Dans une note au ministre des infrastructures et travaux publics (ITP) ce mardi 12 novembre, l’Office des voiries et drainages (OVD) a réagi aux conclusions du rapport publié par le Centre de recherches en finances publiques et développement local (CREFDL) vendredi dernier, qui accusait le gouvernement entre autres, d’avoir financé des routes inexistantes à Kinshasa dans le cadre des projets « Tshilejelu » et « Kinshasa zéro trou ».
Victor Tumba Tshikela, directeur de l’OVD indique que les avenues « Lunionzo et Tshilombo », citées dans le rapport comme inexistantes et ayant conservé d’un financement de 3 millions USD entre 2021 et 2023 figurent bel et bien dans le contrat du Consortium ABC. et sont situés dans le quartier Malandi (commune de Matete).
Par ailleurs, l’OVD a qualifié le rapport du CREFDL de « truffé de contrevérités et de chiffres erronés », dénonçant l’absence de preuves concrètes à l’appui des accusations de détournement de fonds.
« Les montants prétendument détournés et annoncés dans ce rapport tantôt de 171 millions, tantôt 70 millions, tantôt 3 millions USD sont avancés sans apporter ni les détails, ni les preuves, ni les liens avec les programmes ou projets mis en place par l’ OVD durant la période allant de 2021 à 2023 », écrit le directeur de l’OVD.
Ce service a également réfuté l’idée que ses travaux s’effectuent sans études préalables, affirmant que tous les projets sont préalables d’études approfondies consultables auprès de la Direction Etudes et Projets de l’OVD.
Concernant la qualité des travaux, l’OVD a rappelé que des contrôles rigoureux sont mis en place à chaque étape des projets, notamment à travers la présence de missions de contrôle et la certification par le LNBTP.
Face à la dégradation avancée du réseau routier de Kinshasa, l’OVD a souligné que la ville a 3 660 km de voiries dont 800 km asphaltées et 2860 km en terre. Leur état de délabrement est plus ou moins à 85 % au moment de l’avènement du nouveau Chef d’Etat. L’usure enregistrée est due essentiellement à l’augmentation du trafic de l’ordre de 40 à 50 mille véhicules par jour. Donc les différents programmes mis en place visent l’amélioration de cet état de choix et nécessitent une convergence entre la planification physique et financière.
CREFDL persiste : « à Matete, il existe au total 36 quartiers et non des avenues » et appelle à une mission de contrôle
Lors de la présentation du rapport, Valéry Madianga, coordonnateur national du CREFDL avait indiqué que l’un des objectifs de la mission de contrôle de sa structure est la redevabilité.
Sur son compte X ce mercredi matin en réaction à la note du directeur de l’OVD, le CREFDL persiste : « à Matete, il existe au total 36 quartiers et non des avenues »
Il appelle par ailleurs le ministre des ITP à « lire l’intégralité du rapport et à effectuer ensuite une descente à Matete, Kalamu, Kasavubu et Ngaliema afin de palper la réalité des travaux réalisés entre 2021 et 2023 ».
Un savoir sur le rapport
Concernant le rapport, le CREFDL qui dit avoir analysé plus de 1000 documents relatifs à l’exécution des projets cités indique que les marchés publics de l’ordre de 171 millions de dollars américains ont été réalisés pour moderniser la voirie urbaine de la ville de Kinshasa. entre 2021 et 2023.
Par conséquent 70,5 millions de dollars, soit 40,9% du budget total, auraient déjà été versés aux prestataires.
Par ailleurs, le CREFDL s’est étonné de constater que ces fonds ne sont pas clairement retracés dans les lois de finances des années 2021, 2022 et 2023, ni dans les redditions des comptes correspondants. Seuls les paiements effectués pour la route Elengesa et la route Yolo Médicale-Mombele sont mentionnés dans la reddition des comptes 2022.
Le CREFDL qui dit avoir participé plus de 50 experts du ministère des TTP avait également révélé que la modernisation de l’avenue Kulumba, qui s’appuie sur Limete et Masina, aurait été surfacturée à hauteur de plus de 19 millions USD.
Selon le CREFDL, le ministre des ITP a pris en 2023 un arrêté, référencé n°CAB/MINETAT/ITP/AGM/016/2023 du 28 juin 2023, qui impose cette rétrocession de 2% sur tous les marchés d’infrastructures réalisés par son ministère.
Et pourtant, le gouvernement de la RDC prévoit déjà dans sa loi des finances annuelle une allocation destinée au fonctionnement des cabinets ministériels.
Face à cette situation, le CREFDL avait demandé notamment au parlement, en tant qu’autorité budgétaire, de diligenter une enquête approfondie et d’interpeller le ministre des Infrastructures et Travaux Publics, afin qu’il s’explique sur la gestion de ces 70,5 millions de dollars.
Bruno Nsaka