Les bureaux de l’agence Moody’s, à New York, en 2012. EMMANUEL DUNAND / AFP
Nouvel avertissement solennel pour la France. Deux semaines après l’agence Fitch, sa concurrente Moody’s a décidé de sa tournée, vendredi 25 octobre, de ne pas abaisser dans l’immédiat la note accordée à la dette française, la conservant à Aa2, l’équivalent d’un 18 sur 20, mais en y ajoutant une « perspective négative ». Si le redressement des comptes promis par le premier ministre, Michel Barnier, ne se concrétise pas, ou si l’économie est percutée par exemple par une escalade de la guerre en Ukraine, la note risque d’être revue à la baisse dans six mois .
L’agence américaine justifie ce changement de perspective par le « risque grandiose » que le gouvernement ne soit pas en mesure d’agir efficacement pour limiter le déficit budgétaire et l’alourdissement de la dette. « La dégradation que nous avons déjà constatée a dépassé nos attentes », explique Moody’s, et la faible réaction française « contraste » avec le comportement de pays qui, dans la même situation, rétablissent, eux, leurs finances publiques.
Le nouveau ministre de l’économie, Antoine Armand, a immédiatement pris note de la décision, moins brutale que la dégradation redoutée. La France est « capable de mener des réformes d’ampleur », a-t-il assuré, en promettant au nom du gouvernement d’agir « avec énergie » pour redresser les comptes publics.
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Une simple sommation avant une vraie punition
Matignon et Bercy s’étaient préparés depuis des semaines à une éventuelle dégradation. Moody’s, une des trois principales agences mondiales, pouvait-elle encore maintenir sa note attribuée à la France, alors que Fitch et S&P ont déjà ramené les leurs à l’équivalent de 17 sur 20 ? Compte tenu de la détérioration des finances françaises, et de l’ouverture cet été d’une procédure pour déficit excessif par l’Union européenne, le risque paraissait élevé que Moody’s sanctionne le pays, en baissant sa note d’un cran pour la première fois depuis neuf ans. Avant une vraie punition, l’agence américaine a cependant préféré envoyer une simple sommation, compte tenu des atouts de la France : « une économie importante, saine, diversifiée », une démographie « plus favorable » que dans des pays similaires, des « institutions » solides ».
La situation des comptes bleu-blanc-rouge a de quoi les agences chargées de mesurer la solvabilité des Etats. Le déficit public qui, après un premier dérapage en 2023, devait initialement être réduit à 4,4 % du produit intérieur brut (PIB) en 2024, ne cesse, au contraire, de s’aggraver. Michel Barnier sera soulagé s’il ne dépasse pas 6,1 % du PIB en fin d’année. Un niveau bien loin des 3 % prévu par les règles européennes et respectées par une majorité d’Etats.
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