Tout a changé avec cette rencontre. Enfin. L’alchimie avait été immédiate, la greffe parfaite, faisant définitivement basculer dans le passé des milliers d’offensives avortées. Mpox allait pouvoir passer à la vitesse supérieure et réussir son fameux « saut d’espèce », ce moment décisif de la vie d’un virus où celui-ci s’installe chez un hôte d’une autre nature. En l’occurrence Julien, 28 ans, patron et proxénète du bar de nuit Le Sembékété, au fin fond des montagnes congolaises. Une nouvelle ère s’ouvrait.
Découvert en 1958 au sein d’une colonie de macaques d’un laboratoire danois – ce qui lui vaut alors le surnom trompeur de « variole du singe » –, Mpox a longtemps végété dans l’ombre d’une lointaine cousine, la variole, dont une campagne de vaccination mondiale avait signé la fin de carrière en 1980. Croître et se multiplier : son objectif n’avait jamais dérogé à celui de toute forme de vie sur terre.
1970, première entrée remarquée chez les humains. Mpox s’y sent bien mais squatte tout juste. Au Nigeria cependant, un de ses variants, clade 2b, s’acclimate si bien qu’il déclenche une pandémie en 2022. Un coup d’éclat rapidement endigué, mais dans lequel le virus semble avoir puisé des forces nouvelles : l’année suivante, il essaime de façon virulente en RDC jusqu’à exploser le compteur, en 2024, avec près de 22 000 cas suspects et 716 décès dénombrés mi-septembre. La disparition progressive de l’immunité collective contre la variole n’explique pas tout. Les scientifiques font les yeux ronds. Quelque chose a changé.
D’abord, Julien ne s’est douté de rien. Il a continué à vaquer à ses activités quotidiennes : vérification des comptes, des stocks d’alcool et puis aussi des trois petites nouvelles, recrutées en tant que serveuses mais venues surtout grossir le contingent des filles du Sembékété. La fièvre l’a saisi sans crier gare, intense, mauvaise. Rien ne lui fait battre retraite, pas même les antipaludiques que lui donne sa mère d’abord inquiète, puis franchement terrorisée devant le corps de son fils recouvert de pustules. Le guérisseur est convoqué, la sorcellerie de concurrents jaloux évoquée…
Mais les cataplasmes de sève de manioc et de canne à sucre n’y font rien. Julien souffre le martyre. Le dimanche 1er octobre 2023, le directeur de l’hôpital général de Kamituga est appelé en urgence. « Je n’avais jamais rien vu de tel, sa peau était envahie de vésicules purulentes, se souvient le Dr Léandre Mutimbwa. J’étais désemparé, incapable de poser le diagnostic. Finalement, un médecin militaire nous a mis sur la voie de la variole du singe : il avait vu des cas similaires dans la province de l’Équateur, au nord-ouest du pays. »
La suite après cette publicité
Sur le téléphone du Dr Léandre Mutimbwa, la photo de Julien, le patient zéro du clade 1b du Mpox.
© Pascal Maitre
Une maladie d’origine animale
C’est là-bas, au cœur des ténèbres, que tout a commencé. Dans la forêt sombre irriguée par le fleuve Congo. Mpox s’y épanouit depuis quelques dizaines de millions d’années à l’insu de son hôte originel, sans doute un petit rongeur arboricole : rat de Gambie, funisciure rayé ou héliosciure à pattes rousses, son identité exacte est encore inconnue.
De temps à autre, celui-ci attise l’appétit d’un prédateur, singe ou crocodile, des gibiers prisés sur les étals locaux. Leur chair est infectée et l’humain qui la mange ou la touche le devient à son tour. « Comme la peste, le sida, le Covid ou Ebola, Mpox est une zoonose, une maladie infectieuse qui se développe chez les animaux et qui, à un moment, s’adapte à l’homme, explique Benjamin Roche, directeur de recherche à l’Institut de recherche pour le développement (IRD) dont l’étude porte sur les liens entre environnement et maladies émergentes. Les virus circulent au sein d’espèces animales.
