Le livre de 219 pages publié sous la direction d’Emmanuel Locha Mateso et Jean-Marie Ngaki chez L’harmattan, dans la collection Comptes rendus, est préfacé par le professeur Nestor Mpeye Nyango, président du Conseil d’Administration des Instituts supérieurs techniques, artistiques et technologiques (CA-ISTAT). Il s’agit d’un hommage que des scientifiques et hommes de lettres rendent, à travers leurs études et témoignages, au professeur émérite des universités, André Yoka Lye Mudaba, ancien Directeur général de l’Institut national des arts (INA). Le président du Conseil économique et social (CES), Jean-Pierre Kiwakana, a porté sur les fonts baptismaux cet ouvrage. C’était à la faveur d’une cérémonie organisée le samedi 23 mars 2024 dans la salle paroissiale Notre-Dame de Fatima, située dans la commune de la Gombe.
En fait, « Combats pour la culture, combats pour la vie » est composé de deux grandes parties, à savoir « études » (première partie) et « Témoignages » (deuxième partie).
Études
La partie, « études », sont des textes d’hommage parlant du combat victorieux de Yoka pour l’inscription de la Rumba congolaise sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité à l’UNESCO. Alors Directeur général de l’INA, l’actuel ambassadeur de la RDC en Tunisie, Désireux- Salomon Muendanga, affirme sans ambages : « ces dernières années, sous l’impulsion du professeur Yoka, homme de culture, émérite directeur général de l’ INA entre 2011 et 2022, un véritable coup de pouce a été donné à la recherche sur la musique congolaise moderne ».
Pour le professeur Muendanga, parlez de l’apport des instruments de musique traditionnelle à la Rumba congolaise comme il le fait est dans la droite ligne du combat de Yoka pour la reconnaissance de la créativité des professionnels congolais de la musique. Pour sa part, le professeur Malwengo note ce qui suit, dans une étude intéressante qui pose la question de l’origine de la Rumba congolaise et son impact dans le microcosme politique congolais : « la Rumba est une musique urbaine et non une musique quelconque ou danse traditionnelle comme le clament certaines anecdotes malencontreusement reprises comme vérité scientifique sur certaines tribunes ».
Le même Malwengo épingle, par ailleurs, l’interprétation de la Rumba congolaise par l’orchestre de chambre de l’INA : « Les apprenants de l’INA ne travaillent pas uniquement sur les œuvres de grands compositeurs classiques comme le croient certaines personnes mal. informées. L’INA a mis sur pieds depuis déjà quelques années en grande partie, sous la houlette du professeur Yoka, des travaux de recherche et de fin de cycle sur les artistes congolais, de Wendo Kolossoy à Kester Emeneya, de Grand Kalle à Papa Wemba, de Lucie Eyenga à Mpongo Love ». De son côté, le professeur Jean-Marie Ngaki évoque le combat pour la reconnaissance de la Rumba congolaise à l’Unesco au sujet duquel « il faut savoir qu’on peut aussi retirer la Rumba congolaise de la liste du patrimoine culturel immatériel de l’ L’humanité sur la RDC et le Congo-Brazzaville ne respecte pas les engagements pris vis-à-vis de l’UNESCO. Or, c’est un peu vers ça qu’on se dirige.
C’est pour cela qu’il est souhaitable que la Commission mixte République démocratique du Congo-République du Congo pour la promotion de la Rumba dirigée par le professeur Yoka, il est souhaitable que cette Commission soit institutionnalisée et qu’elle puisse continuer son travail avec le soutien des gouvernements de nos deux pays et des institutions spécialisées ».
Témoignages
Dans la deuxième partie du livre, à savoir, « Témoignages » d’une qualité exceptionnelle, il y a ce bel hommage du professeur Eddy Tambwe à « l’intellectuel Yoka » ; celui de Freddy Jacquet, l’ancien Délégué général Wallonie-Bruxelles en RDC au « chantre de l’esprit kinois » ; ou encore celui surprenant du professeur Joël Ipara à « l’anthropologue Yoka » ; les professeurs Charles Yana, Antoine Otsudi et Roland Mumbala rendent hommage à eux, au « manager » avec lequel ils ont travaillé et qui leur a « insufflé le souci de l’excellence, de l’éthique et de l’évidence dans les tâches ingrates du quotidienne ».
Dans cet ouvrage en hommage au professeur Yoka figurent aussi des témoignages affectifs qui, en même temps qu’ils apportent une note rafraichissante, donnent un éclairage particulier et particulièrement intéressant sur l’homme Yoka. Il ya notamment les propositions touchantes de l’écrivain congolais Ali Richard qui explique comment Yoka est devenu son « père littéraire ». Il ya aussi le témoignage le plus émouvant, selon le présentateur du livre, celui de l’épouse du professeur Yoka, Mme Ely Amuli Dada Yoka qui a entrebâillé la porte de leur intimité et écrit : « je ne pourrai pas écrire comme lui, le professeur, l’écrivain, mais je voulais vraiment dire quelques mots ». Le titre de son témoignage, « la dame de cœur de la commune de Saint Jean (elle) pour le Kinois jazzeur de Kinshasa (lui) » est tout un programme.
Bienvenu Ipan