Dîner, exécution de ses chansons, … Tous les moyens ont été bons pour rendre hommage au chanteur congolais sociétaire de l’orchestre OK Jazz, Simaro Lutumba qui a fêté le 19 mars dernier son 80è anniversaire dont 60 ans dans le monde musical.
Hôtel « Kin Plaza » de Kinshasa, le 25 mars. Un lieu et une date que Lutumba Simaro est loin d’oublier si vite. C’est ici, dans le cadre de l’émission télévisée « Face B Aimons-nous vivants » du journaliste Paulin Mukendi, qu’un hommage lui a été rendu à l’occasion de son 80ème anniversaire.
L’initiative apparaît paradoxale dans une RDC où, à l’instar de bien de pays africains, la valeur d’un artiste est souvent ignorée de son vivant pour n’être magnifiée que le jour de sa mort. Pour Paulin Mukendi, il faut mettre fin à cette sorte d’ordre établi. Une célébrité a droit aux honneurs quand elle est encore vivante. Des musiciens appartenant à la jeune génération ont exécuté des chansons contenues dans le répertoire de Lutumba Simaro question de revisiter l’œuvre de celui qu’on appelle « poète » au sens propre comme au sens figuré.
Une œuvre qui commence en 1958, quand il intègre l’orchestre Micra Jazz. Ici, il retrouve ses compatriotes comme Tuka, De Piano et Menga. Un passage à vide, car il ne compose pas de chanson. C’est plutôt en 1959, au sein de l’orchestre Congo Jazz de Gérard Madiata, qu’il compose « Simarocca », sa première œuvre aux éditions Esengo avant d’en produire deux autres à savoir « Muana etike » (l’enfant ) et «Lisolo ya ndaku» (causerie dans la maison).
Trois titres à succès qui lui permettent de se frayer en 1961 une place dans le groupe OK Jazz où il trouve des sommités comme Franco, à la guitare solo, Isaac Musekiwa et Albino à la section cuivre. Et c’est dans l’OK Jazz que Lutumba a construit toute sa carrière en tant que chanteur et guitariste pendant près de 60 ans.
Un parcours durant lequel il aura travaillé à enrichir le patrimoine musical mondial à travers des chansons universellement reconnues comme chefs-d’œuvre telles que « Faute ya commerçant » (la faute au commerçant), « Testament » ou « Mabelé » (la terre) . Des chansons qui, au-delà de leur lyrisme et de leur musicalité poétique sont de véritables essais philosophiques ou sociologiques, donc des outils pour comprendre la vie dans toute sa complexité.
Et l’Humanité ne saurait être indifférente à cette œuvre fort immense. Un monument de Lutumba devrait être aménagé sous peu dans la commune de Lingwala où il vit en ce moment avec sa femme Hélène Kelani, apprend-on.