Dans de nombreux villages du Lualaba, où domine le secteur minier, la plupart des habitants et leurs familles sont souvent en mouvement. À Shabara et dans d’autres villages, les familles convergent de tous horizons vers la recherche d’une meilleure vie. Cependant, l’accès aux services de vaccination demeure difficile pour cette population peu sensibilisée aux dangers des maladies infectieuses, confrontée à des contraintes de temps et de ressources limitées pour se rendre aux centres de santé, qu’ils soient proches ou éloignés. C’est précisément là que le programme élargi de vaccination intervient, menant des campagnes afin de garantir que chaque enfant soit pris en charge.
« Le Lualaba est pratiquement devenu un carrefour où de nombreuses personnes sont attirées pour diverses raisons. Cela entraîne un afflux de populations venant des quatre coins du pays, ce qui nécessite des mesures d’encadrement pour toutes ces populations. Nous considérons qu’une attention particulière doit être portée au Lualaba, car ces mouvements peuvent favoriser l’émergence d’épidémies », explique le Dr Patrick Tshinawej, médecin coordonnateur du programme élargi de vaccination dans la province du Lualaba.
Depuis la signature du protocole d’accord entre la Fondation Bill & Melinda Gates et les autorités provinciales, d’importants progrès ont été réalisés. Les enquêtes menées en 2017 et 2018 ont révélé que seulement 21 % des enfants de la province de Lualaba étaient complètement vaccinés. Cependant, avec la dernière enquête réalisée en 2022, ce chiffre a augmenté à 44,8 %.
Sylvie, vendeuse de nourriture dans la zone minière de Shabara, dans la zone de santé de Fungurume, une ville riche en minéraux tels que le cobalt, le cuivre et l’uranium située à 300 km de la ville de Kolwezi, fait partie des nouveaux habitants de la région. Alors qu’elle rentrait chez elle avec sa fille de 3 ans, Okala, elles ont croisé une équipe du programme élargi de vaccination. Cette équipe administre des vaccins aux enfants autour des zones minières pour les protéger contre des maladies transmissibles généralement mortelles.
Ces mamans avec leurs jeunes enfants font partie des gens approchés par le Programme élargi de vaccination pour assurer que leurs enfants n’ont manqué aucune vaccination.
Crédit : Lopongo Ndjadi/PATH RDC
Consciente de l’importance de la vaccination, Sylvie n’a pas hésité à faire vacciner son enfant. « Il y a trois ans, nous vivions à Kasumaba Luilu dans le Haut-Lomami. Ma fille n’avait jamais été vaccinée, alors nous sommes venus ici pour vendre des produits aux travailleurs des mines. Elle n’est jamais tombée malade mais je craignais toujours pour sa santé. Aujourd’hui je suis contente qu’elle ait reçu son vaccin. »
Des stratégies multiples
Les zones de santé de Fungurume et de Dilala se distinguent comme des bastions d’enfants non vaccinés, étant considérées comme des carrefours en raison de l’attrait pour les minéraux. À l’école d’Okala, la plupart des enfants non vaccinés proviennent de familles confrontées à la pauvreté et aux difficultés. Pour ces familles, l’accès aux services de vaccination de routine demeure une option, mais pas une priorité, surtout compte tenu des déplacements nécessaires et des coûts supplémentaires qui pèsent sur leurs modestes ressources.
Apollinaire, infirmier titulaire au centre de santé Kawama de Lualaba, et son équipe mènent quotidiennement des activités de vaccination afin de attraper tous les enfants dans les zones minières. Chaque jour, plus de 80 enfants sont ainsi touchés par ces initiatives. Apollinaire exprime sa satisfaction face à ces succès quotidiens, même si les défis demeurent considérables.
« Pour atteindre les enfants en déplacement, nous devons conduire des activités de proximité au quotidien, augmenter les financements et améliorer l’accès aux soins de santé primaires dans le quartier même », explique-t-il.
Des équipes mobiles ont également été déployées notamment aux arrêts de Nguba, Tenke et Manika, où des centaines de voyageurs se rassemblent, afin de cibler les enfants non vaccinés ou ayant besoin de rattrapage.
La province du Lualaba attire des habitants de tout le pays.
Crédit : Lopongo Ndjadi/PATH RDC
« Nous venons de mettre en place des stratégies communautaires pour essayer de retrouver ces enfants, notamment par la vaccination en milieu urbain et la vaccination aux carrefours. Cela inclut l’arrêt de Nguba, qui est particulièrement fréquent par 50 à 100 camions en provenance de toute la République. Chaque jour, nous identifions plus de 300 enfants éligibles parmi les voyageurs dans cette zone », assure le Dr Tshinawej.
Des défis logistiques
Depuis la signature du protocole d’accord entre la Fondation Bill & Melinda Gates et les autorités provinciales, d’importants progrès ont été réalisés. Les enquêtes menées en 2017 et 2018 ont révélé que seulement 21 % des enfants de la province de Lualaba étaient complètement vaccinés. Cependant, avec la dernière enquête réalisée en 2022, ce chiffre a augmenté à 44,8 %.
« Nous avons constaté une nette en ce qui concerne la récupération des enfants n’ayant reçu aucune dose et des enfants sous-vaccinés », déclare le Dr Jacques Mukaba, médecin chef de zone de santé de Fungurume. « Les activités de vaccination se déroulent normalement, conformément à la politique du pays, et nous avons le devoir d’atteindre tous les enfants éligibles à la vaccination, où qu’ils soient et à tout moment », ajoute-t-il.
Le Dr Patrick Tshinawej remarque qu’avec l’approche Mashako, visant à rendre les vaccins disponibles jusqu’au dernier kilomètre, la situation logistique s’est également améliorée, mais les défis restent encore considérables. « Les statistiques de l’année précédente, en attendant leur actualisation, indiquent que 1800 enfants ont été retrouvés dans les zones minières. Cependant, leur mouvement est incontrôlé, car ils peuvent recevoir la première dose de vaccin dans une carrière minière et se retrouver deux semaines plus tard dans une autre. Le système de santé congolais n’a pas encore développé un système informatique suffisamment avancé pour géolocaliser les parents d’enfants non vaccinés, mais nous y parviendrons tôt ou tard » espère-t-il.
« L’accessibilité géographique pose également problème. Il ya des régions où nous mettons jusqu’à cinq voire dix jours pour y accéder. Parfois, nous devons utiliser à l’aviation. Malgré ces défis, nous continuons à nous battre. »
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