Dans le nord de RDC, la ville de Kisangani, chef-lieu de la province de la Tshopo, connaît depuis des années des problèmes d’électricité. Le barrage électrique Tshopo 1 tourne au ralenti. La population se débrouille pour avoir des solutions, les panneaux électriques sont notamment utilisés par les ménages pour avoir de l’électricité. Les soudeurs et certaines structures sanitaires, comme les morgues, n’hésitent pas à déployer des moyens importants pour fonctionner.
Au centre-ville de Kisangani, au RDC, sous un soleil de plomb, les bruits assourdissants du générateur nous accueillent dans l’atelier de soudure de Michel Ngando. Disqueuse en main, ce vieil homme, la soixantaine révolue, nous explique pourquoi il ne fait plus totale confiance en la Snel, la société nationale d’électricité. « Nous avons un grave problème de courant, déplore-t-il. La ville de Kisangani semble avoir une plus grande charge que l’énergie fournie. Nous utilisons quatre à cinq fois par jour ce générateur. Par semaine, nous pouvons acheter entre 40 et 50 litres de mazout. »
Les soudeurs ne sont pas les seuls à chercher des solutions pour pallier les soucis d’approvisionnement en énergie électrique dans la ville de Kisangani. Dans la commune Kabondo, l’hôpital Rekapi n’est pas du reste. Joseph Lomenga, gérant du frigo mortuaire, nous fait visiter les installations qui fonctionnent partiellement avec les panneaux solaires et un générateur.
« Nous débrouillons avec ce système solaire et de générateur pour avoir l’énergie 24 heures sur 24, explique-t-il. La morgue exige la permanence de l’énergie, contrairement à d’autres structures. C’est vraiment la grande difficulté que nous avons ici, parce que c’est vraiment un coût, ça demande beaucoup d’essence, pas moins de deux fus par semaine. C’est la raison pour laquelle nous n’arrivons pas à rabattre le prix. »
Kisangani est alimenté par le barrage Tshopo. Une seule turbine fonctionne sur les trois disponibles. Certains quartiers, comme Sayon, dans la commune Makison, ne reçoivent parfois du courant que la nuit, de 23 heures jusqu’au matin. Rebecca Muhegi, femme au foyer, nous accueille dans sa cuisine, une marmite bouillonnée sur le foyer alimentée par le charbon de bois. « Nous utilisons le charbon de bois parce que le courant électrique n’est pas stable, décrit-elle. Si le courant était stable, nous aurions utilisé le réchaud. Cette instabilité ne nous permet pas de conserver même les aliments dans le réfrigérateur. »
La réhabilitation complète de la centrale de la Tshopo 1 est promise par la Snel, la société nationale d’électricité, tout comme la construction d’une nouvelle centrale Tshopo 2. Une délégation des experts de l’entreprise allemande Fichtner, envoyée par l’ Agence française de développement, effectue une étude de faisabilité de ces travaux. Les résultats sont très attendus. En attendant, la majorité de la population de Kisangani, troisième ville de la RDC, continue à s’alimenter en énergie électrique avec des solutions alternatives.
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