À l’hôpital général de Nyiragongo, situé à Goma, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), les patients atteints du Mpox affluent en nombre croissant. Ce centre médical est devenu le principal établissement dédié à la lutte contre cette épidémie dans la région. Chaque jour, entre cinq et vingt nouveaux patients contaminés attendaient d’être identifiés dans les tentes du centre d’isolement. Les enfants, souvent terrifiés par l’environnement peu familier et les soignants vêtus de combinaisons et masques, se présentent en pleurs, accompagnés de leurs parents.
Le docteur Trésor Basubi examine l’un d’eux, une petite fille couverte de lésions cutanées, signes typiques du Mpox. Après examen, le docteur Basubi rassure : « C’est encore au début, l’enfant n’est pas asthénique, ne présente pas de signe de gravité, elle marche d’elle-même. » Pour les cas légers, qui sont majoritaires, le traitement vise principalement à soulager les symptômes. Le paracétamol pour la fièvre et l’oxyde de zinc pour les éruptions cutanées sont couramment utilisés. « Les malades ressentent des démangeaisons, mais avec le temps, les cicatrices disparaissent », affirme le professionnel de santé.
Le taux de mortalité est estimé à 3,6 %
L’épidémie actuelle de Mpox est particulièrement inquiétante en raison de la contagiosité et de la gravité accumulée du virus, avec un taux de mortalité estimé à 3,6 %. Depuis le début de l’année, environ 16.000 cas et 548 décès ont été recensés en RDC, ce qui fait de ce pays de 100 millions d’habitants l’épicentre de la crise. Face à cette situation, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a avancé son plus haut niveau d’alerte internationale mercredi 14 août.
La province du Sud-Kivu enregistre environ 350 nouveaux cas par semaine, d’après le docteur Justin Bengehya, épidémiologiste à la Division provinciale de la santé. À Goma, capitale de la province du Nord-Kivu, la menace d’une propagation massive est particulièrement redoutée en raison des camps de déplacés, où la promiscuité favorise la transmission du virus. Dans ces camps de fortune, les personnes déplacées vivent dans des conditions précaires, ce qui rend difficile l’application des mesures de distanciation sociale.
Des risques élevés de contamination
Malgré l’inquiétude ambiante, les habitants tentent de garder leur calme. Dans le centre d’isolement, des parents comme Deogracias Mahombi Sekabanza sont des témoins des risques élevés de contamination. « Mon fils a été hospitalisé ici pour le Mpox, et c’est ma fille qui le gardait. Après leur sortie, le dimanche, les mêmes signes sont apparus vers le mercredi chez ma fille », raconte-t-il.
Dans une autre tente, Furaha Makambo explique comment ses trois enfants, Ornella, Rachelle et Baraka, ont été contaminés dans le camp de déplacés où ils résident. « Mes enfants dorment ensemble sur un même lit et se retrouvent tous contaminés en même temps, et je n’avais pas un autre lit pour les séparer », déclare-t-elle. Originaire du territoire de Masisi, ravagé par les violences armées, Furaha Makambo s’est réfugiée à Goma après la mort de son mari. Désespérée, elle lance un cri d’alarme : « Nous avons peur, il faut que cette maladie soit éradiquée et n’atteigne plus les déplacés car elle peut nous exterminer ».
Le docteur Basubi a mis en garde contre la forte contagiosité du virus : « La maladie est très contagieuse. Si l’on touche les sueurs, les urines ou même les habitudes d’un malade et qu’on n’est pas protégé, on est directement atteint ». Bien que des gestes barrières, comme le lavage des mains avec du savon ou de la cendre, puissent aider à prévenir la contamination, le médecin admet que ce n’est pas toujours « garanti ».
Les habitants implorent des vaccins
Nyota Mukobelwa, une vendeuse de beignets déplacée par le conflit, vit dans une autre tente avec trois enfants issus de familles différentes. Malgré la situation difficile, elle garde son calme et son humour. Elle laisse échapper un éclat de rire gêné face à la caméra venue la filmer dans cette posture inconfortable, puis sérieuse, soutient que « Le vaccin doit être disponible car sinon, l’épidémie va se propager davantage, beaucoup de personnes vont mourir et nous allons contaminer les enfants qui sont à la maison. »
Les autorités sanitaires, avec le soutien de l’OMS et des ONG, exhortent les fabricants de vaccins à augmenter massivement leur production pour enrayer la propagation de cette maladie qui continue de semer la panique en RDC.