Mais les activités humaines, comme la déforestation ou l’agriculture intensive, impactent les biotopes, modifient la biodiversité et donc leurs réseaux de transmission. Cela accroît leur circulation, mais aussi l’exposition de la population humaine, désormais au contact d’animaux qui étaient auparavant retranchés dans la forêt. »
La déforestation, massive dans la forêt du bassin du Congo, est l’une des raisons de l’explosion des zoonoses, ces maladies infectieuses d’origine animale.
© Pascal Maitre
Celle du bassin du Congo, la deuxième plus grande du monde après l’Amazonie, fait l’objet d’un déboisement à grande échelle. Sous la forme d’un variant que les experts ont baptisé « clade 1a », Mpox y fait régulièrement des victimes. Des enfants le plus souvent. À leur contact, la mère est contaminée à son tour. Les malades les plus vulnérables, malnutris et déshydratés, succombent au bout d’un mois. Mais tout volontaire qu’il soit, Clade 1a a toujours échoué à dépasser le cadre de l’épidémie familiale.
Sur les boutons de Japhet, 7 mois, du violet de gentiane, un antiseptique. Sa mère, Christevi, 19 ans, le veille depuis deux semaines à l’hôpital de Kavumu. Sud-Kivu, le 28 août 2024.
© Pascal Maitre
« Le virus s’adapte sans cesse à son environnement par le biais des mutations, poursuit Benjamin Roche. Mais celles-ci, aléatoires, ne fonctionnent pas à tous les coups. Il y a des impasses : des espèces qui l’attrapent sans le transmettre, l’homme pour la rage, par exemple. Des coups dans l’eau quand, comme Ebola, il tue avant d’avoir eu le temps de proliférer suffisamment. Mais il lui arrive de trouver une espèce dite “compétente”, grâce à laquelle il va pouvoir se propager. À ce moment-là, un processus évolutif se met en place pour parfaire l’adaptation. » Et cela, Clade 1b, nouveau variant et petit dernier de la lignée Mpox, y travaille activement.
Pour s’en convaincre, il suffit de jeter un œil, dans les prélèvements, à l’enzyme Apobec3 : elle n’est jamais du genre à faire tapisserie, mais là, c’est carrément la danse de Saint-Guy ! « L’augmentation de l’activité d’Apobec3 est le signe d’une transmission interhumaine accrue, détaille le virologue Ahidjo Ayouba, directeur de recherche de l’unité transVIHMI de l’IRD. On ignore encore beaucoup de choses au sujet du clade 1b. Mais on sait qu’il est plus transmissible – avec un net tropisme pour l’appareil uro-génital – et plus létal que le clade 1a.
En est-il une évolution ou vient-il directement d’un réservoir animal ? Son origine reste encore inconnue. » Début septembre, Julien a séjourné deux semaines dans la province forestière de la Tshopo, territoire touché par une déforestation massive. « Sans doute pour recruter des filles, suggère le Dr Léandre. Mais il a aussi visité un zoo… Et peut-être mangé de la viande de brousse infectée. »
Vendus sur les marchés, les singes font partie de cette « viande de brousse » qui véhicule les virus et, une fois consommée, le transmet aux humains.
© Pascal Maitre
Clade 1b a déniché l’hôte idéal, il lui faut désormais trouver un environnement à la hauteur. Assise sur un puits d’or au pied du mont Kibukila, aimantant aventuriers et trafiquants en tous genres, Kamituga, l’une des plus grandes villes minières du pays, est l’éprouvette parfaite. L’exode rural et l’appât du gain ont transformé ce coin de jungle montagneuse en un vortex halluciné où escadrons de moto, camions défoncés et piétons affairés s’égaillent comme des toupies folles dans des rues bordées de tripots déglingués.
À l’aube, des creuseurs en bottes de caoutchouc croisent de jeunes adolescents en pagne. Ceux qui décident de rester connaissent le dicton, « Kamituga sio Congo », Kamituga n’est pas le Congo : ici le droit congolais ne s’applique plus, les règles, et surtout les taxes, sont faites maison. Dans les restaurants, au moment de l’addition, les patronnes posent la balance sur la table pour ceux qui règlent en or. La nuit, la ville se transforme en boîte de nuit géante, où s’enivrent, à coups de bières locales et d’eau-de-vie de maïs, voyageurs de passage, mineurs fourbus et humanitaires las, jeunes prostituées pleines d’espoir et marchands de chimères.
