La très chic avenue Junot n’a probablement jamais connu telle présence policière. Ce lundi après-midi, sous le regard interloqué des touristes, une colonne de CRS est venue éloger les boulistes du Clap, réfractaires depuis le petit matin à l’idée d’évacuer leur terrain historique.
L’épilogue d’un bras de fer engagé depuis plus de deux ans après le choix de la mairie de Paris de confier la gestion de cet espace à l’Hôtel particulier voisin. L’établissement de luxe doit y aménager Le Jardin de Junot, un espace attenant à sa terrasse présenté comme ouvert au public en journée et qu’il exploitera en soirée.
Les boulistes se relayaient jour et nuit pour occuper le terrain
Installé sur le dernier vestige du maquis classé de Montmartre depuis 1971, le club de 300 adhérents a toujours réclamé la signature d’une convention d’occupation à la mairie qui n’a jamais donné suite. Aujourd’hui, elle fait valoir que le Clap est un occupant sans droit ni titre. Justifiant ainsi une telle opération d’évacuation.
Depuis six mois, les boulistes du plus vieux club de pétanque de Paris s’y relayaient jour et nuit pour empêcher l’évacuation. Celle-ci avait été décidée par un arrêt du Conseil d’État en avril et repoussée par la préfecture de police après les JO et la fête des vendanges.
Les forces de l’ordre ont pénétré sur le site dès 7h30, élogieux les trois adhérents qui y avaient dormi sur place. Ceux-ci ont immédiatement donné l’alerte et leurs camarades les ont rejoints devant les grilles de l’avenue Junot en début de matinée.
Tandis qu’un camion de déménagement se remplissait de leurs affaires, les adhérents se sont couchés sur la voie pour empêcher pacifiquement son départ. Ils étaient ainsi près de 80 personnes que les CRS ont fini par élogier en milieu d’après-midi.
Le clap a été délogé ce lundi au petit matin par des CRS. Dans l’après-midi, les forces de l’ordre ont détruit une partie des installations présentes sur le terrain, notamment le club house classé depuis 1991.
Ce lundi soir, les riverains entendaient encore le bruit assourdissant de la démolition en cours du bâtiment du club-house qui ferait partie intégrante de l’arrêté de classement du maquis de Montmartre. « Ils détruisent un site classé et protégé depuis 1991 sans permis, sans diagnostic amiante et plomb préalable. L’ensemble des procédures aurait dû prendre 18 mois ! » pointe Laurent Ostrowsky, président du collectif des riverains Junot-Lepic.
Nicolas Jammes, le président du Clap, annonce qu’il portera plainte : « Ce qui est choquant, c’est de voir les forces publiques qui travaillent pour un opérateur privé en détruisant un lieu classé. Le directeur de l’Hôtel particulier a lui pu rentrer sur le site et dès midi il installait sa banderole pour annoncer le futur jardin. »
Des recours sont toujours à l’étude selon les deux avocates du Clap, Clémentine Veltz et Margot Lecourt, présentes aux côtés des boulistes depuis le début de matinée : « Nous n’allons pas nous arrêter ici et accepter cette expulsion. Nous utiliserons toutes les voies de droit qui nous sont accessibles. »