La société civile de la partie est de la RDC a salué l’approche de dialogue du processus de Luanda, relancée depuis le 30 juillet dernier sous la médiation du président João Lourenço pour la paix dans la partie orientale du pays. Elle regrette cependant le plan de neutralisation des FDLR, approuvé par Kinshasa lors des réunions des experts congolais et rwandais en matière de renseignement les 7 et 8 août 2024, en Angola.
Dans leur déclaration conjointe, les sociétés civiles de l’Ituri, du Nord et du Sud-Kivu estiment que le gouvernement congolais s’est fait piéger sur la question des FDLR, qui, selon elles, constituent un alibi et un fonds de commerce pour le Rwanda afin de justifier son agression en RDC.
« Tout en saluant et en encourageant l’approche du dialogue sous l’initiative du président angolais, nous notons avec regret que notre gouvernement s’est laissé piéger en acceptant le plan de neutralisation des FDLR. La question des FDLR est un alibi malencontreux du gouvernement rwandais, qui en a fait son fonds de commerce pour justifier son agression accompagnée du pillage systématique des ressources naturelles et minières de notre pays », lit-on dans cette déclaration.
Elles craignent que cette opération de neutralisation des FDLR puisse dégénérer et faire des victimes, comme par le passé, où elle avait occasionné des pertes en vies humaines et plusieurs cas de violations.
« Dans toutes nos provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, nous avons été témoins de plusieurs opérations de traque menées contre les FDLR, tant par nos Forces armées que par des opérations conjointes entre les armées du Rwanda et de la RDC, et ce sont les Congolais qui ont été victimes de ces traques, avec plus de 70 000 femmes violées et de nombreuses pertes de vies humaines parmi les civils », se souviennent-elles.
Par ailleurs, la société civile de l’est de la RDC, qui fustige la violation du cessez-le-feu en Ituri par les groupes armés locaux et le manque de suivi qui en découle, invite le Président de la République à prendre toutes les mesures possibles pour revoir les stratégies diplomatiques face à un Rwanda qu’elles qualifient de spécialiste en victimisation. Elles appellent le gouvernement congolais à clarifier l’état actuel des relations diplomatiques entre la RDC et l’Ouganda, étant donné que ce dernière mène des opérations de mutualisation avec les FARDC en Ituri et au Nord-Kivu, tout en apportant un soutien au M23. -RDF/AFC.
Malgré ce cessez-le-feu obtenu à l’issue de la deuxième ministérielle entre l’Angola, la RDC et le Rwanda, et à l’expiration de la trêve humanitaire initiée et prolongée par le gouvernement américain, Kigali, à réunion à travers le M23, continue de mener ses offensives sur le sol congolais. Pas plus tard que mercredi dernier, des sources locales avaient alerté sur l’entrée du M23-RDF/AFC dans la cité de Nyakakoma, au nord d’Ishasha, sur les bords du lac Édouard.
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Samyr LUKOMBO