Les filles du Karibu Ku, l’une des nombreuses boîtes de nuit de Kamituga, le 30 août. Autour du cou, leur fiche d’identification.
© Pascal Maitre
Kamituga ne dort jamais mais rêve beaucoup, de fortune, de nouveaux départs. Les églises y sont aussi nombreuses que les bordels, il suffit de traverser la rue pour passer du vice à la vertu. Quel meilleur creuset pour prospérer ? « En enquêtant, on s’est rendu compte qu’au contact de Julien trois filles et deux DJ de sa discothèque étaient tombés malades, raconte le Dr Léandre. Personne n’avait osé venir à l’hôpital. » Julien aussi s’est fait discret : il a fui la ville, craignant les représailles de ceux qu’il avait contaminés. Clade 1b, lui, a tranquillement pris ses quartiers.
Beaucoup pleurent de douleur. Une fois les croûtes tombées, d’importantes plaies génitales restent
Emmanuel Hasivirwe Vakaniaki, chercheur de l’Institut national de recherche biomédiale (INRB) de Kinshasa
« Quand je suis arrivé à Kamituga, en janvier 2024, je me suis demandé ce que je pouvais bien encore apprendre sur le Mpox », raconte, mi-sérieux, mi-blagueur l’épidémiologiste Emmanuel Hasivirwe Vakaniaki. Dépêché sur le terrain pour prendre la mesure de cette nouvelle et étrange épidémie, ce chercheur de l’Institut national de recherche biomédiale (INRB) de Kinshasa a longtemps travaillé sur le clade 1a. « Le premier patient que je vois n’a quasiment aucune lésion, se remémore-t-il. Puis je lui demande d’ôter tous ses habits, et je n’en reviens pas : ses parties génitales sont couvertes de pustules ! Idem pour les cas suivants. Beaucoup pleurent de douleur. Une fois les croûtes tombées, d’importantes plaies génitales restent, qui mettent longtemps à cicatriser. »
C’est l’une des particularités, la botte secrète, de Clade 1b : une transmission privilégiée par contact sexuel. Isolés dans des tentes réservées, les patients du Mpox ont ici entre 15 et 30 ans, la plupart des femmes sont des prostituées. Une malade au crâne grainé de cicatrices allaite son nourrisson. Une autre, infectée pendant sa grossesse, a accouché d’un bébé malade. Près de 90 % des femmes enceintes et touchées ont fait une fausse couche durant le premier trimestre de la grossesse.
L’heure de la lessive pour les patientes de l’hôpital de Kamituga, travailleuses du sexe pour la plupart. Les soignants sont soumis à des règles de protection et de désinfection drastiques.
© Pascal Maitre
Dans cet hôpital, les familles au chevet de leurs proches prennent le risque d’être contaminées.
© Pascal Maitre
La guérison est spontanée mais les risques de surinfections, ophtalmologiques ou respiratoires, sont réels. Aujourd’hui, Julien est borgne. Un homme, victime d’une gangrène de Fournier aux testicules, a dû être opéré. « On ne connaît pas encore les séquelles à long terme, confie le Dr Emmanuel Hasivirwe Vakaniaki. Ni l’impact que la maladie a sur le fonctionnement des organes sexuels. » Sensibilisés par des médiateurs, les patients viennent se faire soigner plus rapidement qu’avant. « Beaucoup recouraient aux guérisseurs ou à l’Église, raconte le psychologue Bernard Bugémé. Les salles de prières évangéliques se transformaient en clusters… jusqu’à ce que les pasteurs tombent malades eux aussi ! Aujourd’hui, nous gérons surtout des problèmes de couple, entre monsieur, contaminé, et madame qui ne l’est pas… »
Il était venu chercher fortune, il a failli trou- ver la mort. Cet homme a attrapé la maladie dans l’une des mines d’or qui font la réputa- tion de Kamituga. C’est dans ces campements rudimentaires, où hommes et femmes vivent d’expédients, que s’est aguerri le clade 1b. Près de 3000 lésions ont été dénombrées sur le corps de ce creuseur de 46 ans. Dans la zone réservée au Mpox de l’hôpital de Kamituga.
