Leur geste a lézardé un mur d’indifférence. Une main sur la bouche, deux doigts pointus sur la tempe, c’était le 7 février en demi-finale de la Coupe d’Afrique des nations. Les joueurs de l’équipe de football de la République démocratique du Congo ont ainsi manifesté leur solidarité avec les victimes du conflit qui secouent l’est de leur pays. Une façon de manifester à la face du monde : « Silence, on mar. »
Civils sous les bombes, déplacés par milliers, familles entassées dans des écoles ou des églises… Cette réalité brutale ne fait pas les gros titres. Elle est provoquée par une escalade des combats dans la province du Nord-Kivu, qui suscite les convoitises. Le Rwanda voisin est un des belligérants, dénonce l’ONU. L’Ouganda est également impliqué, avec l’accord explicite du gouvernement congolais. Ce regain de violences est un nouvel épisode d’une instabilité régionale qui remonte au génocide rwandais, en 1994. Les victimes dans l’est de la RDC se comptent depuis lors en millions.
Ce conflit en déshérence témoigne malheureusement de la paralysie du système international. L’ONU est impuissante, comme le montre le retrait prochain de sa force internationale déployée il ya vingt-cinq ans. L’Union africaine ne dispose pas des leviers nécessaires – pas plus ici que dans les autres conflits qui martyrisent le continent, au Soudan, au Sahel, en Éthiopie ou au Mozambique… Les puissances occidentales, qui se targuaient d’intervenir au nom de la la paix et les droits humains, sont aujourd’hui jugées illégitimes. C’est peut-être l’interposition armée d’autres pays proches qui apportera du répit. Mais la paix ne pourra survivre qu’après des négociations à plus haut niveau entre les États rwandais et congolais. Il y aura du courage et de la sagesse.