Tribunal
Le procès des surfacturations présumées dans le cadre d’un projet de mille fourrages d’eau en République Démocratique du Congo (RDC) a repris, hier lundi 18 novembre, devant la Cour de cassation à Kinshasa. Ce dossier, qui porte sur des allégations de détournement de deniers publics, concerne deux personnalités clés : François Rubota, ancien ministre du Développement rural, et Mike Kasenga, un homme d’affaires à la tête de la société Stever Construct Cameroun Sarl.
Des dizaines de millions de dollars volatilisés ?
À l’origine de cette affaire, un projet ambitieux destiné à fournir de l’eau potable à des milliers de Congolais vivant en milieu rural. Cependant, les autorités judiciaires accusent les responsables impliqués d’avoir surfacturé les travaux, entraînant un gaspillage massif de fonds publics. Le montant exact des sommes en question n’a pas été divulgué, mais des sources proches du dossier évoquent des dizaines de millions de dollars.
L’ex-ministre des Finances Nicolas Kazadi, initialement cité dans l’enquête, a été mis hors de cause par le parquet. Selon les procureurs, aucune preuve ne le lie directement aux irrégularités constatées dans le financement du projet. L’attention se concentre donc désormais sur François Rubota et Mike Kasenga, dont les témoignages sont attendus avec intérêt. Les audiences ont attiré un large public, notamment des militants de la société civile et des journalistes.
Un test dans la lutte contre la corruption
Certains groupes de défense des droits des citoyens estiment que ce procès représente un test de grandeur nature pour les efforts du gouvernement visant à renforcer la transparence et la lutte contre la corruption dans le pays. François Rubota, qui a plaidé son innocence, a déclaré lors de l’audience : « Je suis victime d’une cabale politique. Tout ce que j’ai fait dans ce projet a été conforme aux lois de la République ».
Son co-accusé, Mike Kasenga, a également nié toute malversation, affirmant que les surfacturations alléguées résultant de contraintes logistiques imprévues et non d’intentions frauduleuses. Les procureurs ont cependant présenté des documents détaillés des contrats jugés excessifs et des paiements effectués sans justification. Selon eux, ces preuves démontrent une intention claire de détourner les fonds publics répartis au projet.
Renforcer les mécanismes de vérification et d’évaluation
Le procès soulève également des questions sur la gouvernance et le contrôle des grands projets en RDC. Des experts en développement rural présents à l’audience ont souligné l’importance de renforcer les mécanismes de vérification et d’évaluation pour éviter des abus similaires à l’avenir. Le Président Félix Tshisekedi, qui a fait de la lutte contre la corruption l’une des priorités de son mandat, suit de près l’évolution de cette affaire.
Certains observateurs y voient une opportunité pour le chef de l’État de démontrer son engagement envers la redevabilité et la transparence, à l’approche des élections générales prévues en décembre 2024. La prochaine audience est prévue pour jeudi 21 novembre. Le tribunal devrait alors entendre des témoins clés, notamment des fonctionnaires ayant travaillé sur le projet et des experts financiers.