© Pascal Maitre
Des mines dangereuses
Malgré le travail de prévention, le virus se propage plus vite que l’information. Eugène, 28 ans, le visage grêlé de cicatrices, n’avait jamais entendu parler du Mpox : « Alors quand j’ai vu tous ces boutons, j’ai pris peur. Et puis mes collègues me regardaient d’un sale œil ! » À présent guéri, le jeune homme a retrouvé sa place de creuseur à G15, l’une des douze mines d’or qui encerclent Kamituga. Autrefois propriété d’une société minière belge, désormais exploitée par des « managers » africains, ce qui était jadis un campement organisé s’est transformé en un chapelet précaire de tentes en lambeaux et de baraques en bois s’étirant à pic, toujours plus haut, le long d’une entaille montagneuse.
Environ un millier de personnes, femmes, hommes et enfants, vivent au jour le jour dans
des conditions insalubres. Ici, la mine d’or G15, l’une des plus productives du moment. Sud-Kivu.
© Pascal Maitre
Originaires du Sud-Kivu et du Nord-Kivu, parfois des pays voisins, ils s’installent à Kamituga durant trois ou six mois, avant d’aller retrouver leur famille… et de propager le virus toujours plus loin.
© Pascal Maitre
Sur le chemin qui y mène, un groupe d’hommes en colère portent à bout de bras le corps de l’un des leurs, un drap crasseux en guise de linceul. La veille, un éboulement a une fois de plus semé la mort dans ce bagne à ciel ouvert où un millier de misérables survivent dans la boue et l’espoir, sous les rugissements furieux des concasseuses. Eugène s’y est installé il y a six mois. « C’est dangereux, les puits s’effondrent, mais je n’ai pas le choix », raconte-t-il. Une vie fruste s’organise de part et d’autre du torrent brunâtre qui sert de source, de dépotoir et de bain révélateur, où des femmes sans âge lavent du gravier à longueur de journée dans l’attente d’y voir briller leur chance. Maculés de poussière, les hommes ressortent de terre le regard vide pour aller siffler des bouteilles de bière sous un ciel lourd. De robustes mammas font cantine, de jeunes beautés lancent des œillades effrontées. Pour expliquer comment il a pu contracter la maladie, Eugène murmure, soudain gêné : « Je suis célibataire, vous voyez… »
« La majorité de nos patients viennent des mines. L’industrie du sexe qui y prospère est une bénédiction pour le clade 1b », explique le Dr Emmanuel Hasivirwe Vakaniaki. Avec ses collègues de l’INRB sont chargés d’enquêter sur le virus pour mieux cerner son fonctionnement. Pour cela, il faut acheminer les prélèvements jusqu’au laboratoire de Kinshasa avec une étape à Goma.
À flanc de montagne, bordés par des ravines tissées de jungle, les 180 kilomètres qui séparent Kamituga de Bukavu, la ville la plus proche, n’ont de route que le nom. Piégés par des ornières aussi profondes que des tombes, les camions y tombent comme des quilles, s’enlisant lentement dans la boue. Un panneau de limitation à 40 km/h nargue les chauffeurs aveuglés par des rideaux de poussière, des villageois tentent de gagner trois pièces en érigeant des péages faits de cordes dérisoires ou de tasseaux garnis de clous. Pour affronter ce périple infernal, le Dr Papi Ntakobajira de l’INRB s’est armé… d’un thermomètre : « Les échantillons doivent être maintenus à – 20 °C. Avant de partir, nous les avons congelés à – 40 °C. Je vérifiais la température régulièrement : après dix heures de voiture et trois heures de bateau, ils sont arrivés à Goma à – 22 °C. »
Originaires du Sud-Kivu et du Nord-Kivu, parfois des pays voisins, ils s’installent à Kamituga durant trois ou six mois, avant d’aller retrouver leur famille… et de propager le virus toujours plus loin.
