L’espèce Homo sapiens n’est apparue qu’il y a 300 000 ans et a connu d’importants bouleversements environnementaux, alors imaginez ce qu’il a pu en être des dinosaures qui ont vécurent sur la Terre pendant plus de 160 millions d’années . Et, de fait, la planète a profondément changé de visage, ne serait-ce qu’à cause de la dérive des continents, autrement dit la tectonique des plaques. Petit rappel des faits. Pendant le Trias (250 à 200 millions d’années), un seul supercontinent, la Pangée, émergé. Puis au Jurassique (200 à 140 millions d’années), la Laurasie se sépare du Gondwana, ce dernier se scindant au Crétacé (140 à 66 millions d’années) en Amérique du Sud d’une part et Afrique d’autre part.
Une étude d’Ismar De Souza Carvalho, de l’Institut de Géosciences, à Rio de Janeiro, au Brésil, vient préciser ce scénario, en montrant qu’un pont aurait subsisté pendant 20 millions d’années entre les deux nouveaux continents. Avec ses collègues, le paléontologue s’est penché sur des séries de 260 empreintes de dinosaures trouvées à la fois sur le « planalto da Borborema », un haut plateau montagneux du Nordeste brésilien, et dans le bassin de Koum, au nord du Cameroun.
L’analyse montre que leurs formes et le contexte géologique de leur formation (elles ont été laissées dans des sédiments fluvio-lacustres) sont quasi identiques. Aussi appartiendraient-elles à des spécimens de même type (essentiellement des théropodes, et quelques sauropodes) et de même âge. Cependant, elles datent toutes de la même époque, il y a quelque 120 millions d’années, soit bien après le début de la formation de l’océan Atlantique.
Les chercheurs en déduisent qu’un fin corridor a continué de relier l’Amérique du Sud et l’Afrique après que le Gondwana s’est désagrégé. Et que l’environnement de part et d’autre était encore suffisamment similaire pour que les reptiles puissent y vivre indifféremment. Ce serait plus compliqué aujourd’hui, avec les 6 000 kilomètres qui séparent désormais les deux continents.
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