« Ici, l’eau potable est une denrée rare. Nous nous démenons avec les fourrages (un trou étroit et profond pour extraire l’eau), et parfois les fourrages en question tombent en panne, et nous allons un peu plus loin. », explique JR Mauwa, qui souhaiterait bénéficier d’un approvisionnement régulier en eau.
Cette situation met en lumière les défis quotidiens auxquels sont confrontés les habitants de Kinshasa, en RDC. Le manque d’eau courante crée un problème d’hygiène qui a un impact important sur les conditions de vie dans la ville. C’est également une véritable contrainte physique. Le temps consacré à aller de l’eau chercher et à la transporter n’est pas négligeable. Cela prive les Kinois d’une autre ressource essentielle, à savoir le temps. Ce temps ne pourra pas être consacré au travail, aux tâches domestiques ou encore à la formation, ce qui affecte de manière disproportionnée les femmes. En effet, selon l’UNICEF, les femmes et les filles passent chaque année 200 millions d’heures à collecter de l’eau au niveau mondial. Elles perdent ainsi un temps précieux qu’elles pourraient consacrer à l’éducation et au travail, ce qui a une incidence directe sur le développement du capital humain d’un pays.
L’eau potable est une ressource si essentielle qu’elle passe souvent inaperçue quand elle est présente, tant elle est vitale. Cependant, lorsqu’elle fait défaut, chaque action quotidienne devient plus difficile pour ceux qui en sont privés. Pour apaiser sa soif, accomplir les gestes d’hygiène personnelle, cuisiner et maintenir une bonne santé, l’eau est une ressource indispensable. Malheureusement, à l’échelle mondiale, avoir accès à l’eau potable à portée de main reste un privilège et n’est pas une réalité pour tous.
Alors que l’accès à l’eau progresse dans de nombreuses régions du monde, la situation en Afrique subsaharienne se détériore, avec une augmentation du nombre de personnes privées d’accès à l’eau. Parmi les pays touchés par cette réalité, la République démocratique du Congo se distingue tristement en affichant l’un des taux les plus bas en Afrique subsaharienne concernant l’accès à l’eau potable et aux services d’assainissement adéquats. Selon l’UNICEF, seulement 52 % de la population a accès à un point d’eau amélioré et 29 % à des installations sanitaires améliorées. Le paradoxe réside dans l’abondance des ressources en eau dans ce pays : la RDC possède plus de 50% des réserves d’eau du continent africain ; mais malgré cette richesse naturelle, l’eau potable demeure une denrée rare pour la population congolaise, principalement en raison du manque d’infrastructures.
Le projet de développement Multisectoriel et de Résilience Urbaine de Kinshasa, dénommé Kin Elenda, est financé par l’Association internationale de développement (IDA), qui fait partie de la Banque mondiale et aide les pays les plus pauvres du monde. Ce projet de 500 millions de dollars, qui a débuté en 2021, vise à renforcer la gestion urbaine et à améliorer les services urbains de base, tels que l’eau, l’assainissement, la gestion des déchets et l’énergie, grâce à des infrastructures résistances au changement climatique.
Les principaux investissements du projet comprennent la construction du complexe de traitement des eaux de Binza Ozone, la revitalisation de l’actuelle station de traitement des eaux de Ndjili, ainsi que l’amélioration et l’expansion du réseau de stockage et de distribution de l’ozone. ‘eau.
La première phase du complexe de traitement des eaux de Binza Ozone, conçu pour traiter 110 000 m3/j, a été inaugurée le 23 février 2020, pour un coût approximatif de 60 millions de dollars. Depuis son inauguration, il a considérablement amélioré les services pour près d’un million de personnes, y compris des quartiers qui n’avaient pas accès à l’eau depuis plus d’une décennie. Le projet consiste actuellement à étendre le réseau de distribution en aval de l’usine d’ozone. Une fois la construction du complexe de traitement à l’ozone de Binza achevée (achèvement prévu en juin 2026), cette extension permettra de desservir plus de 2 millions de personnes.
Le projet Kin Elenda revêt une importance d’autant plus cruciale dans la métropole de Kinshasa, qui abrite une population dépassant les 14 millions de personnes avec un taux de croissance annuel de 5,1 %, pourrait devenir la ville la plus peuplée d’Afrique d’ici 2030. Cette croissance urbaine rapide engendre deux défis majeurs. D’une part, il s’agit de rendre les villes plus habitables et inclusives en répondant à la forte demande en matière de services sociaux, d’infrastructures, d’éducation, de soins de santé et d’autres services de base, tout en faisant face à l’importante pauvreté urbaine. D’autre part, il est essentiel de rendre les villes plus productives en favorisant une meilleure concentration de l’activité économique. Ainsi, dans cette mégalopole en croissance constante et à l’expansion rapide, les infrastructures d’approvisionnement en eau potable peinent à suivre le rythme. En conséquence, un grand nombre de personnes éprouvent des difficultés à accéder de manière continue à de l’eau potable.
« Je peux maintenant puiser directement l’eau du robinet et la boire alors qu’auparavant il fallait la bouillir. Gédéon, veux-tu bien prendre un verre d’eau ? Cette eau est potable. Nous définissons grâce à Dieu. » dit fièrement un habitant de la ville de Kinshasa en République démocratique du Congo, bénéficiaire du projet de Développement Multisectoriel et de Résilience Urbaine de Kinshasa financé par la Banque mondiale.
L’accès à l’eau potable est bien plus qu’une simple marchandise, c’est une nécessité qui façonne la vie quotidienne de millions de personnes dans le monde. Les témoignages poignants des résidents de Kinshasa mettent en lumière les défis et les souffrances auxquels font face ceux qui n’ont pas accès à cette ressource cruciale. Investir dans de telles infrastructures représente une étape indispensable vers un monde où chacun peut puiser de l’eau directement du robinet et la consommer en toute sécurité. Cet investissement contribue à la santé, à l’éducation, à l’égalité des sexes et au développement durable, méritant ainsi un soutien continu et un engagement à l’échelle mondiale.