© Pascal Maitre
Cette difficulté d’accès est une aubaine pour Clade 1b. Il a pu multiplier ses chances d’adaptation en essaimant dans un espace clos pendant les mois pluvieux, de septembre à avril. Au retour de la saison sèche, la piste redevient à peu près praticable, les voyages reprennent. Clade 1b peut passer à l’étape suivante : la conquête du monde ! Premier cas déclaré début mai à Bukavu, à la frontière avec le Rwanda et proche du Burundi, « un creuseur venu de Kamituga », précise le médecin du coin. Un mois plus tard, Clade 1b débarque à Goma, dans le Nord-Kivu ; il est repéré le 3 juin dans l’un des camps de déplacés qui encerclent la ville. Plus de 600 000 personnes ayant fui les combats et les exactions des milices et de l’armée congolaise s’y entassent dans des baraquements délabrés. Promiscuité, conditions sanitaires inexistantes… Un vrai paradis viral.
Un plan de 5 millions a été annoncé pour lutter contre le Mpox
Aux avant-postes de l’épidémie à Goma, dans le centre de prise en charge du camp de Munigi, les médecins de l’ONG britannique Medair * admettent entre sept et dix cas par jour. L’immense majorité provient des camps, 70 % d’entre eux sont des enfants de moins de 10 ans. Un plan de 5 millions a été annoncé pour lutter contre le Mpox dans la région. « Plus de la moitié a été allouée à l’achat de 4 x 4 et une partie du reste sert à payer les frais de bouche et d’hébergement des délégations présidentielles en déplacement, précise, amer, un observateur désabusé par le niveau de corruption et l’attentisme des forces en présence. Aidé par la malnutrition, les difficultés d’accès à l’eau, l’absence de soins et la fragilité immunitaire d’une grande part de la population, Clade 1b a bon espoir de prospérer en Afrique : quatorze pays sont déjà touchés. En Europe, où le premier cas a été identifié le 15 août en Suède, sa progression sera plus difficile, moins létale. Les épidémiologistes restent prudents : les possibilités de mutation des virus sont infinies.
À Buchagara, comme dans les cinq autres camps de déplacés de Goma, la promiscuité et les conditions sanitaires favorisent la prolifération du virus. Le 4 septembre.
© Pascal Maitre
Quelle qu’en soit l’issue, la pandémie ou la dilution, le parcours de Clade 1b est emblématique d’une donne inédite à laquelle l’humanité va devoir s’habituer. « Depuis les années 1980, nous sommes entrés dans une nouvelle ère, celle des maladies émergentes, dont 75 % sont des zoonoses, explique Benjamin Roche. Elles provoquent des flambées de petites épidémies qui, avec la connectivité moderne, peuvent vite se transformer en pandémie, comme on l’a vu avec le Covid. Avant le XXe siècle, on en comptait une par siècle. Ces cent dernières années, six sont advenues. Le temps des “big killers”, ces grandes maladies, comme la tuberculose ou le paludisme, qui faisaient beaucoup de dégâts, est en passe d’être révolu. Cinq zoonoses émergent chaque année, de virus qui, jadis, ne touchaient pas l’homme. » Le 4 septembre, une étude menée par un collectif de virologues et publiée dans la prestigieuse revue « Nature » annonçait avoir identifié, dans des élevages chinois, 126 virus dans des animaux à fourrures comme le vison, le renard ou le lapin. Dont 39 présentant « un risque élevé de transmission interespèce, notamment chez l’homme ».
À Kamituga, Julien a rouvert une boîte de nuit, le Mercato. L’hôpital a entrepris des travaux pour agrandir la zone réservée aux malades du Mpox. Les États-Unis, l’Europe, la Chine et le Japon ont annoncé financer l’achat de vaccins antivarioliques pour la RDC. « Pas sûr qu’on en voie la couleur, soupire un médecin de Goma. De toute façon, ici, les gens vont de fléau en de fléau : les massacres, l’insécurité chronique, Ebola, le Covid, le choléra. Alors le Mpox… » Plus loin, sur la ligne de l’équateur, dans la boîte de pandore congolaise, les bûcherons continuent de décapiter la canopée. Aux risques et périls de l’humanité.
* www.medair.org