont pas «anonymes», ils se connaissent mutuellement, ils se sentent en famille. C’est ce qui fait la différence avec la dynamique chrétienne dans d’autres continents, où «les fidèles existant comme s’ils n’existaient pas».
Le prélat camerounais a également souligné le rôle des catéchistes qui, selon lui, «sont des points focaux de chaque communauté». Grâce à leur engagement et ministère, les communautés locales sont en communion avec les paroisses et le diocèse. Ce sont ces laïcs, hommes et femmes engagés, qui assurent l’animation de certaines missions où les prêtres n’arrivent que rarement, à cause de l’immensité des territoires paroissiaux à parcourir. Ils préparent les fidèles et les ministres ordonnés ne viennent parfois que pour célébrer les sacrements. Avec ceci, l’Église peut espérer continuer à avancer. Comme le dit un proverbe, « si tu veux aller vite, il faut aller seul. Si tu veux aller loin, il faut marcher avec les autres», a déclaré Mgr Nkea.
Mgr Nkea en conversation avec le Pape lors de la première session du synode sur la synodalité
Appel à développer les régions du Nord-Cameroun, durement frappées par des inondations
L’archevêque de Bamenda s’est également exprimé sur son pays, dont la partie nord est durement frappée par les inondations, provoquant une situation humanitaire désastreuse. «La situation…est très grave, à Yagoua surtout…avec les déplacements combien nombreux», a indiqué le prélat. L’évêque, Mgr Barthelemy Yaouda, ainsi que tout le diocèse de Yagoua, s’organisent pour venir en aide aux sinistrés, avec la nourriture notamment. Le président de l’épiscopat camerounais a fait référence à sa lettre du jeudi 26 septembre dernier qui recommandait l’organisation d’une collecte, le 6 octobre, dans toutes les paroisses et écoles catholiques, pour renforcer la Caritas diocésaine dans les opérations d’ assistances aux sinistrés et toutes les personnes mises en difficultés par cette situation. Des nombreux chrétiens et de personnes de bonne volonté ont fait des dons, at-il reconnu. Mgr Nkea appelle aussi le gouvernement camerounais à prendre ses responsabilités, pas seulement en venant en aide à ces personnes victimes des inondations, mais surtout en développant cette partie du nord du pays «presque abandonnée». La construction des infrastructures durables peut aider à prévenir et à mieux prendre en charge de telles situations, a-t-il souligné.
Depuis plusieurs semaines, l’Extrême-Nord du Cameroun est frappé par des pluies diluviennes sans précédent, provocantes des inondations, avec comme conséquence de grands dégâts…