C’est sans doute l’une des principales routes nationales du pays, la RN4. Elle interconnecte les provinces de la Tshopo, de l’Ituri, du Nord-Kivu, du Bas-Uele et du Haut-Uele et permet d’ouvrir l’est et le nord-est du pays à l’Afrique de l’Est. notamment via l’Ouganda jusqu’à l’océan Indien. Mais seulement, depuis plusieurs années, la RN4 est en faillite. Faute d’entretien, la RN4 est indescriptible, méconnaissable. Toutes les semaines, ce sont des centaines de camions qui sont dénombrés sur cette voie, certains en panne, embourbés, renversés ; d’autres encore se débrouillent presque dans la forêt pour se effilocher de chemin afin d’espérer avancer.
Peut-on parler de l’indifférence ou de l’insouciance du gouvernement vis-à-vis de cet état de chose ? En dépit des multiples crises d’alarme de la population ou encore des commerçants qui continuent de payer des impôts, les attentes se prolongent encore, et aucun indice ne montre que les travaux sont imminents sur cette route longue de 850 Km.
Selon le gouvernement, une étude de faisabilité avait été faite pour reconstruire la RN4, dans son tronçon Kisangani-Komanda-Beni et les clauses contractuelles ont été signées avec l’entreprise China communications construction company (CCCC).
« Le coût du projet après études a été évalué à USD 1.453.000.000 pour un linéaire global de 850 km équivalent à 1×2 bandes de 3,5 mètres et 2×2 ou 2×3 lors des traversées des grandes agglomérations, en ce comprenant les ouvrages d’arts. et autres équipements », a indiqué le ministre des Infrastructures et travaux publics qui a été convoqué cette semaine à l’Assemblée nationale pour répondre à cette problématique.
Mais qu’est-ce qui bloque ? D’après le ministre, il se pose un problème de mobilisation de fonds. « La raison essentielle est le retard dans la mobilisation de financement par l’entreprise CCCC, telle que prévue par le contrat », at-il confié. Mais pourquoi et commenter ?
« Initialement, il a été convenu que 85% du financement seront apportés par CCCC via EximBank of China et les 15% seront couverts par la contrepartie congolaise. A l’heure actuelle, la partie chinoise a vu à la baisse sa participation à 50%. Ce qui nous oblige à renégocier le contrat », a souligné le ministre Gisaro.
Indices et conséquences de l’état de la RN4
La situation est insupportable. C’est le chaos au sein de la société car il est à ce stade difficile notamment d’évacuer des produits d’une province à une autre. A Kisangani, la famine est à la porte car par exemple, le haricot de l’Ituri arrive difficilement ou presque pas à Kisangani.
« Le prix du haricot est revue à la hausse à Kisangani. Actuellement les dépôts sont vides, nous ne savons pas comment nous approvisionner. Parmi les causes, la dégradation très avancée de la route nationale N°4. Les stocks sont bloqués à 198 km sur la route Ituri, difficile pour nous de nous approvisionner ces jours-ci. Plusieurs véhicules se sont embourbés, les camionneurs ne savent pas arriver ici à Kisangani », témoigne Patience Meondja, vendeuse de haricot à Kisangani.
Elle ajoute : « Nous vendons 1 kg de haricot rouge à 4000 FC au lieu de 2000 FC. Le prix du haricot vert est passé de 4 000 à 9 000 FC. Un sac de haricot coûte actuellement entre 800 000 et 900 000 FC au lieu de 300 000 ou 400 000 FC comme par le passé ».
Les produits manufacturés de l’Afrique de l’Est, de l’Asie transitant par Beni ne peuvent pas facilement atteindre Kisangani. Ce que le député Crispin Mbindule démontre d’ailleurs :
« Avant nous faisions deux jours de Butembo à Kisangani. Mais depuis trois ans, nous il faut un mois sur cet axe », dit-il rappelant au ministre des ITP sa mission de construire, d’entretenir et de développer des ouvrages.
Il faut tout de même préciser que la cérémonie de lancement des travaux de construction de cette route a été effectuée avec pompe à Kisangani. Et cela a suscité l’espoir au sein de la population. Mais depuis, rien n’est fait. Félix Tshisekedi qui a séjourné récemment à Kisangani a réitéré sa promesse de reconstruire cette route.
« Le président de la république, lors de son séjour à Kisangani nous a rassurés que le gouvernement central va financer la réhabilitation de la route Kisangani-Ituri mais jusqu’à maintenant nous ne voyons rien. Que le gouvernement central face vite pour financer les travaux de réhabilitation de cette route d’intérêt national car nous souffrons beaucoup », a lancé une marchande qui a carrément arrêté d’exercer son activité car difficile de s’approvisionner en Ituri.
Patrick Maki