Les acteurs judiciaires de la province du Sud-Kivu, notamment ceux de la Cour d’appel, la Cour militaire, le tribunal de grande instance, l’auditorat militaire ainsi que les tribunaux de paix, ont constitué d’une formation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) sur les bonnes pratiques et les notions essentielles pour désengorger la prison centrale de Bukavu.
Cette formation est née du constat que les conditions de vie des détenus sont marquées par une surpopulation et des conditions de vie précaires.
« L’objectif de ce séminaire était de partager les bonnes pratiques et les connaissances afin de garantir le respect et la mise en œuvre des garanties judiciaires des personnes privées de liberté », a déclaré Marie Bonheur Bohonda, chef d’équipe de protection du CICR au Sud-Kivu.
Construite pour 500 personnes, la prison centrale de Bukavu abrite actuellement plus de 1000 personnes détenues. Les participants ont recommandé des inspections régulières de cette prison, en précisant que de telles inspections peuvent permettre de détecter les cas de détention légale ou irrégulière.
Nelly Seya, magistrate au parquet et représentante du premier président de la Cour d’appel du Sud-Kivu, a rappelé que cette prison avait été construite avant l’indépendance, alors que la démographie et le taux de délinquance étaient bien moindres. Elle déplore que les conditions de détention actuelles, marquées par la promiscuité, ne permettent pas d’atteindre les objectifs de rééducation propres à la servitude pénale.
” Le désengorgement permettra aux détenus de vivre dans la dignité, car ils sont privés de liberté et non d’autres droits. La promiscuité actuelle ne permet pas le respect de cette dignité, favorisant la propagation des maladies. Moins ils sont nombreux, plus ils sont faciles à suivre”, a expliqué Nelly Seya.
Elle a également proposé des actions, notamment la construction d’une prison proportionnellement à la démographie actuelle et la réduction des arrestations ainsi que des peines privatives de liberté. Elle a insisté sur le recours aux mesures alternatives à la détention préventive.
Les participants ont reçu des connaissances sur les normes du droit international des droits de l’homme et du droit humanitaire relatif à la détention, ainsi que sur les pratiques pour promouvoir et protéger les droits des détenus, y compris les mineurs.
Justin Mwamba